Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                        LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE N°9 - 2003

 

 

PHILIPPE VI DE VALOIS (1328-1350)

par Claude Pouzol

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QUELQUES REMARQUES sur le ROI PHILIPPE VI de VALOIS (1328-1350)

FONDATEUR de la BASTIDE de REVEL

En manière d'introduction

 

Sacre de Philippe VI, par Jean Froissart, Grandes Chroniques de France, Paris, Bibliothèque nationale de France


C'est à entendre trop souvent la remarque étonnée des visiteurs de notre cite devant la plaque "Place Philippe VI de Valois" (1) : "Mail qui est donc ce roi ?" que je me suis résolu écrire ces lignes.


Mon projet fut fortifié en découvrant qu'il n'existait aucune biographie de ce souverain. Quelques chapitres lui sont consacrés dans des études générales sur la Guerre de Cent Ans, ou sur ses successeurs, son fils Jean II Le Bon, ou son petit fils Charles V Le Sage. Or deux points intéressent exclusivement ces études : l'histoire de son accession au trône, un Valois succédant aux Capétiens directs qui avaient règne jusque la, ce qui, de nos jours, a perdu beaucoup d'intérêt. Par contre l’histoire des malheureuses guerres contre son rival anglais, Edouard III Plantagenet, avec la défaite de Crécy et le siège de Calais et qui forme les débuts dune guerre Bite de "Cent ans", continue à émouvoir notre sentiment national.


L'érudit historien qui a le plus travaillé sur ce règne, Jules WARD, écrivant nombre d'articles, publiant nombre de documents dans des revues difficiles a trouver, n'a pas publié de synthèse de ses recherches, ni de biographie de ce roi.


Jules MICHELET, dans son "Histoire de France" lui a consacré un chapitre intitulé "L'Angleterre-Philippe VI de Valois, 1328-1349" marquant bien ainsi l'importance qu'il lui reconnait. C'est un exposé brillant, plein d'aperçus fulgurants d'un historien d'une culture supérieure, qui de plus, en tant que Directeur des Archives, connaissait bien les archives de cette époque.


Quant aux Chroniques du Règne, le célèbre FROISSART, longtemps au service de la reine d'Angleterre, Philippa de Hainaut, n’était guère favorable à Philippe VI. D'ailleurs il écrivit après ce règne, ce qui ne fait pas de ses Chroniques pour autant une source négligeable.
Puissent les quelques remarques qui vont suivre, aider a une meilleure connaissance et compréhension d'un roi et d'un règne qui permirent la fondation de notre cité.

 

Caractères généraux de la période

 

Dans cette première moitié du XIVème siècle on n'est pas encore sorti du Moyen-âge.


Faute d’état constitué et de pouvoir politique centralisé, les liens de personne à personne, c'est-à-dire les liens féodaux sont toujours dominants. On pourrait même dire qu'ils existent seuls. On est l'homme (le vassal) d'un autre homme (le suzerain) qui lui même est l'homme ou le vassal d'un autre. La cérémonie de l'hommage est la pièce maîtresse des liens ainsi tissés. Le roi est le suzerain suprême, en théorie du moins.


Cette dépendance des personnes s'accompagne d'une dépendance des biens, c'est-à-dire des seuls biens ayant une valeur à cette époque : les TERRES. Par la cérémonie de l'hommage, en male temps que vous vous liez à une personne, vous recevez un bien, une terre (un fief). C'est le système de la FEODALITE. Il n'existe aucun autre lien que celui-là :
La FEODALITE règle seule les liens entre les personnes et les biens.


D'où un extrême morcellement des pouvoirs, proche de l'anarchie.


En France, prenant la suite des souverains carolingiens, les rois capétiens se sont efforcés de faire respecter un semblant d'ordre et d'organisation politique. Le roi est certes le suzerain suprême, mais it règne surtout dans ce que l'on appelle le domaine royal. En dehors de ce domaine ce sont les grands vassaux, ou grands seigneurs féodaux (appelés aussi barons) qui jouent un rôle prédominant. Et encore dans ce domaine le roi concède à ses enfants cadets des apanages, c'est-à-dire des fiefs qui échappent ainsi au pouvoir direct du souverain. L'Aquitaine est un exemple de ces domaines apanagistes, sur lequel le roi n'exerce qu'un droit de suzeraineté théorique.

 

Il est donc légitime de parler de "Monarchie Féodale" pour cette période.
C'est le noble chevalier (Miles) qui reste le type social dominant. "La chevalerie forme un corps bien délimité et qui s’établit véritablement au centre de l'édifice social. Il s'est approprié la supériorité et l'excellence qui s'attachaient naguère à la notion de noblesse. En lui s'incarnent les valeurs maitresses d'une culture". (2)


Ces chevaliers, pour résoudre les conflits, se combattent entre eux. A l'appel de leur suzerain, ils réunissent leurs propres vassaux et partent en guerre : c'est l'HOST féodal.
A dire vrai, ils ne rêvent que plaies et bosses. Tout leur est prétexte à des guerres.
A l'abri des armures qui couvrent tout leur corps et celui de leurs chevaux, ils font allègrement la guerre. Lorsque l'on est obligé de subir la paix, on joute dans des tournois, qui ne sont pas des exploits sportifs comparables aux nôtres et ne deviendront que très tardivement des mises en scène très maniérées. (3)
L'historiographe FROISSART (1337-1404) ne voit d'autre justification aux livres de Chroniques qu'il vient décrire que la relation des exploits de chevalerie.
"Je veux traiter et exposer le propos de la Prouesse, car c'est si noble vertu et de si grande recommandation qu'on ne doit point passer trop brièvement, car elle est la mère matérielle et la lumière des gentilshommes et comme le bois ne peut brûler sans feu, le gentilhomme ne peut parvenir parfait honneur, ni a la gloire en ce monde sans prouesse".(4)

 

L'histoire, telle qu'on la comprend à cette époque, n'est que le récit de ces hauts faits de chevalerie. Et le roi de France, le roi Philippe VI en particulier, s'efforce d'être le premier de ces chevaliers par la vaillance, le courage, la recherche des prouesses au combat. De même qu'il s'exténue à prouver qu'il est le suzerain suprême de tous les seigneurs féodaux qui dépendent de lui par des liens toujours vivants.


Du fait de l'importance de ces Nobles, l'Histoire de cette période se confond avec l'Histoire de leur famille. L’importance des généalogies familiales. Faute de repères livresques, les gens connaissaient leur parenté et ces liens de parenté avaient une très grande importance.
Caractère des plus fastidieux pour nous d'ailleurs que ces longues généalogies, mais qu'il ne faut pas négliger.


Les sources trahissent cette emprise du Moyen-âge encore triomphant : les documents manuscrits soft encore souvent en latin, en ce latin médiéval des hommes de loi et des clercs, langue sans aisance et peu plaisante. Les textes, en vieux français ont de la couleur, de la verdeur, mais bien loin de nos préoccupations et peu à même d'être lus d'affilée.
Face à ces nobles turbulents, le reste de la société compte peu.


L'église s'efforce de placer quelques barrières, les croisades en particulier. Elles servirent naguère à endiguer cette violence anarchique, mais ne jouent plus aucun rôle au XIVème siècle. La papauté sert parfois de médiateur et impose des trêves dans les guerres féodales, trêves de courte durée et temporaires par définition. Enfermé lui-même dans des liens féodaux, jouant souvent le rôle d'un dur suzerain local, l'évêque est loin d'être le pacificateur rêve.


Quant aux municipalités, aux villes, nous verrons combien il est difficile de les enfermer dans la montée d'une classe, d'un pouvoir, la bourgeoisie face à la féodalité et face à la monarchie. Ce qui semble un schéma bien simpliste, face aux réalités historiques.
On serait tenté de dire que les paysans n'existent que Tors des révoltes ou jacqueries qu'ils fomentent parfois et qui sont réprimées avec hargne et mépris.
Comment la région de REVEL tomba dans le domaine des rois de France


Avant la croisade des Albigeois, au XIIIème siècle, la région est pratiquement indépendante des rois de France. Elle est inféodée au Comte de Toulouse sur lequel le roi aux fleurs de lys possède un droit de suzeraineté des plus théoriques.


Tout change avec la guerre des Albigeois : pour combattre l'hérésie cathare, le légat du pape met Simon de Montfort à la tête des troupes croisées. La croisade &généra vite en une lutte sans pitié entre la noblesse du Nord et le Comte de Toulouse, Raymond VI, soupçonné de favoriser le catharisme dans ses états.


Sur place, alors que les places de Béziers et de Carcassonne sont passées par les armes, Simon de Montfort assiège Lavaur, détruit le château de Montgey, ruine Les Casses et Roqueville et sans doute Berniquaut, prend Saint-Félix et le Vaux. En novembre 1215, par le Concile de Latran, le pape Innocent III dépossède le Comte de Toulouse de tous ses domaines et les attribue à Simon de Montfort.


La mort de ce dernier au siège de Toulouse, en 1218, n'empêcha pas la disparition du Comté de Toulouse : en 1229, le traité de Paris entre le roi de France et le comte de Toulouse, Raymond VII, oblige ce dernier à donner en ménage, sa fille Jeanne, sa seule héritière, à un des frères du roi Alphonse de Poitiers. A défaut d'enfants issus de ce mariage, ce qui fut le cas, le comté devait revenir au roi de France.


Lorsqu'ils meurent à un jour de distance, les 21 et 22 août 1271, sur ordre du roi, le sénéchal de Carcassonne se transporte à Toulouse pour recevoir le serment de fidélité des capitouls et des habitants. Puis il reçoit le serment de la noblesse du pays, dont celui de Bernard de Béranger de Soréze, Bernard Guilhem de Dreuilhe, Jourdain de Saissac, Aimeric de Padies : ainsi le roi Philippe III, fils de Saint-Louis, se met en possession de tous les états de la comtesse Jeanne (4 octobre 1271). La région de la future Revel, devient domaine du roi de France : lors de la fondation de cette cité, en 1342, son blason portera les fleurs de lys.


Sans qu'il y ait eu formulation nette de ce que représentait le domaine royal, on peut dire :
"qu'il était constitué de l'ensemble des terres ou le roi exerçait lui-même les privilèges du baron, seigneur indépendant, et avant tout le privilège de la justice, qui lui permettait intervention courante et lui conférait un pouvoir réel".(5)

 

Dès lors la région fut gérée selon les principes de l'administration royale. Avec la cour du roi (Curia Régis) coiffant tout l'appareil administratif et ses organes de plus en plus spécialisés : Conseil Royal, Cour des Comptes, Parlement pour les affaires de Haute Justice. Vu l'éloignement géographique, le roi utilise localement des délégués, le BAILLI ou SENECHAL, qui sont ses représentants, toujours temporaires, aux pouvoirs surtout militaires. C'est un de ces sénéchaux, le sénéchal de Toulouse, Agot de Baux, qui fut délégué par le roi Philippe VI de Valois, en 1342, pour la fondation de Revel.

 

 

 

 

Le royaume de France en 1328

 

 

Philippe de Valois fat "le roi trouvé"


En 1328, à la mort du dernier capétien direct, Charles IV le bel, ce fut son cousin, Philippe de Valois, qui fût reconnu roi de France, alors qu'Edouard Plantagenet, son neveu et roi d'Angleterre, était écarté.


Cette modification dans l’ordre de succession à la couronne fût le résultat d'un concours de circonstances les unes naturelles, les autres politiques.


Lorsque Philippe IV le Bel, le roi de fer, meurt prématurément à quarante six ans, on pouvait penser l’avenir de la dynastie capétienne assuré par la présence de trois fils : Louis dit le Hutin, Philippe dit Le long, enfin Charles qui avait hérité de la régularité des traits de son père et qu'on surnommait le Bel.
Louis X le Hutin, le successeur de Philippe IV le Bel, meurt le 13 juin 1316, sans héritier mâle. Mais la reine est enceinte et l'on peut penser qu'elle donnera un fils au trône de France. Ce qui fut le cas. Malheureusement, Jean, né post-mortem ne portera le titre de Jean ler que quelques jours.


Le frère de Louis, le très politique et avisé, Philippe lui succédera et s'installera sur le trône de France, en 1317, sous le nom de Philippe V. C'est dans ces circonstances que sera édictée la règle qui prévaudra par la suite : "Femme ne succède pas au royaume de France".


Cela n'allait pas de soi, car jamais les femmes n'avaient été écartées par l'usage dans les successions féodales : elles héritaient des titres et des biens féodaux lorsque les héritiers mâles faisaient défaut en ligne directe. Cette décision des barons du royaume de France, dictée par l'ambition effrénée de Philippe le Long, devait favoriser l'arrivée au trône de Philippe de Valois, lorsque des circonstances analogues se présentèrent.


En effet, après un règne où son esprit de décision et son sens politique firent accomplir de gros progrès à la couronne de France, Philippe V &cède à son tour, en 1322, sans héritier mâle. C'est le pâle et fragile Charles IV le Bel, son frère qui lui succède.


Or, Charles IV, par un dernier coup du destin, meurt prématurément à son tour (1328). Cette série de morts malencontreuses fit naitre la légende des "Rois Maudits". (6)              

                                                                                                      
Les espoirs d'un successeur dans la lignée directe d'Hugues Capet ne sont pas éteints pour autant car la femme de Charles, Jeanne est enceinte.
Néanmoins "furent assemblés les barons et les nobles à traiter du gouvernement du royaume"(7) seule la question de la Régence du royaume fut posée. Les anglais soutenaient que le jeune roi d'Angleterre, Edouard III, devait l'assurer "comme au neveu et plus prochain, qui fils était d'Isabelle, jadis fille du beau Philippe".Les français disant, au contraire que "femme, ni par conséquent son fils, ne pouvait par coutume, succéder au royaume de France".


C'est ainsi, que demeurant discret jusque là, Philippe de Valois, le fils du fastueux Charles de Valois, fut désigné d'abord comme Régent, puis lorsque la reine donna, au bois de Vincennes, le jour à une fille appelée Blanche.


"Philippe, comte de Valois, appelé Régent, fut nommé Roi " (ler avril 1328). (8)


C'est à cette succession de coups du destin et de tractations politiques que Philippe dut son accession au trône. Plus que le désir de favoriser l'accession d’un héritier mâle au trône de France, c'est une sorte de sentiment anti-anglais qui prévalut, amorce de ce qui devint par la suite, avec Jeanne d'Arc, un sentiment national. (9)

 

Néanmoins pour tous ceux qui ne lui étaient pas favorables, Philippe VI fut un "Roi trouvé".


Les conséquences de cette décision ne se firent pas sentir de suite. Edouard d'Angleterre accepta de rendre hommage au roi de France, son suzerain, pour le duché d'Aquitaine (Amiens, 7 juin 1329).


"Je deviens votre homme de la duchée de Guienne et pair de France, selon la forme de paix faite entre vos devanciers et les nôtres, selon ce que nous et nos ancêtres, rois d'Angleterre et ducs de Guienne avons fait pour la même duchée a vos devanciers rois de France". Par contre "sans les mains mettre entre les mains du roy de France, ou prince, ou prélat député de par lui"comme le voulait la tradition. (10)

 

Ce n'est que quelques années plus tard qu'Edouard III remit en avant des prétentions auxquelles ii avait formellement renonce, donnant raison à FROISSART lorsqu'il affirmait "La nature des Anglais est telle qui sera en leur convenance un jour, ils le délieront l'autre et on ne leur sait comment leur bouter en la tête, si ce n'est ce qui est a leur profit". (11)


La longue guerre entre la France et l'Angleterre, dite "Guerre de cent Ans" n'a pas d'autres origines que ces tergiversations du roi d'Angleterre.


Le portrait de Philippe VI de Valois


Peut-on se faire une idée physique de l'homme qui monte ainsi sur le trône des rois de France ?


Il n'y a guère de portraits sur du souverain. II aurait eu un visage ouvert, assez régulier malgré un nez proéminent qu'il transmettra à son fils Jean le Bon et à son petit fils Charles V. Le mince collier de barbe qui orne son menton, sur ce portrait disparaîtra par la suite. Ses traits s’épaissiront et sa chevelure s'allongera.


Au moral, le portrait qu'en fait FROISSART est sévère : "Ce roi Philippe, en son jeune temps, avait été un rustre et poursuivait joutes et tournois et encore aimait-il moult les armes, quoique son état fin moult augmenté ; mais it croyait légèrement fol conseil, et en son haïr il fut cruel et austère". (12)
Et d'ajouter aussitôt : "Et aussi fut la reine sa femme, et périlleuse, la mère du roi Jean qui fut fille au duc de Bourgogne. Quand elle avait accueilli en haine un baron ou un chevalier, quel qu’il fût, s'il était tenu ou trouvé, il en était ordonné et il convenait qu'il fut mort. Trop male et périlleuse fut cette reine de France, la mère du roi Jean et aussi elle mourut de male mort".


Ces deux jugements paraissent bien trop catégoriques pour être tout à fait exacts. Surtout si l'on sait que FROISSART avait pour idéal féminin, la reine d'Angleterre, femme d'Edouard III, Philippa de Hainaut, qui l'avait accueilli auprès d'elle et l'avait soutenu dans sa carrière ecclésiastique et littéraire. FROISSART fut toujours porte à mettre désavantageusement en parallèle, la reine de France vis à vis d'elle. (13)

 

Et il semble qu'il en fut de même pour le roi Philippe VI :
"Li rois fu uns moult vaillans homs et moult usés d'armes, car dans sa jonece il les avat acoustumés."

 

 

 

PHILIPPE VI de VALOIS (1328-1350)

Pour ces adversaires, "le roi trouvé"

 

 

hommage d'Édouard III en 1329, Chroniques de Jean Froissart, Paris, Bibliothèque nationale de France

 

 

 

EDOUARD III ANGLETERRE (1312-1377)

Gisant de l'abbaye de Westminster.

 

 

 

Campagne de 1346-1347

 

 

 

Si ces qualités guerrières et chevaleresques sont reconnues de tous, il semble bien que ce roi ne fut pas un inhabile politique. Un de ses plus récents historien se référant à sa correspondance, se refuse à ne voir en lui qu'un chevalier fastueux et aventureux. (14) Il fait toujours référence à des maximes de politique froide et réfléchie : "Nous qui voulons toujours raison garder" ; il ne cherche pas à s'obstiner dans l'erreur :
"Raisonnable chose est de muer son propos. "Enfin : "En toutes choses il vaut mieux prévenir que être prévenu" et "Toujours est bon de soi mestre en droit vers ses ennemis et eux mettre en tort."


Voilà de sages préceptes qui révèlent un sage politique. Et comment expliquerait-on en effet, qu'il sut surmonter les difficultés dune accession au trône, alors que rien n'était assuré ; qu'il sut déjouer les embûches de l'affaire Robert d'Artois; et se maintenir sur le trône de France malgré l'obstination de son cousin Edouard d'Angleterre ?


Sans doute dans l'esprit de bien des commentateurs, il est celui qui fut largement vaincu par l'Angleterre à diverses reprises. Mais ce n'est que voir un aspect des événements et non pas la complexité d'un règne sur lequel toutes les lumières n'ont pas été faites. Ce serait, si la comparaison peut être faite, ne voir Richelieu qu'au regard des "Trois Mousquetaires" d'Alexandre Dumas.


Au demeurant Philippe VI fit montre à diverses reprises dune piété sincère, ne regimbant pas devant la mortification et il semble avoir possédé des goûts artistiques qu'il transmettra à ses descendants de la lignée valoisienne.


Pour comprendre ce que fut Philippe VI de Valois, on ne peut pas ne pas évoquer la personne ô combien romanesque, mais envahissante de Charles de Valois, son père.


Philippe fait plutôt pâle figure face à Charles, le fondateur de la dynastie des Valois. Petit fils de Saint-Louis, fils cadet de Philippe III le Hardi, it était donc le frère de Philippe IV le Bel, le roi de fer. En apanage, it avait reçu le Valois. Le Maine, l'Anjou, les comtés d'Alençon, Chartres et le Perche tombèrent par la suite dans son domaine. Pair du royaume, ses ambitions étaient à la hauteur de sa belle prestance princière. Il crut pouvoir les réaliser par son mariage avec Marguerite d'Anjou-Sicile, fille de Charles II, roi de Naples. Il fut successivement prétendant au royaume d'Aragon, au Saint Empire Romain Germanique, à l'Empire de Constantinople, au Comté de Romagne. Lié à toutes les familles princières de l'Europe, on a pu dire de lui qu'il fut
"petit fils de roi, fils de roi, frère de roi, oncle de trois rois, père de roi et jamais roi lui-même".


Sentant sa fin proche, it réunit sa prodigieuse parenté et dicta un testament qui, s'il avait été scrupuleusement suivi, aurait ruiné de façon définitive la Maison de Valois.


Il léguera à toute la dynastie des Valois, ses goûts de faste et ses sentiments artistiques. (15) C'est ce père que Philippe de Valois devait s'employer à faire oublier.


On peut penser, la psychanalyse contemporaine nous y aidant, que toutes les actions du règne de Philippe VI ont été conduites dans ce sens, avec plus ou moins de réussite.


Le sacre, la guerre des Flandres et la bataille de Cassel


L'élection faite, Philippe vient a Reims pour se faire consacrer et couronner.


Ce fut une magnifique cérémonie, en la grande église de Notre Dame de Reims. Le roi et la reine furent couronnés par l'archevêque de Reims, Guillaume de Trie, le jour de la Sainte Trinité, le 23 mai 1328. Toute la haute noblesse du royaume était là, entourant et servant le roi. Mais également pour l'honorer Jean, roi de Bohème, fils de l'empereur, Philippe, roi de Navarre, les dues de Brabant, de Hainaut, de Bretagne, de Bourgogne, de Lorraine, de Bourbon et "cant d'autres seigneurs que les recorder serait un grand detris" (Froissart).


Fêtes magnifiques qui montrent l'importance de la couronne de France à cette époque sur tout ce qui comptait en Europe.


Puis Philippe VI se &place à Saint Denis on ii prie devant le corps de Saint Louis et se rend ensuite à notre Dame de Paris. Auparavant il avait, à pied, visité une grande partie des églises de Paris, et les maisons-Dieu. Ces gestes de dévotion étaient bien calculés : Philippe par là, rejoignait la tradition capétienne, qui avait toujours su ménager l'alliance des autorités chrétiennes. (16) Roi "trouvé" sans doute, mais de la dynastie capétienne également.
Ce n'est qu'après ces devoirs religieux rendus que Philippe va s'occuper de l'insurrection flamande. En effet, lors du sacre le comte de Flandre avait fait promettre au roi de France d'intervenir contre ses sujets qui étaient en état de rébellion larvée contre lui. Les insurgés avaient pris pour capitaine un certain Clais de Dennequin (Colas Zennequin) qui s'installa sur le seul relief du pays, le mont Cassel. Pour narguer le roi de France, ils firent tendre une grande toile avec un coq et la devise moqueuse :


"Quand ce coq chanté aura
le roi trouvé ça entrera."


A Cassel, malgré une attaque des plus brouillonnes du côté français, les Flamands furent grandement vaincus (23 août 1328). Cette victoire vint à point nommé pour confirmer le roi Philippe VI sur le trône de France.


Le roi revint à Saint Denis, remercier son saint patron de la glorieuse victoire remportée sur les Flamands, puis tout armé, ii entre en l'église Notre Dame sur son destrier et confie cette armure à Notre Dame ou elle exista jusqu'à l'époque de la Révolution, à l'entrée de la grande nef de la cathédrale de Paris (voir la reproduction - ZELLER, p. 23).


Grandi par ce succès des armes, Philippe VI punit durement les Flamands de leur révolte, puis somme Edouard d'Angleterre de lui rendre l'hommage du duché d'Aquitaine.


Hommage qu'Edouard ne put rendre que contraint et forcé, prouvant par IA même cette maîtrise diplomatique et tactique qui était la sienne, malgré son jeune âge.


L'affaire Robert d'Artois


Cette "affaire" a tenu en haleine toute la société du temps et lorsqu'elle fut jugée, contribua à déconsidérer le pouvoir royal par le parfum de scandale dont it fut éclaboussé.


Robert d'Artois, était un des grands barons du royaume. Ayant épousé la sœur de Philippe de Valois et donc beau-frère du roi, il avait pris une grande part à sa désignation comme Régent, puis comme roi. Une grande amitié liait les deux hommes. On a une preuve de cette affectueuse amitié dans notre région, puisque la petite ville d'Arthez, près d'Albi, bastide créée sous Philippe VI de Valois porte son nom (Arthez-Artois). Il aurait pu jouir, en toute tranquillité de la faveur royale qui n'aurait pas manqué de le porter aux plus hautes charges.


Mais Robert avait une obsession : retrouver le comté d'Artois qui, par suite de malchance, lui avait échappé. L'ancêtre de la famille, Robert, qui était le frère de Saint Louis (Louis IX), avait reçu l'Artois en apanage des mains du roi Louis VIII. Son fils Robert II d'Artois, cousin de Philippe le Bel, fut tué, en 1302, à Courtrai, à la tête de l'armée française. En vertu d'une coutume successorale locale qui admettait les filles à la succession, ce fut la tante de Robert, Mahaut, qui hérita. En effet, au moment de la mort de Robert II, celui qui normalement aurait du succéder, Philippe était décédé, tué en 1298, à la bataille de Furnes. Le fils de Philippe, notre Robert d'Artois fut donc évincé, car lors de la mort de son grand père ne pouvait prétendre à la succession.

 

 

ARCHERS GALLOIS S'ENTRAINANT AU TIR
Avec leurs grands arcs, ils sèment la panique dans la cavalerie française.
British Museum, Londres. Cl, BritishMuseum.

Tombeau de Robert d'Artois (1287-1342)
Saint-Denis.

 

L'armure de Philippe VI a Notre-Dame.
Ce précieux souvenir historique, dont on a quelquefois à tort, fixé la place à Notre-Dame de Chartres,
exista jusqu'à l'époque de la Révolution à l'entrée de la grande nef de la cathédrale de Paris.

 

 


Dès que Philippe VI de Valois devint roi, Robert réclama pour lui le Comté d'Artois. Et pourtant le nouveau roi conscient du rôle joué par Robert dans son accession au trône, l'avait fait nommer Comte de Beaumont et fait ériger le Comté en Pairie. Cela ne calma guère Robert, qui dès l'assemblée d'Amiens, où Edouard III d'Angleterre prêta hommage au roi de France (7 juin 1329), demanda à Philippe de Valois de trancher la question.


L'embarras du roi était grand. D'une part lui-même avait été porté au trône ayant nié le pouvoir des femmes à hériter des titres féodaux et éliminé le fils d'Isabelle, sœur des derniers rois de France. Et Robert ne manquait pas de le lui rappeler.


D'autre part, trois arrêts du Parlement (de 1302, 1309 et 1318) avaient confirmé la dévolution de l'Artois à Mahaut. Le roi pouvait-il aller contre l'autorité de la cause jugée ?
Néanmoins, Philippe VI accepta de lancer la procédure : ce fut un procès retentissant, ce que nous appellerions "le procès du siècle".
Au fil des interminables procédures judiciaires, il devint même un drame qui mit en cause toute la famille royale et bientôt la société toute entière de ce temps.
A bout d'argument, Philippe VI avait réclamé de Robert d'Artois une preuve formelle étayant le bien-fondé de ses prétentions au Comté d'Artois. Il ajoutait :
"le moindre petit bout de preuve".
Faute d'en posséder, Robert d'Artois en fabriqua. Et d'abord, une prétendue confirmation de Philippe le Bel relative au mariage de Philippe d'Artois : celle-ci aurait imposé la succession directe dans la ligne masculine aînée et donc aurait éliminé Mahaut de la succession.


Il ne se contenta pas de fournir cette pièce. Suivirent trois documents : une lettre de Robert II d'Artois à ses vassaux, leur dormant connaissance de ses dispositions en faveur de son fils Philippe ; une renonciation de Mahaut à la Comté ; une lettre de Mahaut reconnaissant la convention de son père en faveur de la ligne masculine.


Tous documents qui furent reconnus être des faux par la suite.


Il produisit aussi nombre de faux témoins qui multiplièrent les fausses dépositions. Lorsque cela ne suffit plus, il chercha à éliminer les personnes gênantes. Ce qui établit une atmosphère de suspicion générale. Tout le monde put se croire l'objet de la hargne de Robert : la comtesse Mahaut mourut dans des conditions suspectes. Sa fille pareillement qui n'était autre que la femme de Philippe le Long, donc ancienne reine de France.


Parmi les témoins fournis par Robert, il y eut la célèbre demoiselle de Divion. Maîtresse de l'évêque d'Arras, agent de la comtesse Mahaut et qui gouvernait l'Artois en son nom.


"Cette demoiselle, dit la Chronique de Flandre, s'entremettait a des choses a venir et jugeait regarder physionomie des gens. A les fois disait voir, a les fois autrement".


Elle finit par avouer, accusée de faux témoignages, internée à la Tour de Nesle, et brûlée vive, Place des Pourceaux. Sa suivante Jeanette de Chaisnes subit le même sort.


Désespérant de se faire entendre, Robert devint fou furieux. Le roi Philippe craignit longtemps d'être "enherbé", ainsi que toute sa famille. It prononça, pour clore les débats, le bannissement de Robert et la confiscation de ses biens.


"La femme de Robert d'Artois, sœur du roi de France, fut soupçonnée et ses fils aussi d'aucuns soults qui avaient été faits et pour cette cause, elle fut mise en prison au chastel de Chinon, en Poitou et ses enfants (les propres neveux du roi) fluent menés a Nemours en Gatinais et la ils furent en prison."(17)


Robert préféra s'enfuir du royaume. Accueilli à bras ouverts par Edouard d'Angleterre, qui ne pouvait que se réjouir du drame, il devait soutenir désormais la cause anglaise et périr dans l'expédition lancée contre la Bretagne en 1341.

 

Ainsi se termina cette pitoyable affaire. Les pièces du procès sont conservées aux Archives de France. Les pages en sont biffées d’un trait de plume, comme entachées de fausseté. Jules MICHELET, en tant que Directeur des Archives, les avait consultées : il a dit d'elles
"Qu’elles sont visiblement fausses".(18)

 

Les guerres de Philippe VI de Valois

 

C'est la partie la plus connue du règne. Tous les manuels la traitent avec plus ou moins de détails. Aussi nous n'en reproduirons que l'essentiel.
La victoire de Cassel, remportée au début du règne de façon très chanceuse, a pesé pour beaucoup dans la suite des événements que Von appelle généralement : « les débuts de la Guerre de Cent Ans ».


D'une part elle a donné à Philippe VI une idée exagérée de l'invincibilité des troupes françaises. Or, cette armée restait tout à fait féodale : elle ne pouvait être convoquée que par l'host féodal, ce qui impliquait la bonne volonté des barons ; et par là même elle n'était que temporaire. La victoire remportée, les nobles rentraient chez eux. De plus elle était prisonnière des idées chevaleresques qui restent dominantes à cette époque : la cavalerie, lourdement montée et caparaçonnée comptait seule ; l'infanterie, les archers ne formaient que piétaille négligeable.


Par contre Edouard d'Angleterre, après Cassel, ne peut que réfléchir à employer des moyens différents s'il veut affronter la première armée d'Europe. II entreprend une révolution radicale : it fortifie dans ses états, le service militaire obligatoire qui lui assure un réservoir de troupes régulier et constant. Puis il organise l'infanterie moderne : il fait choisir dans les comtés les hommes les plus valides et les plus courageux ; interdisant sévèrement les joutes, il forme un corps d'archers redoutables qui utilise un arc en bois d’if, beaucoup plus maniable que la lourde arbalète génoise. Les soldats les plus forts, recrutés parmi les montagnards de la Cornouaille et du Pays de Galles, sont armés d'un grand coutelas qui leur permettait de frapper au défaut de la cuirasse le chevalier désarçonné. Désormais l'infanterie constitue les quatre-cinquièmes de l'effectif total : elle est solidement entraînée par de fréquents exercices et le jeu de l'arc devient le sport national anglais.


Outre cette révolution tactique, Edouard appuie ses expéditions contre la France sur une conscience de l'importance de l'économie dans les guerres futures. Il jouera avec les Flamands de cet argument : il interdit l'exportation des laines anglaises vers la Flandre, et en même temps l'importation des draps flamands en Angleterre. C'était miner l'industrie flamande. Les bourgeois de Flandre se révoltent aussitôt et prendront pour chef le brasseur Jacques Van Artevelde. Désormais Flandre et Angleterre sont alliés. L'historien Jules MICHELET a été le premier à prendre conscience de ce rôle primordial de l'économie dans les guerres modernes et il a fait un tableau saisissant de l'emprise de l'Angleterre sur les villes marchandes du nord-est de l'Europe au XIVème siècle.


En 1340, Edouard III se sent prêt à attaquer la grande puissance de l'époque :
le 23 janvier 1340, Edouard prend le titre de roi de France. Dès lors, il n'aura de cesse de provoquer, d'agresser, d'envoyer des armées contre la France.
L'année même où il prend cette décision, il va remporter une grande victoire navale. Le 23 juin 1340, alors que Philippe VI avait constitué une flotte de deux cents navires, Edouard attaque l'escadre française, en personne, dans le havre de l'Ecluse et remporte une victoire totale. Désormais Edouard III a la maîtrise de la mer et il peut attaquer sur le continent quand il le veut.


En 1341, la situation se complique pour Philippe VI car s'élève la question de la succession de Bretagne : question de type féodal, plus compliquée encore que la question de l'Artois, mais dans laquelle Robert d'Artois va s'engouffrer avec délectation en soutenant par les armes les seigneurs opposants au roi de France. Chargé par Edouard III de conduire un renfort en Bretagne, Robert d'Artois débarqua dans le Morbihan, mais fut blessé et périt aussitôt.
Désormais, la guerre sera portée sur toutes les régions maritimes : la Guyenne terre anglaise s'il en fut ; la Bretagne, la Normandie, la Flandre et
"À part quelques batailles rangées, la guerre fut surtout jalonnée de raids (les chevauchées) punitifs et fructueux. Les verbes les plus fréquents dans les chroniques soft "ardour" (incendies) et "gater"(détruire, ravager)".(19)


C'est aussi au cours d'un de ces raids qu'en 1346, à la tête d'une armée, il ravagea le Cotentin, menaça Paris, voulut gagner le Ponthieu et la Flandre. Retranché sur une colline CRECY, il remporta une victoire complète, grâce à ses archers, sur la chevalerie française, vaillante, mais désordonnée et indisciplinée.

 

 

26 août : bataille de Crécy, miniature de Jean Froissart

 


C'était un désastre complet pour Philippe VI : le roi Jean de Bohème dlt Jean l'aveugle, le frère du roi, le comte d'Alençon, les comtes d'Aumale, d'Auxerre, de Blois, de Sancerre, les compagnons les plus fidèles du roi avaient péri.


Edouard III mit le siège devant Calais. Ce siège a été raconté par Jules MICHELET de façon pathétique et poignante : Edouard resta un an devant Calais.
"Autour de la ville, il bâtit une ville, des rues, des maisons en charpente, bien .fermées, bien couvertes, pour y rester été et hiver. L'anglais bien établi et en abondance, laissa ceux du dehors et du dedans faire tout ce qu'lls voudraient. il ne leur accorda pas un combat. Il aimait mieux les faire mourir de faim… Calais, devenue anglaise fut pendant deux siècles une porte ouverte a l'étranger. L'Angleterre fut comme rejointe au continent. Il n'y eut plus de détroit".


L'administration du Royaume


Obnubilés par les problèmes nés de la guerre contre le roi d'Angleterre, les historiens n'ont guère traité ce chapitre pourtant capital.
II est incontestable que le roi "trouvé" n'a eu aucune difficulté à gérer les provinces du royaume. Le témoignage des contemporains est décisif. Ainsi Froissart :

 

"Tous obeyrent a Hui comme roy et ce fut raisons, car, par la élection et acors des douze pères (pairs) de Franche (France) et des haulx barons de celui du royaume, il en fu roys"

 

ARCHIVES NATIONALES
ACTES
DU PARLEMENT DE PARIS
PARLEMENT CRIMINEL
REGNE DE PHILIPPE VI DE VALOIS
INVENTAIRE ANALYTIQUE DES REGISTRES X 2A 2 A 5
par
Brigitte Labat-Poussin, Monique Langlois, Yvonne Lanhers
Conservateurs aux Archives nationales
AVANT-PROPOS par Jean Favier
Membre de l'Institut
Directeur général des Archives de France
PARIS
ARCHIVES NATIONALES
1987

LA
HIERARCHIE
ADMINISTRATIVE
à
L’époque
De
Philippe VI de Valois
(d’après R. CAZELLES)

 

 

C’est un essai de classement des différents postes administratifs des plus bas aux plus élevés (sans que cela ait été figé).

SERGENT

OFFICIER LOCAL

LIEUTENANT de BAILLIAGE

JUGE

JUGE MAGE

NOTAIRE DU ROI

RECEVEUR

MEMBRE de La CHAMBRE des ENQUETES

BAILLI et SENECHAL

MEMBRE DE LA GRANDE CHAMBRE

MAÎTRE DES COMPTES

PRESIDENT du PARLEMENT

MAITRE des REQUETES de L'HOTEL

MEMBRE du CONSEIL SECRET

GRAND OFFICIE

Philippe n’est pas un usurpateur : il succède à son cousin de la manière la plus acceptable pour les hommes du temps, par le choix de ses pairs. (20)


L'organisation administrative anise en place par les Philippe Auguste, Saint-Louis, Philippe Le Bel, les prédécesseurs capétiens directs, demeure inchangée, toute flottante encore qu'elle apparaisse à nos yeux habitués au pouvoir centralisé. On peut même tenter de fixer les principaux échelons de la hiérarchie administrative, tout en faisant remarquer qu'elle ne fut jamais alors fixée (voir le croquis établi d'après R. CAZELLES).


Quant aux grands services de gouvernement, le Parlement, la Chambre des Comptes, les Maîtres de Requête, l'Hôtel, le Conseil, ils sont maintenant formés et cela de façon quasi définitive. Leur personnel en est désormais spécialisé et l'on ne passe plus d'un grand service à un autre comme par le passé. Il est tout à fait lié au souverain et se fige dans son rôle.


Il est à noter que Philippe VI a toujours choisi ses collaborateurs dans son entourage du Nord de la France : it n'y a pas de méridionaux auprès de lui. Le seul méridional, et qui constitue une véritable exception, c'est cet Agot de Baux, à qui fut confiée la fondation de la bastide de Revel. (21)


Autre remarque digne d'intérêt : Philippe VI ne s'est jamais confié à un favori tout puissant et n'a jamais abandonné son pouvoir à un ministre absolu. Sans doute a-t-il procéder à des changements d'équipes, mais il a toujours conservé la haute main sur tout son personnel administratif.


L'effort actuel des Archives Nationales vise à publier les Actes du Parlement de Paris, et notamment du Parlement Criminel, sous le règne de Philippe VI de Valois. (22)


Il est un domaine dont Philippe VI semble s'être particulièrement occupé : en 1346, il divisa l'administration des Eaux et Forêts, jusque là confiée à un seul Maître, en dix Maîtrises. (23) Ce qui pourrait bien avoir quelque relation avec la fondation de Revel, puisque le souci de la gestion de la vaste for& de Vauré, paraît être au cœur de cet événement.


Par contre le souci de trouver des subsides, la guerre contre l'anglais en exigeant tous les ans davantage, inspira la malencontreuse politique de Philippe VI de gestion de la monnaie. Ignorant des lois de la vie économique, il crut que baisser le titre des monnaies, c'est à dire diminuer le poids de métal précieux, tout en garantissant la même valeur fictive, pourrait suffire à régler ses besoins d'argent. Il en résultat un marasme généralisé et une fuite des marchands étrangers, dont profita l'Angleterre.


En contrepartie du tableau négatif de ce règne, il faut placer quelques réalisations positives à l'actif de Philippe VI.
Aux frontières avec l'Empire, face à la ville de Vienne, sur le Rhône, il achète Sainte Colomme : cet achat permit de sécuriser la voie commerciale rhodanienne. Au nord-est, achat de Vaucouleurs afin de renforcer la frontière face au Saint-Empire.


Plus connus sont l'acquisition de la suzeraineté pleine et entière de la ville de Montpellier et de Lattes, son port (1349) et les négociations avec Humbert II, qui rattachèrent le Dauphiné au domaine royal, par le biais d'un apanage attribué au fils aîné des Rois de France (Traité de Romans, 30 mars 1349).
Comme ses prédécesseurs, mais encore beaucoup plus qu'eux Philippe VI fut un roi itinérant, suivi par la cour dans ses multiples déplacements. Aucun château, aucun village, aucune ville, pas même Paris ne fut privilégié. Un patient érudit, Jules VIARD a tenté de reconstituer cet itinéraire bien que son travail minutieux soit pourtant sujet à caution. (24)


Les abbayes sont souvent choisies, non par motifs de dévotion religieuse, mais parce qu'elles offraient alors des commodités multiples : locaux spacieux, serviteurs dévoués et nombreux, accueil parfait. C'est d'une de ces abbaye, Maubuisson près de Pontoise, que Philippe VI manda le sénéchal de Toulouse, Agot de Baux, pour fonder la bastide de Revel en 1342. On a pu dire que ces abbayes étaient les "Hôtels trois étoiles" de l'époque.

 

Philippe VI de Valois et la fondation de Revel (1342)


Philippe VI de Valois eut-il une politique envers les villes du royaume ?
Cette question, nous sommes obligés de nous la poser, puisqu'en 1342, il crée la bastide de Revel. Est-ce un acte isolé, ou cela fait-il partie d'une politique cohérente et organisée ?


La question est passionnante, mais difficile à traiter car personne ne l'a abordée. Les raisons de cet état de fait sont multiples : d'abord il faut invoquer l'absence de travail historique d'ensemble sur le roi et son règne ; sans doute aussi le fait que les historiens ont été frappés par le changement, non pas dynastique, mais familial intervenu en début de règne qui met un Valois sur le trône de France, et frappés surtout par la crise politique intervenue entre la France et l'Angleterre qui dégénère en guerre de Cent Ans ; à moins que l'affaire de Robert d'Artois n'ait monopolisé toute leur attention.


Il y a une autre raison à cette absence d'intérêt pour ce problème communal : c'est la division du domaine royal en deux parties géographiques et culturelles, le Nord et le Sud. Au Nord, il est question de villes et de communes. Au Sud, il est question des bastides. II est frappant de voir que, lorsqu'Augustin THIERRY étudie l'affranchissement des communes , ii ne s'intéresse qu'à des communes du Nord (Le Mans, Cambrai, Noyon, Saint-Quentin, Laon, Amiens, Reims, Soissons, Sens, Vezelay). A l'inverse, quand les historiens méridionaux se consacrent aux communes, leur regard ne va pas au delà des bastides. (26)


Il semble que les communes et les bastides après avoir été fondées, aux XIIème et XIIIème siècles, dans tout le royaume et la plupart du temps avec des textes constitutifs ou chartes de fondation, aient connu au XIVème siècle, une période de crise. La première partie du XIVème siècle est une période de déconfiture. Les écroulements (de communes) se succèdent si vite qu'ils ont fait illusion aux historiens et on a conclu à tort qu'ils marquaient la fin des communes françaises. (27)


En effet, les disparitions de villes abondent à cette époque, avec la plupart du temps abolition de la Charte de fondation, c'est le cas de Sens (1318), de Compiègne (1319), Meulan (1320), Senlis (1320), Soissons, Crépy en Valois, Provins, Corbie, Laon aux environs de la même date. Il semblerait donc que "lorsque les malheurs de la Guerre de Cent Ans se sont abattus sur la France, cette guerre aurait défavorisé le mouvement communal".
Il semble bien que la réalité ait été autre :

"C'était d'un mal interne d’évolution plus ou moins lente que soufflaient les communes françaises : deux siècles après leur naissance elles n'ont été ni les victimes, ni les bénéficiaires de la Guerre de Cent Ans".


Si l'on se réfère aux quelques faits connus sur ce sujet, il semble que Philippe VI ait eu une politique généralement bienveillante vis à vis des villes de son royaume. On peut même parler "d'une propension personnelle à ménager la bourgeoisie". (28)


En 1346, il reconnaît solennellement aux habitants de Saint-Quentin la jouissance des droits de justice qu'ils s'étaient attribués à eux-mêmes et que le bailli et le prévôt refusaient d'admettre. De même, à propos de la commune de Laon révoltée contre son évêque, Philippe VI adopte une politique de conciliation qui n'empêchera pas son déclin.


De plus les exemples de survivance son abondants. Il semble que
"La commodité qu'il y avait à laisser aux bourgeois la responsabilité de l'administration zirbathe, tout en tirant d'eux une substantielle redevance annuelle pour cause de concession de commune" l'ait emporté sur la détermination de supprimer la commune. (29)


"Enfin la répugnance de nos ancêtres pour la destruction des institutions leur respect pour la coutume et pour la variété des usages fournissent une explication".


"Il n’est pas étonnant que la commune .française n'ait pu être définitivement anéantie que par le total bouleversement de la Révolution."


Si nous regardons ce qui a été fait dans nos provinces méridionales, nous sommes confortés dans cette position.


Nous avons déjà noté que, du temps de l'entente parfaite entre Philippe de Valois et Robert d'Artois, une bastide avait été crée à ARTHEZ, près d'Albi, sur le Tarn, vers 1328 :
"PHILIPPE, par la grâce de Dieu, roy de France, faisons savoir a tons présents que notre anti et fidèle très cher cousin Robert d'Artois, comte de Beaumont le Roger, étant parti en Occitanie pour plusieurs affaires importantes et difficiles, a décidé après en avoir délibéré avec le sénéchal de Toulouse, de créer une bastide ou villeneuve au lieu-dit de Sabo (en Latin Sapono) sur les terres des nobles Montarsin de Tauriac, autrement dit Vassals et de Guillaume Vascon." (30)


La même année qu'à Revel, en 1342, il est fait mention de la fondation de Pierre sise (aujourd'hui Saint Jean de Rives). Cette fondation de bastide dans la même région albigeoise, n'a guère laissé de traces de nos jours.


Toujours en 1342, à la demande du sénéchal Jean de Marigny, évêque de Beauvais, est fondée la bastide de BEAUVAIS dans le Tarn. La charte de fondation comblait la population de bienfaits. (31)


Ainsi la fondation de la bastide de Revel par Philippe VI, ne saurait être un acte isolé, même si par un certain chauvinisme nous considérons que ce fut un acte très important. (32)


Voici d'après les documents qui nous sont parvenus les principales étapes de cette fondation :
Le 26 février 1341, de l'Abbaye de Maubuisson, proche de Pontoise, Philippe VI, roi des Français, envoie une lettre au sénéchal de Toulouse, Agot de (ou des) Baux lui enjoignant de créer une nouvelle bastide dans la forêt de Vauré. Cette missive est en général considérée comme l'acte fondateur de la ville de Revel : comme le début de la nouvelle année était alors fixé, non au premier janvier comme de nos jours, mais à Pâques, on admet maintenant que l'on doit se référer à l'an 1342 pour cette fondation.


Après avoir rappelé les termes de la mission que lui confie le roi, le sénéchal de Toulouse, Agot des Baux procède à la fondation de cette bastide, le 8 juin 1342, et concède à ses habitants


"les privilèges, libertés, coutumes et franchises"


Détaillés en 89 paragraphes (ou items) qui forment ce que l'on appelle "La Charte de Revel". (33)


Les termes de cette charte seront confirmés en décembre 1343, par un texte officiel de Philippe VI, signé de Paris :
"Ratifiant et agréant ces lettres... nous les voulons, louons et, approuvons, les confirmons et avons aux présentes apposé notre sceau."
En mai 1345, de Conflans près de Paris, Philippe VI, donne aux habitants de la nouvelle bastide pour conservateurs de leurs privilèges et libertés, le sénéchal de Toulouse et le juge de Lauragais, présents et à venir.


Cette charte sera confirmée par un "vidimus" du roi Charles VI en septembre 1437, puis en 1467, et enfin par le roi Louis XI, en mai 1462.
C'est cet ensemble complexe de textes échelonnés sur plus d'un siècle qui forme "la Charte de fondation de Revel".

La part active du roi Philippe VI dans cette fondation ne peut être niée.

 

La fin du règne

 

Après les désastres militaires de l'Ecluse, Crécy, Calais, le royaume de France et Philippe VI doivent affronter une épidémie terrible, la peste noire (1348).

 

 

En réalité, c'est toute l'Europe qui fut touchée, atteignant plus du tiers de la population. On ne parle que de spectacles macabres, de charrettes &versant leur funèbre chargement sur des charniers débordant de cadavres. Toute forme d'activité est désorganisée et en premier lieu la production agricole. La dernière épidémie de ce type remontait au VIème siècle, il y avait donc peu de références historiques à cette calamité. La peur s'installe, et avec elle tout son cortège d'incompréhensions, de malédictions, de haines. La région d'Albi n'échappe pas à la catastrophe : on raconte que plus de la moitié de la population fut touchée. Et la vine de Revel, nouvellement créée subit durement le fléau : comment régler la redevance au roi, fixée par la Charte de 1342 ?
Dans cette ambiance générale de deuils, la famille royale n’est pas épargnée Jean, l'héritier du trône, perd sa femme Bonne de Luxembourg, duchesse de Normandie. Puis, c'est le roi Philippe, qui voit la "male" reine, Jeanne de Bourgogne, dite Jeanne la Boiteuse, s'aliter. Elle décède le 12 décembre 1349. Son corps est enseveli à Saint Denis. Son cœur est placé dans une urne et exposé à l'abbaye de Cîteaux, en Bourgogne.


Philippe songe alors à remarier son fils à une jeune beauté, Blanche d'Evreux, fine du roi de Navarre. Puis se ravisant, il la garde pour lui-même : il a cinquante huit ans, la nouvelle reine en a dix-huit.


Après les désastres militaires et épidémiques, si forte était l'apathie du vieux souverain que son entourage ne put que se réjouir de cet acte de goujaterie. Les félicités domestiques allaient-elles lui redonner gout à la vie ? On put le penser car la nouvelle reine s'installe au Louvre et exerce un ascendant sur son époux, follement amoureux. Las ! C’était présumer des ressources humaines : six mois seulement après l'union, le roi s'alite pour ne plus se relever.


Il meurt à Nogent le Roi, le dimanche 23 août 1350. Sa dépouille est transportée Notre Dame de Paris. Puis l’on procède à la réparation traditionnelle : le corps à Saint Denis, les entrailles aux Jacobins, le cœur à la Chartreuse de Bourfontaine en Valois.


Jean de Valois, duc de Normandie, fort dépité des fiançailles rompues par l'intransigeance paternelle, avait épousé Jeanne de Boulogne, veuve de 24 ans, et qui avait déjà un fils Philippe de Rouvre, duc de Bourgogne.


Il monte sur le trône et devient pour l'histoire Jean II et pour le peuple Jean le Bon. Les cérémonies du sacre du deuxième roi Valois, à Reims, seront fastueuses.


Pour les historiens qui ont suivi ces événements, ce changement de règne, n'apporta guère de bouleversements, car il y avait déjà un certain temps que, malgré une brouille passagère, le vieux roi ne dirigeait plus le pays.(34)

 


Claude POUZOL

 

 

NOTES

 

1 La place centrale de Revel, ou s'élève le beffroi, est appelée "Place Philippe VI de Valois" depuis la délibération de la Commission Municipale du Tourisme et de l'Environnement du 2 février 1980, (Bernard Blancotte. Une forêt pour berceau, p. 164).
2 Georges DUBY, "Qu'est-ce-que la société féodale ?" Flammarion.
3 Michel PARISSE et Catherine GAUCHE, Les grandes heures des tournois, l'Histoire, n°29, Décembre 1980, p. 44-51.
4 FROISSART. Chroniques, prologue du livre I (édition Siméon Luce, T.I).

5 Charles PETIT-DUTAILLIS. La monarchie féodale en France et en Angleterre Xème-XIIIème siècle, p.16, (Evolution de l'Humanité.

6 L'acharnement du destin contre Philippe le Bel et ses trois successeurs, a fait naître cette légende des "Rois Maudits" exploit& par le romancier Maurice DRUON. Mathieu de Molle. Commandeur des templiers, persécuté par Philippe le Bel aurait proféré cette malédiction. Le cycle des romans historiques du même nom a donné matière a tine série télévisée célèbre (1972-1973).
7 Les Grandes Chroniques, (Edition Paulin).
8 B. ZELLER, Philippe VI et Robert d'Artois, (1328-1345), p. 7.
9 Par la suite les légistes français cherchèrent des justifications a cette thèse et les trouvèrent clans les articles de loi des Francs saliens : cela devint la "Loi Salique" qui éliminait définitivement les femmes du trône de France. Cet emprunt à une antique loi privée permit de légitimer ce qui n'était qu'une mesure de salut public anti-anglaise.
10 B. ZELLER, Philippe VI et Robert d'Artois (1328-1345), p. 29.
11 Id, p. 28, note 2.
12 Id. Ibid, p. 7-8.
13 Id, Ibid., p. 7-8.
14 Raymond CAZELLES, La Société politique et la crise de la royauté sous Philippe de Valois, 1958, p. 45 et 59.
15 C'est Charles de Valois qui fit recopier en un luxueux manuscrit enluminé, le texte du "Livre des Merveilles" de Marco Polo, (Muriel Romana, T. 3, Le Tigre des Mers, p. 367-368).
16 D'où le sobriquet "CADET" ou "CHAPET", vêtu du manteau ecclésiastique, appliqué par les chroniqueurs au père du roi Hugues (Charles PETIT-DUTAILLIS, la Monarchie féodale, p. 20, note 3) et qui deviendra le nom patronymique des rois de France.
17 Sur toute cette affaire politico-judiciaire voir l'ouvrage de B. ZELLER, Philippe VI et Robert d'Artois. Hachette, 1885
18 Jules Michelet. Histoire de France. Chapitre "Philippe VI de Valois".
19 Georges BORDONOVE, Les rois qui ont fait la France, Charles V le Sage, p. 37).
20 Raymond GAZELLES, La société politique sous le règne de Philippe VI de Valois, p. 72.
21 Originaire de la Provence cet Agot (ou Agout) de (ou des) Baux, est rangé par R. CAZELLES parmi le personnel politique étranger. "Agout des Baux de la branche d'Avellino, sénéchal de Beaucaire en 1340, capitaine général en Languedoc en 1347, puis sénéchal de Toulouse, qui après avoir été contraint de rendre La Réole aux anglais, s'enfuit en Provence dans la crainte dune "cruelle justice" (Froissart, III, 309). Son fils Bertrand, sénéchal de Saintonge, fut plus tard "Bailli de Sens". (R. CAZELLES, op. cit., p. 274 et notes.
22 Ce livre a été acquis par la Société d'Histoire de Revel Saint-Ferréol.
23 G. MARTI, Recueil des ordonnances faites par les roys de France sur le faic des eaues et forests, Orléans, 1582.
24 Jules WARD, Itinéraire de Philippe de Valois, Bibliothèque de l'école des Chartes, 1913 et 1923.
25 Augustin THIERRY. Let-ft-es sur l'histoire de France (œuvres complètes de M. Augustin THIERRY, tome cinquième, Fume éditeur, 1851).
26 LAURET MALEBRANCHE Raymond, SERAPHIN Gilles,Bastides, villes nouvelles au Moyen-âge. Toulouse, Milan éditeur, 1988.
27 Charles PETIT-DUTAILLIS, Les Communes Françaises, Caractères et évolution, des origines au XVIIIème siècle, Collection l'Evolution de l'Humanité, p. 168 et sq.
28 Id; ibid., p. 159.
29 Id, Ibid., p. 218.
30 Daniel GROS, Histoire d'Arthès (Tarn), sa charte et ses légendes, Albi, 1966, p. 23 sq.
31 Histoire du Languedoc par Dom DEVIC et VAISSETTE, Livre ) 00C, p. 541. Note 3.
32 Suzanne NELLI, Les DURFORT de Languedoc évoque aussi un paréage conclu avec Philippe VI, en 1341, dans la région de Gaillac (p. 172-173), qui devait porter le nom de Bonneville.
33 Sur tous ces faits consulter "La Charte de fondation de la Bastide de Revel, 1342", Société d'Histoire de Revel-Saint-Ferréol, in 8, 22 p.
34 CAZELLES. op. p. .232.