JUZES

 

 

 

 

Titulature : xve siEcle : Notre-Dame de Lasplanes.

xvie siEcle : saint Lendegard : saint LEger.

 

91 habitants En 1982.

72 habitants En 1990.

Occitan : en 1428, le village s'appelle Juzas, de l'occitan jus - occitan moderne jos - situé en bas (de Bélesta

 

HISTORIQUE

Une voie et un habitat gallo-romain important ont été mis à jour lors de fouilles archéologiques. Le village actuel a été construit sur un promontoire rocheux et domine la route qui va de Saint­Félix à Villefranche-de-Lauragais. Non loin, coule la petite rivière de la Grasse.

 

La première mention du village de Juzes est datée de 1230, lorsque Guillaume Rogas, habitant à Juzes, est traduit devant le tribunal de l'Inquisition, pour hérésie.

 

Trois consuls administrent Juzes et sont cités dans le répertoire de la levée des taxes du roi en 1384.
A l'extrémité du village se trouve un château des XVème et XVIème siècle, largement restauré au XXème siècle. Il a appartenu à la famille de la Tour d'Auvergne dont une branche cadette est implantée en Lauragais dès le XIème siècle - d'après R. Camboulive.

 

En 1440 Arnaud de la Tour d'Auvergne de Juzes fait un legs à l'église Notre-Dame de Lasplane.
Quelques années plus tard en 1477, Louis XI, en délicatesse avec les Anglais échange le Lauragais contre la terre de Boulognes-sur-Mer, fief de Bertrand de la Tour d'Auvergne et de Boulogne.
 Ils prennent alors le nom de la Tour d'Auvergne, comte du Lauragais et possèdent un vaste territoire de Toulouse aux portes de Castelnaudary.

 

« Louis XI, en Janvier 1477 à Bertrand de la Tour comte d’Auvergne et de Boulogne, par voie d’échange de ce comté contre celui de Boulogne sur Mer, qui avait été reconnu »très necessaire pour la conservation et deffence du royaume, tant contre les anglais que aultres.

 

L’acte de cet échange porte que le comte de Boulogne demeurerait audict feu royXI, lequel en récompense et par échange auraict ceddé, délaissé, et transporté audict Bertrand de la Tour ces hoirs, successeurs et aiant cause, perpétuellement, irrévocablement et a toujours le dict pais de Lauragais si avant qu’en tous ses fins, mettes et limites la jugerie dudict Lauragais s’estendoit et comportoit, avec les villes de Laurac,Castelnau, Fanjeaux, Avignonet, Revel, Besplas, Auravail (Mireval), Vieille-ficelle, Villefranche, Saint-Martin, Saint-Papoul, Cintegabelle, Montgiscard, Vieille-Toulouse,le Mas SaintesPuelles,Haulterive,Ciouran,Pechsubran, Pechaudran… …érige ce pais en titre de comté, au profit de Bertrand de la Tour et ses successeurs ».   
Sénéchaussée du Lauragais- Série B)

 

La petite fille de Bertrand épouse Laurent II de Médicis. Leur fille sera Catherine de Médicis.

Cette famille possède encore aujourd'hui le château de Saint-Paulet, à quelques kilomètres de Juzes, dans l'Aude où elle conserve, dit-on, l'urne contenant le coeur du grand Turenne, mort au combat en 1675.

Au moment de la Révolution, un état d'insécurité règne dans le Lauragais. Les consuls de Juzes appellent la population à des représailles contre le seigneur par des railleries suivies de coups de feu.

Mais les inondations de la Grasse interrompaient souvent les communications entre le village et l'église. Leur fréquence et plus encore, l'assassinat du curé décidèrent les consuls à faire démolir l'église et à en bâtir une nouvelle dans le village. Les consuls étaient soutenus par M. de Séverac, seigneur de Juzes et brigadier des armées du roi, car M. du Casse de Terralbe voulait faire avorter le projet : n'habitait-il pas en face de Notre-Dame de Lasplanes?

Le vicomte DE JUILLAC VIGNOLLES (en 1867) s'inquiète de cette ancienne église ; il écrit : " En 1704, il y avait à la paroisse de Juzes une église dédiée à Notre-Dame de Lasplanes. Y est-elle encore? ... ". Aujourd'hui, on peut répondre " non ", mais au hameau de Casse, au lieu-dit " En Capelle ", une croix - existant déjà sur le plan cadastral de 1831 - porte l'inscription :

SE BOSTE COR ES PIETADOUS EN PASSAN CHRIESTA, SEGNOIBOUS

" Si ton coeur est pieux, en passant, chrétien, signe toi "

 

La nouvelle église est citée en 1538 dans le " Registre du gouvernement des églises dans le diocèse de Toulouse ". Elle est dédiée à Saint Lendegard, c'est-à-dire saint Léger, évêque d'Autun, mis à mort en 680 par EBROÏN, maire du Palais de Neustrie. Elle fut bâtie " sous l'inspiration du style roman " et ne coûta à la commune que 2 000 livres.

Pillée et incendiée par les Huguenots en 1569 et en 1570, selon les témoignages déposés d'ETIENNE CAPPELLE, BERNARD SALVAING et DOMINIQUE DESPRUETZ, curé de Mourvilles-Hautes, elle était annexe de Mourvilles.

Elle sera rattachée à Maurens en 1810, puis érigée en simple chapelle de secours en 1868.

D'importants remaniements ou restaurations ont eu lieu au long du XIXe siècle dont les dates sont gravées sur les murs extérieurs : 1838 au niveau des chapelles latérales et 1870 au niveau de l'abside. La date est accompagnée de l'inscription : G.BONNES - OPI - FEX (G. BONNES a construit).

1877 : le CONSEIL_MUNICIPAL prend la décision de « surhausser l'église trop basse pour la majesté du culte et prévoit l'établissement d'une voûte et la reconstruction de la toiture. » Les fonds votés pour la construction d'un presbytère, seront utilisés pour ce faire.

1879 : les travaux sont terminés, le maire, M. D'ARMATIGUES et son adjoint M. SIVIAL, font graver leur nom au mur sud de la nef.

À cette époque, le desservant de Saint-Léger était JEAN­PIERRE RAVARY, curé de Maurens - on disait Maurens de Juzes... « Après avoir rebâti son église de Maurens, il reconstruisit presque en entier l'église de Juzes qui tombait en ruines, peu avant sa mort en 1896 ». On trouve, en effet, les mêmes décors de mosaïques de pavement dans les chapelles latérales des deux églises.

 

DESCRIPTION

 

EXTERIEUR

L’église est bâtie de moellons inégaux et irréguliers. Elle est flanquée de chapelles latérales plus basses. Elle est prolongée par une abside à trois pans. Au mur occidental, deux ouvertures géminées, en plein cintre* et faites de briques, ont été obturées lors de l'exhaussement de la nef.

Elles correspondent à l'ancien clocher-mur qui abritait deux cloches.

Les contreforts ont été également surhaussés avec de la brique.

Le toit de la nef est en bâtière* et couvert de tuiles, ainsi que les appentis qui couvrent les chapelles latérales.

L'église est surmontée à l'ouest d'un étroit pinacle dont l'ouverture plein cintre* abrite les deux cloches disposées l'une au ­dessus de l'autre.

L'entrée s'effectue par un simple porche occupant l'espace d'une chapelle, au midi. Au-dessus de la porte d'entrée, se trouve la trace d'une sculpture disparue. Elle est surmontée d'un fronton triangulaire.

 

INTERIEUR

 

C'est une salle rectangulaire continuée par un chœur à cinq pans.

La nef est constituée de trois travées soutenues par des doubleaux* et voûtées de croisées d'ogives* retombant sur des colonnes engagées. Ces dernières sont surmontées de chapiteaux composites de type corinthien.

La première travée, plus étroite, correspond à la tribune. Celle-ci est soutenue par trois grandes arcades retombant sur de fortes colonnes circulaires. Les chapiteaux sont en brique sculptée sur trois faces seulement.

Ils sont d'inspiration corinthienne, de très belle facture et seraient peut-être un remploi d'un édifice plus ancien. Au centre du mur ouest, un oculus est orné d'un vitrail très récent représentant le village de Juzes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les chapelles sont dédiées :

•      au nord : à la Sainte Vierge ; à saint joseph.

•      au sud : à sainte Germaine ; aux âmes du Purgatoire.

Elles ont chacune un autel de marbre blanc dont les marches sont décorées des mosaïques de l'abbé RAVARY.

Dans la chapelle des fonts baptismaux, se trouve la cuve baptismale qui est de marbre rouge. Une pierre tombale indique la sépulture de JEAN VITAL, mort le 5 janvier 1847.

Le chœur est séparé de la nef par un arc triomphal retombant sur des colonnes doubles, engagées, surmontées de chapiteaux de type corinthien. Il est à cinq pans et sa voûte retombe sur de fines colonnettes. Trois tableaux y sont disposés :

•      au centre, le Christ en croix

•      de part et d'autre : sainte Germaine et la glorification de saint Léger.

L'autel est de marbre blanc à cinq arcs avec colonnettes entourant un simple décor de marbre veiné bistre, de belle qualité. Il est surélevé de deux marches de marbre.

 

     

L'éclairage de l'église est assuré par les cinq vitraux du chœur. On y reconnaît :

 

     

• saint Louis, roi de France ;

• saint Joseph ;

• saint Léon, pape, (440-461 ) ;

• saint Léger ;

• la Sainte Vierge.

La nef et les chapelles sont également pourvues de baies plein cintre*.

L'église de Juzes, dans les années soixante, a été nettoyée et débarrassée des vieux lambris.

On a mis à jour les pierres de l'assise de la nef. Elle a été repeinte et les tableaux restaurés.

Aujourd'hui, un petit espace vert et le cimetière entourent l'église au nord et à l'est.

Chapiteau d’inspiration corinthienne provenant peut être d’un édifice plus ancien

BIBLIOGRAPHIE

 

ACAS Juzes.

ADHG, 1G 568

ADHG, Br 4 413.

ADHG, V29

AM, non numérotées.

Camboulives (R.), dans l'Auta, n° 414, Oct 1975.

Cussac, 19.

Espenon, le canton de Revel sous le Révolution A.M. Denis éditeur 2000

Lestrade (J), 104.

Malary (S.), 32-34.

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