SAINT - AVIT

 

 

SAINT VALENTIN DE SAINT-AVIT

VILLENOUETTE

 

 

 

 

sAINT-VALENTIN de Saint-Avit.

 

GIN 1/25000 Revel 22 44 EST
                                                    
Coord. Lambert

X = 581,675 Y = 313 5,175 Z = 211

 

 

Saint-Avit petit village de plaine s'est construit sur un serre, au sud le ruisseau de Mairie coule à 25m en contrebas (fig.71). Il ne possède pas de château. Située en bordure sud-ouest du village (PL.XLV), l'église est dédiée à saint Valentin martyr du Ille siècle. Il existe trois Valentin qui en fait n'en font qu'un, ce serait un prêtre romain qui aurait été décapité en 2731. On retrouve aussi trois Avit mais fêtés à des dates différentes, le plus répandu est l'archevêque de Vienne sur le Rhône frère d'Apollinaire, évêque de Valence mort en 518, il est fêté le 5 février. Un second est celui d'Orléans d'origine auvergnate, abbé de Poissy-les-Châteaudun il meurt au milieu du Ve siècle et est inhumé à Orléans, sa fête est le 17 juin. Le troisième est celui de Clermont, fêté le 21 janvier et frère aîné de saint Bonnet qui le remplaça vers 689 sur le siège épiscopal de Clermont, où il avait lui même succédé à saint Prix2. Aujourd'hui il n'existe plus de fête paroissiale, en revanche les fêtes religieuses ou patronales sont portées sur les registres paroissiaux le 14 février 1686 «jour de feste votive du présent lieu »3, c'est donc bien la saint Valentin qui est fêtée. Ces deux saints du Haut Moyen-âge, la situation du village sur un serre, et la présence de fragments de tuiles à rebords et de tessons de céramiques gallo-romaines4, sur le versant sud du village en contrebas de l'églises, attestent de l'ancienneté du site.

 

La première mention de l'église est de 1141 dans la liste des possessions de l'abbaye de Soréze5. En 1258 le village « Sancto Vité » apparaît dans une transaction entre l'abbaye de l'Ardorel et Jourdain de Saissac, seigneur de Puylaurens6. « S. Avito » en 12777 et en 1317 « S-Avito »8. En 1384-1385 elle apparaît dans les comptes de la décime imposée: « Cappelanus de Sancto Avito » 9. En 1431 Pons du Puy, seigneur de Canhaco du diocèse d'Albi, essaie d'obtenir du roi les honneurs de la cour. Il reçoit la promesse d'un acte passé en la judicature de Villelongue: «Noble gailhard de Varanhano, habitant de Lempauto lui vend la borie antière de Vado ou del Gua avec tous cens, services, revenus et autres biens à lui appartenant au lieu de Soualto, de Dorhano et de Santo Avite »10. Les premiers actes des registres paroissiaux sont de 1670, il s'agit de « baptistaires », dans l'« église parrochiale de Saint- Valentin de Saint Avit ». La première délibération consulaire concernant l'église mentionne la refonte de la cloche par le maître fondeur de Castres, Charles Gro en 170411.

La dédicace de l'église en 1317 et 1384 semble être Avit, ce n'est qu'en 1670 qu'apparaît saint Valentin 12.

 

 

Edifice de dimensions modestes (18x12m), il est entouré au nord, sud et ouest de son cimetière. L'église (PL.XLVI) précédée d'un porche est composée d'une nef unique de trois travées, flanquées chacune de chapelles éclairées par de simples baies en arc brisé, fournissant le seul éclairage dans la nef. Le chœur polygonal est percé de deux ouvertures en plein cintre et d'un oculus central. Il est flanqué au nord d'une petite annexe dont l'accès se fait par l'extérieur, tandis qu'au sud se trouve la sacristie possédant un accès sur le cimetière et un autre directement dans le chœur. Seules les chapelles orientales possèdent une voûte sur croisée d'ogives, le reste de l'édifice est voûté d'arêtes. Les chapelles sont dédiées d'ouest en est, au nord, hormis la première abritant les fonts baptismaux, aux saints Fabien et Sébastien et à la Vierge, au sud se trouve la chapelle du Sacré Chœur, la chapelle des saints anciennement dédié à saint Georges, et enfin celle du Saint-Sacrement.

A l'ouest un clocher-mur est percé de trois ouvertures pour les cloches, la troisième surmontant les deux premières (fig.72). Le porche est surmonté d'une petite salle ouverte au nord de deux fenêtres.

 

Très peu d'éléments d'archives permettent de retracer l'histoire de l'édifice. Ils ne remontent pas au-delà du XVIIIe siècle, où les grandes modifications de l'église ont déjà certainement été réalisées.

 

En 172513 l'assemblée consulaire vote plusieurs réparations: « Il convient de faire à l'église du présent lieu, premièrement paver avec de grosses briques bonnes et bien conditionnées la nef de la dite église avec la chapelle de saint Fabien et saint Sébastien et celle de saint Georges, le tout avec du bon mortier franc, fait avec de la chaux, du sable de rivière... et le couvert de la dite église... et raccommoder l'entrée de l'église ». Jacques Bousquet obtient l'adjudication le 23 mai 1725, et au mois de décembre il est délibéré que le travail à été exécuté « selon les règles de l'art ».

En 1735 l'église à besoin d'être crépie et des réparations sont nécessaires au clocher ainsi qu'au « vestibule »14. Un bail est conclu avec François Pech pour la somme de 220 livres. Mais les travaux ne sont certainement pas exécutés car à l'occasion de la visite de l'évêque Nicolas de Malezieu en 1747, il est demandé un devis, celui de Jean Mandoul est retenu pour 470 livres. IL est prévu de « paver le bas du dit porche avec de petits cailloux, plus de recrépir le clocher... l'entière nef et chapelles en dehors et blanchir le dedans de l'église… et aussy de faire une fenêtre à la chapelle Saint Georges du côté du midy en pierre de taille 15... à la chapelle Saint Georges, faire un arceau avec deux pièces de chêne pour se conformer à l'arceau qui est à la chapelle Saint Fabien, plus de remettre les portes de l'entrée de l'église... et finalement remettre la croix du bout du clocher enchâssée dans une pierre de taille ».

A la veille de la Révolution « les murailles ont perdu leur aplomb et le couvert tombe en vétusté, le clocher menace une prochaine chute », mais rien ne permet d'affirmer l'exécution des travaux.

La salle au-dessus du porche a été érigée entre 1850 et 1853. Le devis du 18 mai 1850 dressé par Barthe architecte, s'élève à 299,80 francs16. IL s'agit en fait d'aménager une salle de mairie et d'archives, car lors de la construction du porche un espace suffisant à été laissé, afin de pouvoir bâtir une salle ultérieurement17.

La sacristie est de 1873. Une délibération du CONSEIL_MUNICIPAL du 1er janvier de cette année prévoit la démolition de l'ancienne, afin d'en établir une sur le même emplacement prolongée de deux mètres. L'approbation du sous-préfet est donnée dans une lettre du 27 août 187318. L'annexe en symétrie est certainement une adjonction contemporaine de la sacristie.

 

 L'analyse archéologique du bâtiment est plus à même de fournir des éléments chronologiques et de livrer plusieurs étapes de constructions.

 

En 1992 la restauration de l'église a permis de mettre au jour les piédroits de l'arc triomphal, jusque là dissimulés sous un coffrage en plâtre qui conférait à l'édifice son décor classique. Ces supports sont composés d'une demi-colonne s'adossant au mur par l'intermédiaire de deux cavets (PL.XLVII-b) (fig.82). Ils s'appuient sur une base de section prismatique, ornée d'oves sur les trois faces extérieures. Le tout repose sur un socle rectangulaire très endommagé, la transition se fait par des griffes d'angles en forme de trièdre, ou par un cavet horizontal (PL. XLVII-a) (fig.83). Les bandeaux eux aussi prismatiques ont été détruits, il reste seulement la trace d'un écusson lisse sur la face occidentale de la pile nord (fig.82). Il est fort vraisemblable que ce type de support se retrouve dans toute la nef Ces caractéristiques sont attribuables à la fin du Moyen-âge et sont à rattacher à celles que l'on trouve à Saint-Pierre de Dourgne, pour ses décors et ses bases prismatiques, ainsi qu'à Saint-Jean-Baptiste de Verdalle.

Le même rapprochement est à faire en ce qui concerne la section des arcs d'entrée des chapelles orientales, ainsi que de leurs ogives. L'arc d'entrée de la chapelle nord (celle au sud est en partie plâtrée) se compose d'un tore en amande évasé à large listel, séparé d'un cavet par une arête (fig.79) (PL.XLVII-c). Les ogives plus simples sont formées de deux cavets (PL.XLVII-d). Les voûtes d'arêtes du reste de l'édifice sont très certainement contemporaines. Les arcs d'entrées des chapelles des deux premières travées sont en plein cintre, il en va de même pour l'arc triomphal du chœur à caissons, qui remplace un arc brisé dont le sommier est encore apparent (PL.XLVII-a) (fig.82). Son profil est le même que celui des arcs d'entrées des chapelles attenantes. C'est en fait toute la voûte du chœur qui a dû être refaite. Il est fort probable à voir les proportions du chœur (PL.XLVI), qu'à l'origine celui-ci ait été prolongé d'une demi-travée, ses parties droites en effet reprennent les proportions des travées de la nef. Aujourd'hui la voûte d'arêtes est commune.

Sur le côté nord du chœur se trouve une niche au linteau orné d'une accolade, forme qui se développe au XVIe siècle.

 

Sur le plan (PL.XLVI), les chaînes d'angles de la façade occidentale, qui sont prises dans les murs, témoignent des remaniements de l'édifice. Celle à l'ouest s'explique par l'adjonction du porche, à l'ouest en revanche elle sous entend des modifications plus importantes. On constate aussi que les proportions et dimensions des quatre premières chapelles nuisent à l'unité du bâtiment. Il semblerait, qu'elles aient été bâties ultérieurement entre les contreforts. Le vocabulaire classique de l'édifice correspond à sa dernière phase de construction, donc d'époque moderne. Le chaînage d'angle sud-ouest du porche, est fait sur 2,2 m de hauteur, de pierres de remploi, or l'une d'elle porte la date du 20 mars 1679, certainement date de reconstruction du porche. Ces éléments de récupération sont en grès, de forme rectangulaire et la plupart présente un côté chanfreiné. Il s'agit sans aucun doute d'éléments de montants de fenêtres, ce qui confirmerait l'adjonction ultérieure des quatre chapelles occidentales, et par là même puisqu'elles sont de même style, daterait la transformation globale de l'édifice. On sait par ailleurs qu'en 1725 existait déjà les chapelles centrales, d'un style classique, ce qui nous donne une fourchette chronologique des restaurations comprise entre 1679 et 1725.

 

Les chaînages d'angle de la sacristie présentent les mêmes pierres de récupérations, seulement celle-ci est datée de 1873. Il est toutefois possible qu'elles aient été remployées une seconde fois, d'autant plus que cette sacristie a été construite à l'économie. Elle est en effet essentiellement composée de galets de quartzite, il est alors probable que ce soit les mêmes pierres qui aient servi pour les angles. Dans le mur ouest un arc brisé de fenêtre est aussi en remploi, il est similaire à ceux actuellement en place. Il semblerait que cette sacristie contrairement au projet initial, ait été simplement rallongée de deux mètres comme le montre la reprise sur le mur oriental (fig.76).

 

Marie-Odile Munier voit dans la forme des ouvertures du chœur et notamment côté nord (fig.74), des réminiscences ou des restes plus anciens, voire romans. Il est difficile de dater ce genre de petites ouvertures en plein cintre assez rustiques que l'on peut retrouver dans nombre d'édifices de dates incertaines, et souvent postérieurs. Toutefois V. Allègre cite le cas de petites églises romanes comme Provilhèrgues et Monestiés, avec un chevet polygonal à l'extérieur mais circulaire à l'extérieur19 (fig.157). Il est intéressant pour Saint-Valentin de noter que les pans de l'abside forment des angles arrondis, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur. De même les proportions du chœur laissent beaucoup plus de place aux parties droites, qui forment un volume comparable à celui des travées de la nef. Proportions différentes que celles des églises de Verdalle ou de l'ancienne de Soual, pourtant visiblement de la même génération. Sur les parties droites du chœur on devine une légère dépression et de minces fissures pouvant correspondre à l'emplacement de fenêtres, peut-être murées ultérieurement.

 

La toiture commune de la nef et des chapelles ne rappelle pas les toits en bâtières, plus typiquement romans. Cependant l'implantation assez hasardeuse des ogives des chapelles orientales ne retombant pas systématiquement dans les angles, laisse croire à une reconstruction totale des couvertures (fig.78,79,80).

Une pierre en remploi dans le chaînage d'angle nord-ouest de l'église, est aussi un indice d'ancienneté. Il s'agit d'une pierre en grès sculptée de 60 cm de hauteur, représentant une tête avec ce qui pourrait être deux ailes l'encadrant, et un torse orné de motifs géométriques, qui rappelle l'esthétique romane (fig.76,77).

 

Sous le crépi l'appareil irrégulier se compose essentiellement de moellons de calcaire marmoréen, de galets de quartzite, et plus partiellement de grès, les schistes et briques, servant de blocage. Il ne laisse pas supposer de grandes différences entre les chapelles et ni même le chevet, si ce n'est pour celui-ci les pans nord et est composés essentiellement de calcaire marmoréen, et le pan sud comprenant beaucoup plus de galets, mais rien qui ne permette d'affirmer d'importantes modifications.

 

 

 

1 - L. REAU, Iconographie de l'art chrétien, Paris, 1858-1859, T.VI, p. 1303. 2 - Idem, T.I, p. 163.

3 - M. O. MUNIER, La communauté de Saint Avit de Louis= à la Révolution, Nîmes, 1992, pp. 46-47.

4 - Confirmation et authentification par A. Rayssiguier, archéologue du C.E.RA.C.

5 - Bulle de confirmations pontificales de Calixte 11, dans N. POUSTHOMIS-DALLE, L'abbaye deSoréze, Tarn, recherches archéologiques, Thèse, Toulouse II, 1978-1982, p. 48.

6 - Transaction et partage entre l'abbaye de l'Ardorel et Jourdain de Saissac, seigneur de Puylaurens, des terres de Lagardiolle, Villeneuve et Saint-Avit, de 1258, copie du XVIII° siècle, A.D.T., H-7.

7 - E. NEGRE, Les noms de lieux du Tarn, Toulouse, 1986, §. 265, p. 100. Il ne cite pas la nature du document, mais en donne juste les références: A.F, J-315/99.

8 - Gallia Christiane, T. XIII, col. 268.

9 - L. DE LACGER, Etats administratifs des anciens diocèses d'Albi de Castres et de Lavaur, Paris, 1921, p. 175.

10 - Archives privées, du château du Gua, commune de Lescout, dans, M. O. MUNIER, op. cit., p. 1.

11 - M. O. MUNIER, op. cit., p. 42.

12 - Je n'ai pu retrouver traces de ce changement de vocable. Dans le village Valentin passe pour avoir été le propriétaire du terrain sur lequel a été bâtie l'église, seulement celle-ci existait bien avant la première mention de 1670. Ceci dit, la Gallia cite les noms de lieux et non les vocables des églises, de même le tenue de « cappelanus » ne renvoie-il pas au lieu et non à la dédicace?.

13 - H. O. MUNIER, op. cit., p. 42.

14 - Certainement le porche d'entrée.

15- Les fenêtres des chapelles sont toutes les mêmes, celle-ci à du être bâtie à l'identique. Il s'agit debaies simples, en arc brisé et chanfreinées à l'extérieur (fig.75).

16- A.D.T, 2o 242.
17- Ibid

18 - Ibid

19 - V. ALLEGRE, L'Art roman dans la région albigeoise, Toulouse, 1978, p. 230.

 SOMMAIRE

 

 

VILLENOUETTE.

 

 

Saint-Avit possédait une autre église ou chapelle, Villenouette ou Villeneuve. Cette église est mentionnée en 1258, dans le partage de terres entre l'abbaye de l'Ardorel et Jourdain de Saissac: « parrochia de Villanova propé gardiollam »1. En 1317 « Villa­nova »2. Ni la carte du diocèse de Lavaur de Jean Trinquier des années 1690 (PL.III), ni la carte de Cassini, commencée à la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle, ne la mentionne (PL.H). Pourtant en 1702 la métairie de la Rode est sur la paroisse de Villenouette3, et un acte signé par le curé Joseph Planés en date du 23 juillet 1786, à propos de la sépulture de Jeanne Cadène, mentionne la paroisse de « Villounette » 4. En revanche un tableau du 29 pluviôse de l'an X mentionnant l'état de l'église paroissiale, précise que Saint-Valentin est le seul édifice servant au culte dans la commune5.

Mal localisée elle se serait trouvée au sud du village, vers En-Vieux et Bassadaure en direction de la Rode6-7. Une prospection de terrain ne m'a pas permis de mieux la situer.

 

 

A environ 1,5 km à l'est du village de Saint-Avit, se trouve une métairie portant le nom de Saint-Amans. Cet hagiotoponyme est en fait dû aux prêtres Gabriel Saint Amans de 1686 à 1707, et son neveu Alexandre Saint-Amans de 1715 à 1765. Ils auraient en effet vécu à l'emplacement de l'actuelle métairie8. Alexandre aurait été enterré dans le chœur de l'église Saint-Valentin le 6 janvier 17699.

 

 

 

1 - Transaction et partage entre l'abbaye de l'Ardorel et Jourdain de Saissac, seigneur de Puylaurens,

des terres de Lagardiolle, Villeneuve et Saint-Avit, de 1258, copie du XVIIIe siècle, A.D.T., H-7.

2 - Gallia Christian, T. XIII, coi. 268.
3 - M. O. HUNIER, op. cit., p. 45.
4 - Idem, p. 42, GG 3.
5 -
A.D.T, 2o 242.

6 - M. O. MUNIER, op. cit., p. 45.

7 - Coord. Lambert: X = 580/582, Y = 3135/3136.
8 - M. O. MUMER, op. cit., p. 42.
9 - Idem, acte n° l, de 1769.