ARFONS

SAINT-JEAN d'Arfons
NOTRE-DAME des Escudiès

 

 

 

SAINT-JEAN d'Arfons.

 

IGN 1125000 LABRUGUIERE 23 44 OUEST
 
                                            Coord. Lambert

X = 586,285 Y = 3125,600 Z = 662

 

 

Commune de montagne, la plus au sud du canton, Arfons assure le passage sur le versant sud de la Montagne Noire, vers Saissac dans le département de l'Aude. 

Arfons est un nom descriptif venant de « orbi fontes » c'est à dire sources cachées1. Le village est encadré à l'est par le ruisseau du Sor et à l'Ouest par celui de l'Aiguebelle. 

La Sauveté d'Arfons a été fondée par les Hospitaliers de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem conjointement avec les seigneurs de Dourgne au XIIIe siècle2, certainement à partir de 11703. La crise cathare a été l'occasion pour les seigneurs locaux d'usurper les possessions des religieux. Le calme rétabli, l'Eglise revendique ses droits, et les seigneurs menacés d'excommunication restituent les biens. La première restitution est faite par Raymond de Dourgne en 12364, « villa de Orfons » et « vila d'Orfontz »5. En 1237 on trouve la mention de « Orfontibus »6. Cette même année Sicard seigneur de Puylaurens, restitue les biens usurpés en donnant en plus deux fiefs, avec personnes et droits seigneuriaux7. Ses deux fils Izarn de Dourgne et Jourdain de Saissac ratifient ces donations, toutefois Jourdain de Saissac fut plus réticent puisque ce n'est qu'en Juillet 1283 qu'il restitue les biens dans son testament8. En 1240 Gilabert de Rosilles promet de ne faire subir aucune violence lorsqu'il se trouve dans les limites de la Sauveté « Salvitatis villarié Orfontis »9.

A partir du XIVe siècle les invasions anglaises ruinent la commanderie, en 1390, le commandeur réfugié au château de Caucalières (canton de Mazamet), aliène une partie des biens de la commanderie. Elle végète encore au XVe siècle, et au XVIe siècle, entre 1538 et 1560, elle est incorporée à Renneville, dont elle devient un des membres10. L'église priorale aurait été détruite en 1681 et l'hôpital en 186511 .

A noter qu'une charte du XIVe siècle précise qu'Arfons est sur la voie allant de Castres à Saissac12.

La dédicace de l'église paroissiale, saint Jean, est à mettre en relation avec la commanderie. Elle est citée en 1317 « Arfontibus »13.

L'église est au centre du village. Elle se compose de cinq travées voûtées d'arêtes. La première est occupée par une tribune; au nord de la seconde une chapelle abrite les fonts baptismaux, et la dernière est flanquée de deux chapelles couvertes d'un simple plafond. Le chœur est prolongé d'une demi-travée, lui même à voûte d'arêtes; la sacristie se trouve au sud du chevet. Le clocher à l'ouest, se compose d'un massif rectangulaire supportant une tour octogonale, surmontée d'une flèche. Le presbytère est accolé à l'angle nord-ouest de l'édifice (PL.XVII) (fig. 1).

 

Jusqu'au début du XIXe siècle le cimetière était accolé au sud de l'église, c'est en 1817 qu'un nouveau terrain, au nord, est acheté en vue de le transférer14 (PL.XVI). L'emplacement de l'ancien cimetière est destiné à devenir une place de marché, c'est aussi l'occasion d'assainir les murs de l'église puisque le terrain doit être mis à niveau avec le sol de l'église, comme le signale une lettre du sous-préfet au préfet du 22 juin 183015. Le plan (PL.XVII), sans date, est vraisemblablement de ces années.

En ce qui concerne la datation de l'édifice, la bibliographie reste très imprécise, Estadieu le date du XIVe siècle16, Crozes du XVle siècle17, Allègre fin XVe ou début XVIe siècle18, début XVle aussi pour Belhomme19, et enfin P. de Trigon du XVIIe siècle, après la chute de la commanderie en 168120

 

Quoi qu'il en soit les modifications du XIXe siècle lui ont ôté presque tout caractère médiéval.

 

En 1822 un devis est dressé pour refaire les voûtes de l'édifice, il est mentionné dans le procès verbal d'adjudication des travaux du 8 juin 182321, « ...construction d'un arceau en bâtisse pour supporter le couvert et d'un plafond en forme de voûte d'arête, conformément au devis qui a été dressé le 6 septembre 1822 par Blanc architecte. ». Pierre Hugues menuisier de Soréze est retenu.

Le 5 décembre 1824 un devis complémentaire dressé par Louis Caylou charpentier comprend entre autres, le « voûtement des quatre espaces d'arceaux », celui-ci est fait en bois, une fenêtre de la sacristie doit être refaite et une fenêtre du «fond » de l'église, déjà murée, doit l'être à l'intérieur. Le total du devis s'élève à 2544 francs. L'adjudication des travaux est faite le 6 mars 1825, Jean Mazar maçon d'Arfons est retenu 22.

 

Un mémoire du desservant de la paroisse, du 3 juin 187223, nous renseigne sur la nature de la voûte de l'édifice. Il précise que celle-ci est de 1822, elle est en bois et cimentée, quatre travées sur cinq n'ont besoin que de légères réparations, les doubleaux en revanche sont en pierre. Mais il faut reconstruire la voûte du chevet, celle de la première travée, et voûter la chapelle des fonts baptismaux qui est directement sous la toiture24.

Au cours de cette campagne le conseil de Fabrique vote, le 14 juin 1872, l'ouverture d'un oculus dans le mur oriental. Le procès verbal de réception provisoire est dressé le 10 février 1873, les travaux ont été exécutés par Zaby et Ferras maîtres plâtriers25.

 

Après la reconstruction des voûtes, le XIXe siècle entraîne aussi la modification des ouvertures.

 

Un devis est réalisé le 29 juillet 187426 par Conzinié, il comprend quatre grands points: la construction d 'une tribune, « les fenêtres à droite et à gauche » dans le chœur dégradées et de tailles inégales « doivent être rendues régulières et cimentées solidement et proprement », deux fenêtres au sud dans la nef « irrégulières et inégales », désaxées par rapport à la voûte doivent être remises « en place normale », et il faut « retoucher l'ancienne pierre de taille qui les forment », et enfin deux « croisées »27 au nord en symétrie doivent être ouvertes. Le total du devis s'élève à 2004,05 francs. Un extrait de registre des délibérations du conseil municipal du11 janvier187628  , mentionne le procès verbal de réception provisoire des travaux. Un procès verbal de réception définitive est dressé le 12 février 187729, mais il n'est pas précisé s'il s'agit des travaux de la voûte ou des fenêtres.

 

En 1949 un bâtiment situé « derrière l'autel de l'église » qui passe pour avoir été la prison, est transformé en sacristie30. Il s'agit certainement de la pièce adossée à l'est du chevet (PL.XVII).

Le XIX` siècle a donc ôté nombres d'éléments susceptibles d'intéresser le médiéviste. Quelques vestiges seulement témoignent du passé de l'édifice.

 

L'arc triomphal est soutenu par des culots sculptés. Au nord (fig.7) un visage joufflu et au sud (fig.8) deux visages aux mêmes caractéristiques. Dans la nef les arcs doubleaux reposent sur des culots simples, ornés d'une croix (fig.6,10). Un autre élément assez particulier est un animal, qui pourrait être une chèvre, sur la face orientale du support ouest de la chapelle nord (fig.9).

L'aspect assez grossier et le manque de finesse de ces éléments sculptés, ne semblent pas être une indication d'ancienneté, il faut certainement y voir le travail d'un artisan local.

 

La chapelle sud, bien que plafonnée, présente des caractéristiques mieux datables. L'arc d'entrée a conservé son caractère initial (fig.3). Le support est ondulant et dissymétrique (PL.XVIII-a) afin de recevoir les ogives. Les moulurations de l'arc s'achèvent par pénétrations dans le support, son profil assez original est de section prismatique, il se compose de trois cavets, mais un méplat vient séparer le second du troisième beaucoup plus profond (PL.XVIII-b). Ce type de profil est attribuable au XVe siècle. La baie au remplage flamboyant, présentant à la fois mouchettes et soufflets (fig.2) est aussi attribuable à ce même siècle.

 

 

D'après Belhomme31 des actes du XVIIe siècle témoignent que la tour du clocher à été refaite. Il mentionne l'existence de « deux fortes pierres taillées façon console et posées en saillie » au niveau d'une ancienne porte murée sur une des faces du clocher, il n'en reste aujourd'hui aucune trace et aucun autre élément caractéristique ne parait pouvoir le dater.

 

 

1 - ENEGRE, Les noms de lieux du Tarn, Toulouse, 1986, § 43, p. 81.

2 - J. L. BIGET, Histoire de Castres, Mazamet, la Montagne, Toulouse, 1992, p. 52.

3 - Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastique, Paris, 1924, T. 3, p. 1670.

4 - « Glanures historiques », dans: K D. T, 1877, vol. 1, p. 44.

5 - BELHOMME, « Notice historique sur le lieu d'Orfons vulgairement Arfons », dans, Mémoires de

la société archéologique du midi de la France, Toulouse, 1847, T. 5, p. 228.

6 - Témoignage de Raymond de Dourgne, Pons de Lolobat et, Raymond Dupui, le 3 mars 1237. Dans,

BELHOMME, op. cit., p. 231.

7 - BELHOMME, op. cit., pp. 234-235.
8 -
J. L. BIGET, op. cit., p. 85.
9 - BELHOMME, op. cit., p. 233.

10 - Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastique, Paris, 1924, T. 3.

11 - P.. DE TRIGON, dans, RD. T, 1976, n° 84, pp. 381-382

12 - BELHOMME, op. cit., pp. 241-243.

13- Gallia Christiana, T.XIH, col. 268.

14 - A.D.T., 149 Edt 2 M.

15 - Ibid.

16 - ESTADIEU, Annales du Pays Castrais, Marseille, 1977, p. 446.

17 - H. CROZES, Répertoire archéologique du département du Tarn, Paris, 1865, p. 56.

18 - V. ALLEGRE, Les richesses médiévales du Tarn, Art Gothique, Toulouse, 1954, T.1, p. 44.

19 - BELHOMME, op. cit., p. 255.

20 - PAUL DE TRIGON, op. cit., p. 381-382.
21 - A.D.T,, 149
Edt 2 M.

22 - A.D.T., 149 Edt 2 M.

23 - A.D.T., 2o 16-2.

24 - La chapelle nord abritant actuellement les fonts baptismaux, ne devait pas exister à cette époque,

comme le laisse croire le cadastre de 1834, et le plan du début du XIXè siècle (PL. 1 et 2). Ils devaient

certainement se trouver dans la chapelle orientale nord, car la baie de la chapelle sud n'a                    pas

subie de transformation. Ceci dit, aujourd'hui cette chapelle ne possède pas de voûte.

25 - A.D.T., 2e 16-2.
26 -
Ibid

27- Certainement des fenêtres.
28 - A.D.T., 2o 16-2.
29 - Ibid.

30 - A.D.T., 149 Edt 2 M.

31- BELHOMIv1E, op. cit., p. 255.

 

 

 

 

NOTRE - DAME des Escudiès.

 

IGN 1/25000 Revel 22 44 EST
                                                 Coord. Lambert

X = 588,685 Y = 3126,675 Z = 740

 

 

Le hameau des Escudiés se trouve à 2,5 km au nord-ouest d'Arfons. D'après P. de Trigon1, la commanderie fonda une chapelle pour la garnison installée dans le nouveau hameau. Elle était au départ desservie par des chapelains dépendant de l'Ordre de Saint - Jean de Jérusalem, puis après la disparition de la commanderie par les curés de la nouvelle paroisse d'Arfons. Elle devient elle même paroissiale en 1853.

 

L'église actuelle à été érigée à partir de 1865, en effet un procès verbal d'adjudication pour la reconstruire retient Jean Albouy le 12 novembre 18652. Le procès verbal de réception définitive des travaux est daté du 16 décembre 18673. Il semble bien que cette église ait été bâtie ex-nihilo puisqu'elle n'apparaît pas sur le plan cadastral de 1834 et la carte de Cassini ne fait même pas mention d'une chapelle (PL.II). Si celle-ci a réellement existé, sa localisation reste inconnue. Belhomme, lui précise que l'on bâtis actuellement4, une chapelle dans le hameau des Escudiés, où il existe assez d'habitations pour ce faire5.

 

1 - P. DE TRIGON, op. cit., p. 381-382. Il ne donne pas de références chronologiques.

2 - A.D.T., 2o 16-2.

3 - Ibid.

4 - Entre 1841 et 1847. Dates que couvre le T. V, des Mémoires de la société archéologique.
5 - BELHOMME, op. cit., p.256_