INTRODUCTION

 

 

CONTEXTE PEDOLOGIQUE.

 

 

 

Le piémont nord de la Montagne Noire représente un cas de figure classique de contact entre un bassin sédimentaire et un massif de type hercynien. Contact qui s'effectue par l'intermédiaire d'une dépression périphérique parsemée de buttes et fermée du côté externe, au nord et à l'ouest, par des lignes de cuestas (coteaux dissymétriques) avec des villages de hauteurs comme Saint-Félix de Lauragais, Puylaurens, Lautrec, et à l'est et au sud, par les monts de Lacaune et la Montagne Noire1.

 Le canton de Dourgne se divise en trois grands ensembles, représentatifs de cette zone de contact. Au sud des terrains d'âge primaire, la Montagne Noire, composés essentiellement de micaschiste, et gneiss. Au nord des terrains du quaternaire, folinés d'alluvions fluviatiles, où l'on trouve beaucoup de galets de quartzite. Et dans la zone intermédiaire des terrains du tertiaire, composés de molasses calcaires, et en particulier pour Dourgne de calcaire marmoréen.

 

Ces données géologiques sont d'une grande influence sur la construction, puisque les matériaux employés sont généralement extraits par souci d'économie le plus près possible des chantiers.

 

CADRE HISTORIQUE.

 

 

En ce qui concerne la juridiction ecclésiastique, les paroisses du Sorèzois appartiennent au diocèse de Toulouse qui dépend de l'archevêché de Narbonne, jusqu'à la réforme de Jean XXII en 1317, 13182.

Le 22 février 1317, Jean XXII fixe les limites du nouveau diocèse de Lavaur3 et énumère dans sa bulle pontificale les paroisses qui en feront partie 4. Et le 26 septembre 13175, le prieuré de Saint-Alain de Lavaur est érigé en évêché6 (PL.III). Il est séparé, au nord, du diocèse de Castres par les rivières du Thoré et de l'Agout, la Montagne Noire,

Au sud, le sépare des diocèses de Saint-Papoul, Carcassonne, Narbonne et de Saint-Pons à l'est. Il dépend du nouvel archevêché de Toulouse, qui constitue sa limite ouest7. 

Au temps des Trencavel et des comtes de Toulouse, presque toutes les terres du Sorèzois appartiennent à deux grandes familles que sont les Lautrec et les Saissac (PL.VIH). Les premiers possèdent Dourgne, Puylaurens et les châteaux de la partie nord-est. Les seconds, Bruniquel, Durfort, Roquefort, et les châteaux de la partie sud-ouest8. A cela vient s'ajouter les possessions des abbayes Saint-Benoît de Castres et Sainte-Marie de Soréze (PL.VII).

 La guerre entre les comtes de Toulouse et les Trencavel est permanente durant la seconde moitié du XIIè siècle. C'est l'occasion, en 1117, pour Raymond V d'appeler à son aide le chapitre général de Cîteaux, pour libérer « sa terre » de l'hérésie. C'est le début de la crise cathare qui prendra fin entre le 12 avril 1229 avec le traité de Paris et la mort de Raymond VII en 1249, ce qui occasionne une nouvelle géographie politique(PL.III)9

Après la mort du dernier comte de Toulouse, le Languedoc est rattaché à la couronne. Le Sorèzois dépend alors de la sénéchaussée de Toulouse, mais la partie nord-est, Dourgne, Puylaurens, dépend de la jugerie de Villelongue et le sud-ouest, Soréze, Montgey, fait partie de la jugerie de Lauragais. Donc lorsque le Lauragais est érigé en comté, en 1478, et en sénéchaussée en 1553, cette partie du Sorèzois y est presque toute comprise. Tandis que Dourgne reste dans la sénéchaussée de Toulouse10.

 A la suite de la paix retrouvée, occasionnant les constructions de la première partie du XIIIe siècle, il semble d'après V. Allègre, que contrairement au reste du département, la région castraise a connu un ralentissement de l'effort architectural. Il faudra attendre la création du diocèse de Lavaur, pour assister à un véritable essor durant le XIVe siècle11.

Cependant l'élan des bâtisseurs est sérieusement ralenti dès la seconde moitié du XIVe siècle, en effet la région est encore une fois le théâtre d'événements difficiles. Le traité de Brétigny, en 1360, en fait un pays frontière et en 1375 les anglais ne possèdent plus dans le midi que les territoires de Bordeaux et de Bayonne, mais c'est durant cette période que les mercenaires à leurs soldes, s'installent dans les forteresses locales. C'est aussi une époque de lutte entre le comte de Foix promu en 1380, par Charles V, gouverneur du Languedoc et le duc de Berry qui obtient du jeune roi Charles VI, son neveu, le gouvernement de la même province en 138112. Selon L. de Lacger, un tiers des églises du diocèse de Lavaur sont appauvries en 1380.

 

Les guerres de Religion (PL.IX), ponctuées de trêves, s'étendent de 1561 à 1629, jusqu'à la paix d'Alais signée le 27 juin de cette même année. La paix la plus durable, qui est la seule où les hommes ont pu tenter un effort de

reconstruction ou de restauration s'étend de 1596, le temps de soumission des grandes villes après la conversion d'Henri IV en 1593, à 1621 où le duc de Rohan nommé général de la province de Haut Languedoc et Haute-Guyenne, s'installe à Castres13. Le canton bien sur n'est pas en reste, on peut citer les prises successives de Soréze, qui verront la destruction de l'église paroissiale Saint-Martin, Dourgne dont les voûtes de Saint-Pierre sont détruites, Massaguel, Durfort, Soual, Lagardiolle, Verdalle... En fait aucun village de la région n'a pu être épargné14.

Du temps des guerres, le gouverneur protestant du Lauragais réside ordinairement à Soréze ou à Puylaurens15. Sa juridiction correspond à peu prés au diocèse de Lavaur.

 

La Révolution ne sera pas le moindre fléau, c'est non seulement la disparition d'objets d'art, mais aussi la destruction de nombreux édifices religieux, qu'elle occasionnera. V. Allègre la définit comme telle :<< ... si l'on tient compte qu'en 1802, lorsque les églises furent partout rouvertes, quatre cent quarante-sept centres religieux seulement furent rétablis dans le Tarn, cent soixante-sept restant supprimés, on peut se convaincre de l'appauvrissement de la région en édifices religieux de l'époque médiévale venant s'ajouter aux irrémédiables pertes en objets d'art. »16.

 

1 - Histoire de Castres, Mazamet, la Montagne, Toulouse, 1992, p. 10-11.
2 - Idem.

3 - L. DE LACGER, Etats administratifs des anciens diocèses d'Albi, de Castres et de Lavaur, Paris, 1921, p. 128.

4 - H.G.L., T. V, col. 1538, 1540.

5 - L. DE LACGER, op. cit, p. 128.

6 - La Gallia donne la date de 1318 et non 1317, dans le mémoire j'utiliserai la date de 1317, qui est celle que l'on rencontre le plus souvent dans les textes.

7 - A. VIDAL, « Organisation ecclésiastique du diocèse de Lavaur », dans, RD_T., vol. X, 1893, pp. 173-189.

8 - Idem.

9 - J. A. CLOS, « Abrégé chronologique de l'histoire du Sorèzois », dans, RD.T., vol. XIII, 1896, p. 27.

10 - Histoire de Castres, Mazamet, la Montagne, Toulouse, 1992, pp. 10-11.

11 - V. ALLEGRE, Les richesses médiévales du Tarn, Art Gothique, Toulouse, 1954, T.1, pp.25-26.

12 - J. L. BIGET, Histoire de Castres, Mazamet, la Montagne, Toulouse, 1992, pp. 81-90.

13 - Pour les détails locaux, voir, M. DE POITEVIN, Histoire de Castres, Mazamet, la Montagne,

Toulouse, 1992, pp. 119-141.

14 - V. ALLEGRE, Les richesses médiévales du Tarn, Art Gothique, Toulouse, 1954, T.1, p. 48-62.

15 - Histoire de Castres, Mazamet, la Montagne, Toulouse, 1992, pp. 10-11.

16 - V. ALLEGRE, op. cit., p. 76.