Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                       PARU DANS  LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE N° 16 - 2011 - pages 3-71

 

 

 

LES REMPARTS ET LA PRESENCE MILITAIRE DANS LA BASTIDE DE REVEL.

par Jean Paul Calvet

RETOUR ACCUEIL

 

 

 

 

Deux faits importants sont à l’origine de cette publication sur les remparts de Revel. Le premier est la donation faite à la mairie de Revel de quatre plans inédits dits « PLANS MAGUES » en mai 2009, qui permettent de mieux connaître l’urbanisme de la ville à la fin du XVIIIème siècle et notamment les structures défensives de Revel.
Ces plans très précis et détaillés permettent de développer de façon significative la présente étude.
Le deuxième fait est l’étude « in situ » des restes du rempart situés près de la place du Paty (cette recherche a été dynamisée par la « lecture » des « plans Magués ») .
Les archives municipales, et notamment celles concernant la « destruction de la maison de Terson » en 1829  près de l’actuel square de la poste, ont été aussi déterminantes et nous permettent, en annexe, de lever un voile sur la problématique de la modernisation de la ville qui s’est opérée dès le XVIIIème siècle.
Nous avons élargi le « dossier » en reprenant les grands faits historiques concernant Revel ainsi que les éléments concernant la présence militaire dans notre ville. Ainsi, les remparts se placent dans un important contexte géopolitique et stratégique et permettent d’avoir une autre approche concernant la place prépondérante  de notre ville pendant certaines périodes historiques ….
Nous avons largement puisé les principales informations historiques dans les monographies de Pierre-Antoine Barrau  - Frère Léodère Géry - Gustave Doumerc - l’Abbé Morère - Victor Collado - les Archives Départementales de la Haute Garonne (ADHG),  les Archives Municipales de Revel (AMR),  du Tarn (ADT) et celles de la ville de Toulouse (AMT)..

 

 

LE « PHENOMENE BASTIDE »

 

Le « phénomène bastide » que l’on fait commencer en 1222 avec la fondation de la bastide de Cordes(1), va durer pendant plus d’un siècle et demi  (peu après 1370). Ce phénomène est constitué de plusieurs étapes de fondations (voir le graphique pages suivantes ).
Revel fondé en 1342, donc presque à la fin du « phénomène », fera partie de la dernière étape : la 4ème génération, qui sera une des générations de bastides royales .
A ce titre, elle bénéficiera de l’expérience des bastides fondées précédemment. Revel est considérée comme une bastide typique bien structurée.
En moins de 150 ans,  plus de 300 villes seront ainsi fondées souvent « ex nihilo », créant ainsi une véritable révolution urbaine dans le sud-ouest.
Si la fondation des bastides après la guerre des albigeois répond essentiellement à des besoins sociodémographiques (notamment pour fixer les populations), d’autres objectifs sont liés à ce « phénomène » : 

  1. extension du pouvoir royal dans la région pour  diminuer la « féodalité » et limiter les pouvoirs des seigneurs locaux (y compris pouvoirs religieux)
  2. démarche économique pour le roi en prélevant des impôts
  3. dynamisation de l’économie et essor démographique. 

Les autres objectifs importants, sont les impératifs stratégiques et militaires.

 

 LES FORTIFICATIONS

 

 La notion de sécurité au Moyen-âge est importante. Ainsi avant la création de bastides, les communautés se regroupent autour de mottes castrales, villages ecclésiaux, castra, castelnaux ou sauvetés (la plupart ont des structures défensives).  

De nombreuses « chartes de coutumes »(2), dont celle de Revel, prévoient dès la fondation, la possibilité pour les habitants d’édifier un système de défense qui s’apparente comme l’octroi d’un privilège de liberté et qui indirectement donnera beaucoup de fierté aux habitants (beaucoup d’armoiries de bastides portent la présence de murailles ou tours crénelées) (3)

 Toutefois dès le début du « phénomène bastide », qui commence à la période où est signé le « traité de Meaux » (1229 – ce traité stipule l’interdiction de remparts) (4), de

nombreuses places fortes existantes du comte de Toulouse sont démantelées (dont Toulouse et plus de 30 villes fortes) . Ainsi la plupart des futures bastides n’auront pas de remparts lors de leur fondation (5).

C’est essentiellement avec les Plantagenets que les remparts seront construits notamment en haut-agenais. En effet les hostilités d’Edouard 1er avec Philippe le Bel à propos de la Guyenne,  avant que la guerre de Cent Ans soit déclarée, font que  les villes se renforcent derrière des remparts. La rivalité entre Capétiens et Plantagenets va prendre de l’ampleur, débouchant sur une guerre qui durera presque un siècle…

1229 - le traité de Meaux – appelé aussi « Traité de Paris » ou de « Paris-Meaux ».

CONTEXTE GENERAL POLITIQUE LORS DE LA FONDATION DE Revel

- 1337 : guerre de Cent Ans , le roi de France proclame la confiscation du Duché de Guyenne et déclenche aussitôt des opérations militaires, débutant ce que l'on appellera a posteriori la guerre de Cent Ans.

- 1340 : raid français le long de la Garonne.

- 1342 : FONDATION DE Revel

- 1346 : Bataille de Crécy

- 1345 : une armée anglaise débarque à Bordeaux et surtout à Bayonne sous les ordres du comte de Derby, pour soutenir les gascons contre les troupes françaises. Conquête de la Saintonge par les anglais, et chevauchée (= expédition ravageuse) d'Henri de Lancastre. 1347 voit le retour d'une paix provisoire.
- A partir de 1340 apparaît la disette.

- 1348 : la peste noire (qui réapparaitra en 1358, 1361, 1405 et 1550) dévaste la population affaiblie.

 Les Juifs tenus pour responsables ("ils empoisonnent l'eau des puits"), sont pourchassés, parfois massacrés, et expulsés en 1394. Un tiers des habitants meurent de la peste.
- 1352 : coups de main des Français, auquel répond le prince de Galles Edouard (surnommé plus tard le Prince Noir).

- 1355 : la chevauchée du Prince Noir (Castelnaudary – Carcassonne – Narbonne)

- 1356 :  la chevauchée du Prince Noir, partie de Bergerac, aboutit à la victoire anglaise de Nouillé près de Poitiers pour faire prisonnier jusqu'en 1362 Jean II le Bon (=le Courageux) ; il a été aidé par les Gascons de Jean de Grailly, captal de Buch.

- Jacqueries en 1358.

- 1360 : extension maximum de la Guyenne anglaise

- 1362 :  l'Aquitaine, qui n'est plus vassale de la France depuis le traité de Bretigny (1360) mais de l'Angleterre, est érigée en principauté pour le Prince Noir. L’Aquitaine anglaise est à son expansion maximum.

- Charles V consacre son règne à la reconquête.

- En 1367-68, du Guesclin, prisonnier en Espagne, est tenu en captivité à Bayonne et/ou à Bordeaux. Libéré contre rançon, il reprend par la stratégie de guérilla le Poitou, l'Aunis et le Saintonge en 1370.

-  En 1372, le prince rend l'Aquitaine (qui redevient duché) à son père. Malgré la chevauchée de l'Anglais Jean de Lancastre en 1373, seules les régions de Bordeaux et de Bayonne demeurent anglaises en 1377.
- Révolte des Tuchins du Languedoc (ou tuchinat) à la fin du XIVème siècle, rébellion contre le nouvel impôt de la gabelle et contre le pouvoir royal.

 

 

 

Un document peu connu citant Revel dès le mois d’ octobre 1343…

(archives de Toulouse - AA35/52 ).

 

Lettres patentes du roi Philippe VI hôtel de Chanteloup, près Montlhéry, octobre 1343. Ratification de l'ordonnance d'Agout de Baux, gouverneur et sénéchal de Toulouse et d'Albigeois et lieutenant de roi au pays de Languedoc, donnée à Agen, 11 février 1343.

 

Texte de l'ordonnance.

« La ville (de Toulouse) a gracieusement offert la somme de 3000 livres de petits tournois pour la subvention des guerres de l'année; en reconnaissance, le lieutenant de roi fait les déclarations suivantes :

1° il ne sera fait de l'année aucune nouvelle demande de fonds aux habitants de Toulouse, à moins d'invasion du royaume ou d'autre urgente nécessité;

2° amnistie générale des habitants pour les délits contre les ordonnances des monnaies, le crime de fausse monnaie excepté, et les contrats usuraires ;

3° contribution de tous les habitants de Toulouse à la cotisation du don gratuit, même s'ils sont bourgeois et jurats de la bastide de Revel et autres bastides, pourvu qu'ils n'y fassent pas leur résidence ;

4° amnistie pour les appels téméraires;

5° remise des obligations pieuses imposées par testaments, comme entretien de chapelains, fondation de messes, rentes en argent, en blé, huile ou cire; dans le corps de l'ordonnance est insérée la commission de lieutenant de roi donnée par Philippe VI au sénéchal de Toulouse; Châteauneuf-sur-Loire, 10 novembre 1342. Le roi établit son « amé et féal chevalier et conseiller Agout de Baus, sire de Brancol et de Plasian, seneschal de Tholose, son lieutenant et capitaine général dessus et devant tous autres en toutes les parties de la Langue d'Oc », et lui donne pouvoir « de mettre et oster toutes manières d'officiers », de poser et changer les garnisons de gens d'armes et de pied, d'installer capitaines et gens de guerre dans les lieux royaux, d'assembler des troupes, de faire des accords de finance, de prendre des fonds dans toutes les recettes et monnaies, d'accorder aux villes des lettres de rémission et des privilèges, de donner des lettres d'état, d'obtenir des subsides pour la guerre, d'accorder des amnisties, de faire des anoblissements.

 Le sénéchal remplace l'évêque de Beauvais, qui retourne auprès du roi ».

 

 

 

 

 

En 1360, les possessions anglaises se rapprochent du Lauragais (100 km environ).

Revel est située dans une zone « sensible ». En deux décennies le « front  franco-anglais » a bougé de plus de 100 à 200 km. La fondation de Revel n’est certainement  pas étrangère à la situation géopolitique de l’époque. La chevauchée du « Prince Noir » en 1355 a créé des ravages dans le pays et une intense émotion, heureusement Revel récemment fondée (depuis 13 années seulement)  a été épargnée ... Les remparts étaient devenus indispensables !

 

 

 

A partir de 1279, le contexte politique change et les enceintes fortifiées vont se multiplier autour des bastides. Ainsi Philippe le Hardi crée en 1281 Domme avec des remparts, Édouard Ier répond par Monpazier en 1284, également avec des remparts.

Les cinquante ans de paix dans le respect du Traité de Meaux ne sont plus qu'un souvenir .

De proche en proche, le mouvement qui pousse à fortifier les bastides va s'intensifier au début du XIVème siècle,  jusqu'en 1337 lorsque la guerre de Cent Ans débute officiellement.

Ainsi, les remparts participent dorénavant d'une fonction de sécurité, mais certaines d'entre elles d'une fonction militaire le long de la frontière entre Capétiens et Plantagenets » (G.Odo).   

Les frais occasionnés pour la construction de remparts étaient très importante, ainsi certaines villes n’ont pas édifié leurs murailles de suite, à Montflanquin il a fallu attendre 25 années, à Mirepoix  83 ans !

 

Mais n’oublions pas que les remparts ne font pas la bastide.  Nous reprendrons la citation de G. Odo :

« D'une façon générale, il faut insister sur le fait que nombreuses furent les bastides qui n'ont jamais eu de remparts et que d'autres ne les ont eus que tardivement.

En effet,  les Bastides doivent être considérées comme des ensembles urbains répondant à des besoins complexes et plus ou moins dominants suivant les différentes périodes de leur existence. Il est heureux qu'il en soit ainsi, sinon qu'en serait-il resté une fois les remparts et la fonction militaire disparus. »

 

 

Représentation très « stéréotypée » du système de porte dans un rempart de bastide. Il n’est pas du tout certain que les portes de Revel correspondaient à cette typologie de porte (source CEB)

 

LA BASTIDE DE Revel LORS DE LA FONDATION ET SES REMPARTS

 

Nous ne reviendrons pas sur l’origine de la ville de Revel, largement développée dans plusieurs publications  et notamment dans les récentes études de M. Pierre Bouyssou, qui jettent un nouveau regard sur « L’origine du nom de Revel »  (6)

En ce qui concerne l’objet de cette étude, nous  nous permettrons de rappeler que cette bastide, selon la tradition véhiculée par les principales publications, aurait été bâtie au sein de la vaste forêt de « Bauré », pour pacifier la contrée, repaire de brigands, où de nombreux crimes étaient perpétrés, et pour empêcher les animaux « sauvages » de nuire aux collectivités établies dans la région.

 

De nombreuses requêtes à cette époque, effectuées par les habitants de Vauré, Dreuilhe et Vaudreuilhe auprès du roi, argumentaient ce fait (7).

 

Mais nous savons que les causes de cette implantation de bastides étaient certainement autres, elles obéissaient à des critères plutôt politico-socio-économiques (8), voire géopolitiques (voir carte page précédente). Mais tel n’est pas l’objet de cette publication…

 

Lorsque Revel a été créée en 1342, très rapidement,  la population s’est accrue jusqu’au chiffre de trois mille habitants (mais nous resterons sceptiques sur ce nombre trop important proposé dans la plupart des monographies) attirés par les nombreux privilèges proposés par cette bastide royale (9) .

Revel aurait pu s’accroître bien au delà de ce chiffre et de ses limites. N’aurait-on pas, dès sa fondation, prévu d’autres places identiques à la place actuelle du beffroi (prévoyait-on une importante extension ?), qui auraient pu se situer sur les quatre padouvencs  (10)

Même les consuls de Toulouse, en leur temps, s’étaient « émus » de l’éventuelle concurrence que Revel pourrait leur porter (11)

Toujours est-il que cette expansion ne s’est pas réalisée, tout simplement parce que Revel a été bâtie pendant une époque troublée et difficile : celle de la guerre de Cent Ans, des grandes épidémies de peste (Revel, après la peste de 1348, qui avait connu son maximum d’intensité durant l’été, avait perdu plus de la moitié de sa population, seulement six années après sa fondation)(12), d’un pays ravagé par l’épopée du Prince Noir, de conditions climatiques qui vont rapidement se détériorer et entraîner disettes et famines (époque du « petit âge glaciaire médiéval ») (13) (voir les courbes démographiques page suivante)…

 

Ainsi d’après de nombreux historiens (cf. C. Gauvard p.343 et suivantes) « entre 1300 et 1346, on compte en bas et haut Languedoc, vingt-cinq années de pénurie qui créent des difficultés d’alimentation au moment de la soudure, c’est à dire pendant les mois de printemps, quand les réserves d’hiver sont épuisées parce qu’elles ont été insuffisantes et que les nouveaux blés ne sont pas récoltés, cette crise s’étend au delà des Pyrénées rendant impossible l’importation de blé».

Deux très graves famines (1339-1341 et 1343-1346) contemporaines de la création de Revel vont marquer profondément cette période. Ces crises frumentaires ont peut-être provoqué rapidement la construction de la bastide de Revel ( le regroupement de la population permettait peut-être de diminuer les effets de la crise) (14).

 

 La chevauchée du Prince Noir (1355) ayant fait des ravages dans les villages de montagne et dans des villes importantes jusqu’à Narbonne (Castelnaudary, Carcassonne, etc…), avait fortement impressionné la population revéloise, qui, à la hâte, aurait construit des fortifications autour de la ville dès 1355 (15).

Heureusement, ces fortifications ne serviront pas pour se protéger du prince anglais, le « prince » ne passera pas à Revel (elles serviront surtout pendant les guerres de religion ...).

 

Dès 1344, des lettres patentes royales différencient l’extérieur et l’intérieur de la ville :

« par lettres patentes du 4 septembre 1344, deux arpents de terre sont concédés à l’intérieur de la ville aux commandeurs et chanoines de Saint-Antoine de Viennois de Toulouse et de Revel pour y édifier une église, maison et commanderie de leur ordre ».

 

 Par la mention « à l’intérieur de la ville », signifie-t-on qu’il existe déjà des remparts ou parle-t-on simplement des « limites géométrales » de la ville ? On peut s’interroger - des remparts existaient-ils déjà en 1344 ?

 

Le roi Charles V, à la prière de son frère le Duc d’Anjou, anoblit par lettres patentes datées du  15 septembre 1377 deux arpents de terre pour l’ordre des frères prêcheurs de Saint-Dominique connus sous le nom de Jacobins (entrée de l’établissement religieux sous la galerie du Levant). Dans la localisation de cet espace, on précise qu’au levant un chemin de ronde le séparait des murs de la ville (le rempart existait donc à cette époque – 35 années après la fondation) .

 

Ces fortifications ainsi figées, bloquaient dans l’immédiat toute expansion de la ville.

Cette expansion « extra muros » ne se fera qu’à la fin du XVIIIème siècle (16) .

Comme nous l’avons déjà dit plus haut, rares sont les bastides qui dès la fondation sont entourées de murailles. Revel n’en avait certainement pas en 1342 ( ?), lors de sa création. Toutefois la charte de fondation royale prévoyait dès sa fondation, la possibilité pour la ville de se protéger ,ainsi sur deux articles on peut lire :

 

article 20 – « Que les consuls de la dite ville ensemble bayle et les autres officiers du roi, notre seigneur ,en la dite ville, puissent garder la ville en armes de jour et de nuit , prendre, faire prendre  et arrêter les délinquants, malfaiteurs, les mettre dans les prisons de ladite bastide, pour les punir de leurs méfaits. »

 

 article 22 – «  Que les consuls de ladite université puissent fermer ladite ville et son intérieur, ou à l’entour faire des fossés, retranchements, portes, murailles et tours, sans qu’ils soient tenus de rien donner pour prix ou amende au roi notre Seigneur , avec le droit aux habitants de remplir d’eau des dits fossés et retranchements d’en faire des viviers d’y tenir du poisson, et de faire de celui-ci à volonté. »

 

On ne connaît pas la structure(17) ni les limites exactes du rempart primitif, on en est réduit à supposer que le tracé suivait approximativement celui révélé par les divers plans du XVIIème et XVIIIème siècles (l’espace occupé par les divers moulons est aussi révélateur).

 

Concernant la présence de portes sur ces fortifications dès l’origine de la ville, on en est réduit à la même démarche, on ne peut que supposer la présence de quatre portes situées à l’extrémité de la rue Notre-Dame (porte Notre Dame), de la rue Marius Audouy (porte Saint-Antoine), de la rue Victor Hugo (porte de Castres), de la rue de Soréze (porte de Soréze) .

 

 

NOTES

 

1-Pour certains historiens, la première bastide fondée fut celle de Cordes par Raymond VII, comte de Toulouse. On a souvent préféré l'année 1144, année de fondation de Montauban par Alphonse Jourdain, comte de Toulouse, comme le début de l'ère des bastides. Mais la construction de Montauban est considérée aujourd'hui comme un événement isolé, certes exceptionnel et innovant (situation, plan organisé et privilèges accordés), mais sans lien précis avec les fondations massives des deux siècles suivants.

D'autres villages, comme Saint-Félix-Lauragais fondé en 1167 et Lauzerte fondé en 1194 pourraient prétendre au titre de "première bastide".

Mais l'année, année de fondation de, correspond mieux à un élan de construction, initié par le nouveau comte de Toulouse Raymond VII. Par ailleurs, la fondation des bastides se place dans des traditions plus anciennes, d'abord antiques avec les fondations de colonies, ensuite médiévales avec des fondations de sauvetés initiées par Guillaume le Pieux ou Géraud d'Aurillac(réf. Wikipédia).

2- Certaines ont été rédigées dès le XIIème siècle (Narbonne, Béziers en 1130, Toulouse en 1155), dans le nord dès le Xème siècle (elles sont appelées « charte de communes » - Saint-Quentin en 1080 – Beauvais 1099). Nous sommes dans ces cas en dehors du « phénomène bastide » (cf. C.Gauvard, p. 210-212)…

3-Pour Revel les armoiries font essentiellement référence aux symboles royaux (couronne et fleurs de lys)

4- Dans un court extrait du « Traité de Paris » (ou « Traité de Meaux »), les directives sont claires et nettes pour le Comte de Toulouse : «nous ferons (le comte de Toulouse) raser les murs de Toulouse et combler les fossés... De même nous ferons détruire jusqu’à leurs fondations les fossés des trente villarum et castrorum suivants, Fanjeaux, Avignonet, Puylaurens...plus cinq autres à la discrétion du légat. Nous ne pourrons les reconstruire sans l’accord de l’Eglise et de notre seigneur le roi, ni élever ailleurs de nouvelles fortifications. Nous pourrons en revanche si nous le voulons, fonder des villes non fortifiées sur les terres qui nous sont laissées».

5-Dom Vaissette dans son Histoire du Languedoc fonde d’ailleurs le début du « Phénomène bastide » avec le Traité de Paris :  «le roi ayant engagé le comte de Toulouse par le traité de Paris de l’an 1229 à raser les fortifications et à ne pas construire de nouvelles forteresses, on donna le nom de bastides aux nouvelles villes qu’il fonda depuis en assez grand nombre dans le pays parce que tous ces lieux furent d’abord ouverts et sans défense…» 

6-  Voir « LES CAHIERS DE L’HISTOIRE » n°14 – 2009 

7-  Voir document en annexe et notamment la requête du Sieur Molles de Puiredon, premier Consul de Revel adressée à Monseigneur Gabriel-Marie de Talleyrand-Périgord, Comte de Périgord et de Grignols, Prince de Chalais , Grand d'Espagne de la première Classe , Chevalier des Ordres du Roi , Maréchal - de  -Camp , Gouverneur et Lieutenant Général de la Province de Picardie et Pays Reconquis , Commandant en Chef dans celle du Languedoc

8-  Nous savons qu’un des objectifs de la création des bastides était la possibilité pour le roi de lever des impôts. En effet, l’impôt royal  se fait plus pesant avec la guerre anglaise après 1328. Philippe VI opère neuf levées d’impôts entre 1332 et 1343. La fondation de Revel pourrait aussi s’expliquer par le besoin de créer de nouveaux espaces d’imposition.

9- Cf. monographies de Revel de G. Doumerc et Léodère Géry

10-  Cf. Dom Vaissette et P.A. Barrau  (Léodère Géry écrit que ces espaces étaient prévus pour les portes de la ville).

Une grave crise démographique liée aux problèmes de famines, disettes, guerre, a été déterminante pour le non-développement de la ville. Les chiffres d’autres villes témoignent de la gravité de la situation :

-Toulouse passe de 30000 habitants en 1335 à 20000 en 1435 (et en plus on ne comptabilisera pas dans ces chiffres l’important exode rural à cette époque qui a pu minimiser les différences de la courbe démographique – voir courbe diagramme page suivante). Albi passe de 10000 à 5000 habitants pendant la même période, Castres de 9350 habitants vers 1345 à 4025 en 1373 (cf. Histoire de Castres, Mazamet la Montagne Noire – p.105).  

11-  Toulouse en 1335 compte 30000 habitants (cf. C. Gauvard – 2010 – p.348.  Revel d’après les monographies écrites sur la ville aurait très rapidement atteint 3000 habitants.

12-  Cf. Gustave Doumerc

13- Aucune date précise ne fait l'unanimité pour marquer le début du petit âge glaciaire : plusieurs évènements, plus ou moins anciens, sont cités comme faisant potentiellement partie du petit âge glaciaire, avant la date du premier minimum climatique avéré. À partir du XIIIe siècle, la banquise de l'Atlantique nord s'étend vers le sud, ainsi que les glaciers du Groenland. En 1315 débutent trois années de pluies torrentielles, point de départ d'une période météorologique mouvementée qui dure jusqu'au milieu du XIXe siècle.

14-  Au XV° siècle, le Languedoc connaît plusieurs famines générales (1419-1420, 1430-1433, 1456-1458, 1480-1483) (cf. Histoire de Castres, Mazamet la Montagne Noire – p.106).

15- On retrouve ces assertions dans la plupart des monographies concernant Revel.

16- Voir publication de J.P. Calvet sur les « Cahiers de l’Histoire de Revel » n°15 – 2010. Les plans Maguès.

17- L’enceinte de Castelnaudary pendant la guerre de Cent Ans, était constituée en grande partie de terre crue massive et colombage/torchis et hourds (étude de Frédéric Loppe). Pour Revel il aurait pu en être pareil.  Voir aussi M.C. Marandet – 2006 p.287 et suivantes et Baudreu D. – 2003.

18 Archives de la Haute Garonne, 51 B 55 fos 602-607 : concerne les lettres d’amortissement accordées par Louis XIV à la communauté de Revel – mai 1690

« … Et de mettre leurs portiers aux quatre portes de la ville, sur lesquelles il y a une tour à chacune pour les loger ».

Jean Ramière de Fortanier  ( « Les droits seigneuriaux dans la sénéchaussée et comté de Lauragais - 1553 - 1789... ») précise : « ... et les quatre portes de la ville chacune contenant un oratoire... ».

Voir aussi annexe 8  (en fin d’article).

 


ACCUEIL