Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                                                 A PARAITRE DANS LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE numéro 14 – 2009 

SAINT JULIA de GRAS CAPOU 

 Sylvie MALLARY

 

La commune de St Julia s'étend sur le rebord de la cuesta dite de St Félix. La partie la plus haute culmine à 295 mètres d'altitude.
C'est sur cette hauteur que se situe le village de St Julia.
Le territoire communal s'étire à l'ouest sur un relief moins accentué. L'altitude devient relativement faible surtout dans la vallée de la Vendinelle.
Julia est une forme languedocienne du latin Julianus. St Julien est un nom de saint très ancien dont le culte s'est répandu au début du Vème siècle.

APERÇU HISTORIQUE

Saint Julia est mentionné pour la première fois en 1226.
A cette époque, Raymond VII, comte de Toulouse, donna à Roger Bernard, comte de Foix, le château de St Félix et toute sa mouvance qui comprenait quinze villages voisins, au nombre desquels figurait St Julia.
D'après l'Abbé Aragon, St Julia aurait eu une charte de coutûmes qui aurait disparu. Il semblerait que l'emplacement où fut élevé le village de St Julia ait été occupé primitivement par un habitat antique.
En mars 1961, M. Viallèle, curé du village, a signalé que lors de tranchées creusées dans le village, les ouvriers avaient trouvé au sud-ouest de la base du clocher de l'église et à un mètre de profondeur, du mortier rose.
La tradition orale rapporte le fait que St Julia fut à l'origine une colonie romaine sous le nom de FANUM JULII.

LE BOURG CASTRAL

      Le plan cadastral napoléonien dessine un premier parcellaire arrondi autour de l'église. Cette structure  circulaire constituerait un premier petit noyau fortifié.
     C'est sans doute à cet emplacement que se localisaient l'église et le cimetière médiéval. Plus tard, le village s'est développé hors de la première enceinte fortifiée pour former un véritable bourg castral.
      Du village médiéval, St Julia conserve sa place d'accès difficile.
Ses maisons, accolées les unes aux autres, forment des rues étroites. Au Moyen Age, St Julia était un village fermé, entouré de fossés et de fortifications.

Tout autour du village subsistent des vestiges de fossés qui sont aujourd'hui remplis d'eau. A l'ouest et au sud du village, des restes de murailles sont encore visibles à ce jour.
Deux portes permettaient l'accès à l'intérieur du village :
- la porte de SERS ou de Toulouse, qui existe toujours perçant les remparts à l'ouest du village,
- la porte d'AUTA ou de Revel, avec pont-levis sur le fossé a disparu. Elle était située à l'est de l'enceinte villageoise. Elle fut démolie en 1854.
      Dans l'enceinte villageoise, de nombreux silos creusés dans le sol calcaire furent découverts sous les maisons. Ils sont de forme circulaire, très larges au milieu, très étroits à l'orifice. Leur taille varie : il y en a de très grands qui forment de vraies chambres, d'autres, plus petits, communiquent entre eux.
En 1961, des ouvriers ont mis à jour, au cours de travaux, des réservoirs à grains et deux couvercles de pierre (D : 0,60 cm, épaisseur 0,12 et 0,10 cm).
       L'église de St Julia, dédiée à St Julien et à Ste Agathe, est mentionnée pour la première fois en 1318 dans le Pouillé de la Province ecclésiastique de Toulouse. La paroisse de St Julia faisait partie de l'archiprêtré (*) de Caraman.

 

(*) « Rector ecclesia Sancti Juliani loci de Sancto Juliano et annexe Sancti Germerii loci Sancto Germerio ».

 


     Pour le temporel et le spirituel, le curé dépendit jusqu'en 1318, de l'archevêque de Toulouse. A cette date, le Pape Jean XXII institua une collégiale à St Félix de Caraman et enleva à l'archevêque de Toulouse les revenus de la paroisse de St Julia pour les donner au chapitre.

      D'après la bulle de Jean XXII, le chapitre de St Félix est institué patron de la cure de St Julia.
Le chapitre de St Félix possédait une maison à St Julia dans le quartier dit le Capitoul (Capitulum = chapître).
L'église de St Julia se trouve au centre d'un plan radioconcentrique. Bâtie sur un rocher qui lui sert de fondement, elle est orientée vers l'est. Sa façade conserve de nombreux éléments de style gothique.
Il s'agit d'un édifice à nef unique avec cinq chapelles latérales (trois à droite et deux à gauche).
      La retombée de la nef se fait sur colonnes engagées et celle du chœur sur colonnettes à petits chapiteaux feuillagés. Le clocher-mur rectangulaire de St Julia fut élevé en grés. C'est un clocher-mur crénelé à baies sur deux étages.
      Une des cloches de l'église date du XIVème siècle. On y trouve gravé le sceau du village datant de 1398.

Le cimetière communal actuel est situé hors de l'enceinte villageoise, sur une petite élévation. Il est ceint de murs.

 

 

Le souterrain a été creusé dans les calcaires de Bélesta  datant du  Rupélien moyen (code g1B de la carte géologique de Revel)

La banquette

 

 

Anthropomorphe à cornes ( ?) situé sur la paroi SW.

 

 


LE TERRITOIRE COMMUNAL

     Dans son étude sur la commune de St Julia, l'Abbé Aragon cite plusieurs découvertes faites sur le territoire communal. Il parle notamment d'une découverte gallo-romaine : urnes cinéraires, lampe de terre, tegulae, débris de poteries, monnaies à effigie de Constantin, de César, d'Auguste, de Germanicus, de Trajan, d'Antonin et de Faustine mère, et enfin de fioles lacrymales.
     Il localise cette découverte à 2 kms du village mais il ne donne aucune coordonnée, aucune direction. Par conséquent, on ne sait où se trouve l'emplacement exact de l'habitat gallo-romain.
    Toutes ces pièces auraient appartenu à un habitant de St Julia, M. Lambrigot, mais on ne sait pas ce qu'elles sont devenues.

LA NECROPOLE

     Sur le versant est du côteau au sommet duquel s'est établi le village, M. Barrière Flavy découvrit, dans les années 1890 (les plaques boucles dites de Revel datent d’avant 1860), une nécropole du Haut Moyen Age. Des sarcophages de pierre contenant des ossements ont été mis à jour. Sur les squelettes, il y avait des plaques de ceinturon, des couteaux, des grains de colliers en verre et un dé à coudre en bronze. M. Barrière Flavy pense que ce cimetière est d'origine mérovingienne.

EN PEGENY

     Un autre lieu de sépultures semble avoir exister au lieu dit En Pégény situé au nord ouest du village de St Julia. Lors du défonçage d'un champ, le propriétaire de la métairie En Pégény a découvert dans les années 1890, des squelettes enterrés sur une vaste étendue.

L’EGLISE DISPARUE ST ANDRE

     Au lieu-dit le Fort, il existait encore au XVIème siècle, un hameau avec une chapelle entourée de son cimetière.
     Cette chapelle avait pour vocable St André (Sant Andriou).
    A cette époque, elle était desservie par le curé de Puéchoursy, paroisse du diocèse de Lavaur. Sur le plan cadastral de 1831, (section A de la Garrigue) apparaît un champ appelé Saint-André au lieu-dit Le Fort.
    Ce toponyme n'apparaît plus sur la carte IGN (n° 2244 St Félix), cependant, il parait vraisemblable que l'église et le cimetière aient existé à cet endroit.

 

Ces derniers devaient être entourés de fortifications ce qui expliquerait la présence du toponyme Le Fort.

SOUTERRAIN AMENAGE D'EN COQUE
(étude de Jean Paul Calvet).

     Ce souterrain aménagé de type monocellulaire est situé à 400 mètres environ au N-NE du site antique de « Las Peyrouses » et de la ferme du même nom, et 350 mètres environ à l'W-SW de la ferme « d'En Pégény ».
     Creusé dans le calcaire lacustre de Bélesta datant du Rupélien moyen, il se présente sous la forme d'une cavité de 4 mètres de longueur pour 2 mètres de largeur. La hauteur de voûte n'excède pas le 1 mètre 70.

     Une banquette creusée dans le calcaire fait le pourtour du monument. Le sol du souterrain est horizontal. L'entrée, de plan vertical, s'ouvre sur une petite paroi.

     Sur la paroi ouest, au milieu de nombreux graffiti récents, on note une gravure de facture plus ancienne représentant un anthropomorphe chevelu (traits qui pourraient figurer une ramure de cerf?).
     Ce type de souterrain n'est pas un cas unique et isolé, plusieurs centaines de souterrains ont été recensés dans le département du Tarn, dont quelques uns présentent des similitudes avec celui- ci


- le souterrain de Bonnefil à Lagrave
- celui des Vacants III à Rabastens
- des Quercys à Salvagnac
- de l'Ermite à Caucalières.


L'interprétation et la datation de ces monuments posent de nombreux problèmes - certains les datent du XIIIème siècle d'autres d'époques antérieures ou parfois antiques.

A quoi ont ils pu servir? De lieu cultuel pour abriter l'âme des morts (culte chtonien), d’endroit pour se cacher en période d'insécurité ou tout simplement d’abri ...
En tout cas, dans le souterrain d'En Coque, on pouvait se retrouver à une dizaine de personnes ! La banquette permettait un séjour assez confortable... à condition de ne pas y rester trop longtemps !

 

Avec l’aimable autorisation de l’ auteur, ouvrage publié en 1990 : « Le canton de Revel en Lauragais de l’antiquité au Moyen-âge » - publié par l’association « Pour Revel et son Canton », pp.132-137.