| Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE | 
| GENTILHOMMES 
  VERRIERS article paru sur CDA Info n°26 -3° trimestre 2006 | 
			
			
			LES 
			GENTILSHOMMES-VERRIERS, QUI SONT-ILS ?
			
			   L'histoire ou la légende voudrait 
			que l'art de souffler le verre soit arrivé en France avec le retour 
			de la 7ème croisade. Il semblerait que le long séjour de Louis IX 
			dans le royaume franc de Jérusalem ait permis à certains chevaliers 
			de s'initier à « l’art de verrerie ». Cependant, les premiers textes 
			connus datent du XlVème siècle. Ces chevaliers reviennent des 
			croisades ruinés et sans terre. Le grand problème est que ces 
			chevaliers sont nobles et qu'en dehors du travail de la terre, ils 
			ne peuvent travailler sans déroger, c'est-à-dire sans perdre leur 
			noblesse. Pour établir une verrerie, il fallait un privilège, 
			c'est-à-dire une autorisation du roi donnée par lettre patente. Un 
			des plus anciens privilèges octroyé aux verriers est un acte signé 
			de Charles VII. Ce document est daté du 24 janvier 1399. Il y est 
			écrit que : « droicts et privilèges sont donnés à tous gens 
			travaillant aux fours à verre. Permission est donnée aux nobles de 
			naissance d'exercer le mestier de verrier sans déroger à leur « 
			noble estat ». 
			
			On leur accorde alors le droit de souffler le 
			verre sous certaines conditions, je n'en citerai que quelques unes :
			 - transmission de père en 
			fils uniquement
			 - interdiction de prendre un 
			ouvrier non noble
			 - interdiction de vendre 
			leur marchandise en dehors de la verrerie (c'est le rôle des 
			marchands)
 - les fours doivent fonctionner six à sept mois dans l'année, 
			période que l'on appelle (la réveillée)
			 - obligation de déplacer le 
			four tous les cinq ans (clause qui n'est pas toujours, pour ne pas 
			dire jamais, respectée).
			
   De nombreux procès opposèrent les gentilshommes - verriers et les 
			communautés où ils étaient installés. 
			
  Ils coupaient les forêts et ne replantaient pas malgré les obligations 
			royales.
			  Les fréquents 
			déplacements dans les forêts, à la recherche continuelle du 
			combustible, leur dictait une construction rapide et simplifié.
			
			Il est vrai que la vie active menée par ces artisans du feu, les 
			obligeait à demeurer plus souvent autour du four qu'à l'intérieur de 
			leur maison.
			
			Du fait des règles de transmission de leur art, les familles de 
			gentilshommes verriers avaient des liens dans tous les lieux de 
			travail du verre : Montagne Noire (versant sud et nord), forêt de la 
			Grésigne, Ariège (piémont pyrénéen), Gard, où ils se déplaçaient au 
			gré du travail. 
			
			C'est dans ce réseau familial que l'on peut intégrer leur adhésion 
			aux idées de la réforme. 
			
			Les mariages unissaient les mêmes familles de génération en 
			génération et ainsi ils conservaient les secrets de leur art.
|  |  | 
|  |  | 
LES VERRERIES FORESTIÈRES DE LA MONTAGNE NOIRE.
			
			« A la fin du Moyen Âge et durant l'époque moderne, la 
			verrerie forestière se définit en premier lieu par sa localisation 
			au sein d'un massif boisé, l'implantation liée au combustible 
			qu'elle emploie » (Lisa Caliste).
     En 
			effet, les fours de fusion qui devaient atteindre un degré élevé de 
			température (1400° environ) étaient alimentés de manière 
			discontinue, nuit et jour durant six à sept mois de l'hiver et 
			nécessitaient une grande quantité de combustible. 
			
			 
       Les verreries de la montagne noire sont 
			donc situées dans les grandes hêtraies du massif, entre 500 m et 
			1000 m d'altitude et généralement à proximité d'un point d'eau. 
      Sur ces versants parfois abrupts, des plateformes 
			étaient aménagées pour recevoir l'ensemble des structures 
			nécessaires au fonctionnement d'une verrerie. 
			
			 
      Ces sites verriers se composent classiquement 
			d'une halle d'une superficie moyenne de 100 m2 et de plan 
			rectangulaire, d'une zone de stockage des matières premières et des 
			produits finis, d'une zone de rejet des déchets et d'une zone 
			d'habitat.
Six hommes au moins étaient nécessaires au fonctionnement d'un atelier et occupaient les lieux avec leur famille pendant la saison de production.
				  
				  
    La halle qui constitue l'atelier principal de fabrication est 
				consacrée à la préparation de la matière première (concassage 
				des silices), à la cuisson et au soufflage du verre. 
    D'après quelques fouilles, les halles de la Montagne Noire 
				sont bâties en pierre sèches sur sol en terre battue et munies 
				d'une couverture de lauze.
				  
				  
     La halle abrite donc le four de fusion et probablement 
				un four de recuit. 
     Ce dernier permettait d'apporter doucement les pièces 
				de verre à température ordinaire. 
Les fours de fusion observés jusqu'à ce jour mesurent de 6 à 7 m de long et sont composés d'un foyer en cloche de forme circulaire prolongé par deux murettes constituant le cendrier, structure nécessaire à l'évacuation des cendres.
  
			
     Le foyer est surmonté de la chambre à creusets dont on 
			ne retrouve aujourd'hui que la sole d'environ 2,20m de diamètre.
			     Les 
			soles pouvaient être composées de 8 à 12 creusets.
			     Ces 
			derniers sont fabriqués en terre réfractaire et leur diamètre varie 
			entre 35 et 40 cm.
			
			    «Dans la chambre à creusets, le mélange 
			vitrifiable était chauffée entre 1200° et 1400° . 
			Les verriers pouvaient alors atteindre la pâte vitrifiée à l'aide 
			d'ouvreaux façonnés dans la partie haute du four et au niveau de 
			chaque creuset.
			    Les 
			verriers cueillaient le verre en fusion grâce à une canne. (...) 
    Une fois la pâte vitreuse formée, à l'abri de la halle, les 
			verriers soufflaient la paraison afin de la modeler. L'objet produit 
			devait ensuite subir un refroidissement lent et progressif, étape 
			indispensable à sa résistance.» (LC) De ces fours à creusets seuls 
			subsistent aujourd'hui le foyer, la sole et le cendrier »..
			Ces 
paragraphes ont pu être rédigés grâce aux actes du colloque de Soréze, réalisé 
sous la direction d'Yves Blaquière, (T.I, Le Verre, T.II, Abraham de Robert et 
les siens, Anne-Marie Denis éditeur, 2004) et le rapport de Stage de Lisa 
Caliste 2006 DESS Histoire et Gestion du Patrimoine culturel –Paris
			et WIKIPEDIA site internet
			LA 
			« RÉVÉILLÉE »
			
			LES ÉQUIPES SE 
			RELAYAIENT TOUTES LES 12 HEURES SANS AUTRE ARRÊT QUE CELUI DU 
			DIMANCHE (DU SAMEDI VERS MINUIT AU LUNDI À UNE HEURE DU MATIN).
			LE FOUR RESTAIT ALLUMÉ 12 À 15 MOIS ET MÊME DAVANTAGE, JUSQU'À CE 
			QU'IL EÛT BESOIN D'ÊTRE RÉPARÉ. LE TEMPS DE LA RÉPARATION ÉTAIT 
			APPELÉ LA MORT DU FOUR ET LA PÉRIODE DE TRAVAIL UNE RÉVÉILLÉE. LES 
			GENTILSHOMMES VERRIERS SIGNAIENT UN CONTRAT POUR UNE RÉVEILLÉE ET 
			RECEVAIENT DU MAÎTRE-VERRIER UN CHAPEAU BRODÉ ET UN POT À VIN EN 
			ARGENT. DÈS QUE LA RÉVÉILLÉE AVAIT COMMENCÉ, ILS DEVENAIENT LES 
			HÔTES DU MAÎTRE-VERRIER QUI LES RECEVAIT DANS SON MANOIR ET À SA 
			TABLE, FAISAIT ENTRETENIR LEUR LINGE ET LEURS ARMES, SOIGNER LEURS 
			CHEVAUX ET LEURS CHIENS.
			TRAVAIL DIFFICILE 
			!
			
    LA CHALEUR ÉTAIT TERRIBLE 
			DEVANT LE FOUR ET LE SOUFFLAGE DU VERRE ALTÉRAIT BEAUCOUP, AUSSI , À 
			PROXIMITÉ DE LA HALLE, ÉTAIT AMÉNAGÉE UNE SORTE DE BUVETTE.
   TOUTES LES HEURES, LES PETITS TISEURS CRIAIENT SUR UN TON CHANTANT: 
			A BOIRE POUR CES MESSIEURS! EN AJOUTANT LE NOM DE CELUI QUI DEVAIT 
			ALLER CHERCHER LE CIDRE FRAIS.
    QUAND LE MOMENT DU DINER APPROCHAIT, LES PETITS TISEURS 
			CRIAIENT TROIS FOIS HORS DE LA HALLE: A DÎNER POUR CES MESSIEURS! 
			LES VERRIERS PASSAIENT ALORS UN HAUT-DE-CHAUSSE ET SE RENDAIENT À LA 
			SALLE À MANGER OÙ ON LEUR SERVAIT UNE SOUPE, UN MORCEAU DE VIANDE 
			BOUILLIE ET UNE ENTRÉE. UNE HEURE PLUS TARD LE TRAVAIL REPRENAIT.
			Les gentilshommes 
			verriers 
			
			
			     Les nobles étaient 
			d'abord des hommes de guerre. Ils pouvaient aussi cultiver la terre, 
			mais non point se livrer à l'industrie ou au commerce.
			Cependant, par exception, la verrerie était considérée comme un art 
			noble. Cela ne voulait pas dire qu'on devenait noble en devenant 
			verrier, mais qu'un noble pouvait exercer ce métier sans déroger.
     Un 
			dicton du Moyen-âge, relevé dans l'ouvrage de Gerspach, dit que pour 
			faire un vrai gentilhomme-verrier, il fallait d'abord trouver un 
			noble né et en faire un bon ouvrier.
      La noblesse d'alors acceptait assez mal ce 
			partage de privilèges, elle appelait les verriers : « roturiers du 
			verre ». Boileau, qui raillait tant le poète français de 
			Saint-Amand, descendant justement de la noblesse verrière, lui fit 
			décocher par Meynard cette petite épigramme :
			Votre noblesse est mince
			Car ce n'est pas d'un Prince Daphmis que vous sortez, 
			Gentilhomme de verre 
			Si vous tombez à terre Adieu vos qualités.
     Mais eux, les rudes travailleurs des fournaises à 
			verre, tenaient beaucoup à leur qualité de noble. Ils avaient le 
			titre d'Écuyer du Roi, portaient l'épée et le chapeau brodé. Ils 
			possédaient cheval et chiens de chasse et profitaient des privilèges 
			de la noblesse.
				Par privilège du 
				roy...
				
				
				     
				Les gentilshommes verriers ont toujours soutenu que leurs 
				privilèges avaient été octroyés par le roi saint Louis qu'ils 
				avaient suivi en croisade; en réalité c'est plus 
				vraisemblablement à Philippe III le Hardi (règne : 1270-1285) 
				son fils, qu'ils durent les privilèges attachés à la qualité de 
				verrier.
     Il n'existe pas de documents authentiques se rapportant 
				à cette époque, mais le procureur du roi, Ignace Chrétien, 
				disait: « ce n'est qu'après avoir versé leur sang et ruiné leur 
				fortune que ces nobles obtinrent de la générosité du roi saint 
				Louis une planche après leur naufrage. »
      Pour établir une verrerie, il fallait un 
				privilège, c’est-à-dire une autorisation du roi donnée par 
				lettre patente:
      En l'an 1330 fut donné le pouvoir par le roi 
				Philippe IV à Philippe de Cazeray, écuyer, premier inventeur des 
				plats de verre appelé verre de France, comme portant son nom, de 
				faire établir une verrerie proche Bézu en Normandie, qui fut 
				nommée La Haye.
      En Normandie, quatre familles nobles, les 
				Caqueray, Bongars, Brossard et Le Vaillant, reçurent de tels 
				privilèges pour l'établissement de grosses verreries fabriquant 
				du verre à vitres.
				Dans les petites verreries, on soufflait vases, gobelets et 
				verres à boire.
				Les verriers bouteillers soufflaient bouteilles et flacons. Les 
				patenôtriers fabriquaient chapelets, perles, boutons, bracelets, 
				colliers en verre coloré ou émaillé.
     Un des plus anciens privilèges octroyé aux verriers est 
				un acte signé de Charles VII. Ce document, daté du 24 janvier 
				1399, fait partie de la collection Moreau à la Bibliothèque 
				nationale.
				 On peut y lire que 
				« Droicts et privilèges sont donnés à tous gens travaillant 
				aux fours à verre. Permission est donnée aux nobles de naissance 
				d'exercer le mestier de verrier sans déroger à leur « noble 
				estat ».
			
			En 
			1448, après les guerres qui par longue espace de temps ont régné 
			audit pays (la guerre de cent ans), quatre familles nobles de 
			verriers lorrains obtenaient d'importants privilèges:
			 - Ils étaient autorisés à 
			établir ou rétablir des verrières (ou voirreries). 
			 - Ils étaient dispensés de tous impôts et du logement des gens de 
			guerre.
			 - Leurs marchandises 
			pouvaient circuler librement sans payer aulcun passaige, gabaile, ni 
			tributz quelconques.
			 - Ils avaient le droit de 
			couper dans les forêts le bois nécessaire au chauffage au four et 
			aux réparations des bâtiments moyennant une faible redevance. 
			 - Ils pouvaient enfin chasser les bestes grosses et rousses à 
			chiens et harnois de chasse et faire paître dans les bois 25 porcs 
			par verrerie.
    Pour tous ces droits et privilèges, le cens (ou la redevance) 
			réclamé était souvent minime. 
   En exemple, en 1416, les de Cacqueray, propriétaires exploitants de 
			plusieurs verreries versaient « ung escu d'or » par année. D'autres 
			60 boisseaux d'avoine. En Lorraine, en l'an 1502, les de Hennezel 
			(que l'on retrouve aussi en Languedoc) avaient à fournir au duc de 
			Lorraine comme charge « un petit assortiement de voèrres pour la 
			table à chaque an ».
			    Jusque 
			vers la fin du XVIe siècle, les gentilshommes-verriers vivaient 
			comme de véritables patriarches. 
			Leurs rudimentaires demeures construites sommairement et en pleine 
			forêt tenaient beaucoup plus des cabanes de charbonniers ou de 
			bûcherons que des somptuaires habitations des « aultres nobles du 
			Royaume ».
			Les fréquents déplacements dans les forêts, à la recherche 
			continuelle de combustible, leur dictait un batissement rapide et 
			simplifié.
			    Il est vrai 
			que la vie active menée par ces artisans du feu les obligeait à 
			demeurer plus souvent autour du four qu'à l'intérieur de leurs 
			rustiques maisons.
VERRERIE DU LAC DE SAINT FERREOL :
 
		    fouilles archéologiques de 1995.
			
			Devant l'altération chronique de ce site proche de la disparition, 
			devant le rare mobilier archéologique recueilli et devant le faible 
			laps de temps de notre étude, seules les grandes lignes concernant 
			l'existence de cet atelier peuvent être tracées dans cette synthèse.
			
			    La 
			confirmation d'un atelier de verrier
			
			
     En premier lieu et avant d'avancer plus dans notre 
  étude, il parait nécessaire de noter ici que ce site correspond bel 
			et bien à un atelier de verrier.
   La quantité de 
			fragments de creusets, encore encrassés de glaçures, les divers 
			déchets de verre au panel chromatique variant dans la gamme des 
			couleurs primaires, ou encore les vestiges de sole de four, 
			recueillis sur l'ensemble du site en témoignent de façon évidente.
  
			
			    L'implantation
			
			
			
     Son implantation près du lit d'un ruisseau, le Laudot 
			(rivière qui alimenta en eau le lac de Saint-Ferréol) permettant 
			ainsi d'en utiliser son sable en est un des premiers motifs.
    Mais il 
			faut aussi tenir compte ici de la proximité des vastes forêts de la 
			Montagne Noire, forêts offrant ainsi le combustible nécessaire de 
			l'énorme quantité de bois que demandaient les fours de verriers.
  
    Enfin la 
			position géographique, à quelques kilomètres au dessus de Revel, en 
			assure ainsi la ventilation mercantile de ses produits.
			
			 La durée de vie de cet 
			atelier
			
			
     Il semble que cet atelier de verrier eut une durée de 
			vie d'une centaine d'années environ. 
  Existant au XVIe s. les plus anciens tessons ne semblent pas 
  remonter au delà du début du XVIe s.
  Il fut submergé en 1680 par les travaux de P. RIQUET à 
			Saint-Férréol.
			
     Selon Monsieur ADJE, l'un des grands historiens du 
			Canal du Midi, il n'est fait à cette date aucune allusion de ce 
			bâti, debout ou ruiné, sur le site du futur lac. 
			Ainsi en 1680, cet atelier, pas même signalé en tant que ruine, 
			semble déjà être totalement détruit.
			
			    Un essor 
			économique ? 
			
			
    Si l'on prend appuie sur les extensions des bâtiments, cet 
			atelier semble avoir connu une certaine "réussite économique".
  Tous les bâtiments observés lors de notre étude, furent dotés d'un 
			ajout de bâti postérieur, lequel ajout, se matérialise par de 
			simples murs, eux aussi de pierres sèches, mais de moindre épaisseur 
			que ceux composant les corps de bâtiments plus anciens.
  
    Ces parties ultérieures 
			apparaissent comme simplement plaquées contre les murs antérieurs, 
			sans qu'il soit prévu d'encrage direct dans les maçonneries.
  Toutefois d'après la stratigraphie observée, les maçonneries 
			ultérieures semblent avoir été réalisées peu de temps après 
			l'élévation des premiers corps de bâtiments.
     Manifestement, les occupants de l'atelier de 
			Saint-Ferréol ont manqués de place nécessaire, ceci pouvant alors se 
			traduire par une extension et donc la construction de réduits 
			postérieurs.
  Faut-il voir en ces transformations le corollaire direct d'une 
			relative réussite de l'artisanat de cet atelier?
   
			
			
Fabrice Chambon
		  Le premier monument réglant le statut des 
		verriers est l'octroi de privilèges, par Charles VII, Roi de France 
		en 1445. 
		Cette réglementation est venue unifier en partie une situation de fait . 
		De nombreuses verreries existaient antérieurement à cette époque, mais 
		elles existaient en vertu de concession particulière, et il est 
		impossible d'en trouver les textes originaux.  
		  Ce qui confirme cette théorie, ce sont les termes 
		même des privilèges ci-dessus :
		"Premièrement que nul ne doit exhiber ledit art de verrier s'il 
		n'est noble et procrée de noble génération et de généalogie de 
		verriers".
Nous jugeons utile de reproduire ci-dessous le texte des privilèges accordés par Charles VII, reproduit in extenso dans l'ouvrage de M. de Cazanove ("Les gentilshommes verriers du Languedoc")
		
		"Privilèges octroyés par le Roy de France aux gentilshommes verriers du 
		pays de Languedoc et par Sa Majesté confirmés lus et publiés en jugement 
		par-devant M. Jean de la Roche, lieutenant de messire Pierre de 
		Roquebletry, chevalier et conseiller du Roi, son capitaine viguier de la 
		ville et viguerie de Sommières, juge et conservateur de ces privilèges, 
		l'an mil quatre cens quarante cinq, régnant Charles septième, Roy de 
		France.
		Premièrement que nul ne doit exhiber ledit art de verrier s'il n'est 
		noble et procrée de noble génération et de généalogie de verriers.
		Item, que nul maistre de four de verrerie n'y autre ne peult et ne doilt 
		monstrer ledit art à personne qui ne soit procréé de noble et ancienne 
		génération et qu'il n'est justifié de noblesse par-devant le viguier 
		dudit Sommières, commissaire et conservateur des privilèges de toute la 
		Sénéchaussée de Beaucaire et Nismes et pays du Languedoc et prins, 
		par-devant ledit conservateur, le serment en tel cas accoutumé et iceux 
		nobles voulant prendre le serement et exercer ledit art, et de justifier 
		leur noblesse dans deux mois et ceux qui sont habitans hors de la dite 
		sénéchaussée, en ont autre terme de quatre mois.etc…………..
Il nous faut mentionner une série de lettres patentes relatives aux gentilshommes verriers (1438-1592), qui se trouvent dans les archives départementales du Tarn (Côte A2). Lettres patentes des Rois Charles VII, Louis XI, François Ier, Charles IX et Henri IV, accordant certains privilèges aux verriers.
François Ier, par son ordonnance du 5 septembre 1523, confirme les privilèges accordés aux gentilshommes verriers par les rois Charles VII, Louis XI, Charles VIII et Louis XII.
On voit combien cette ordonnance de François Ier augmentait le nombre de bénéficiaires de l'exemption de droit de péage puisqu'elle s'étendait non seulement aux gentilshommes verriers, à leurs familles et à leurs serviteurs, mais encore à tous ceux leur apportant les matières indispensables à la fabrication du verre.
En mars 1565, le roi Charles IX à Toulouse, confirme en des termes semblables les privilèges accordés par François Ier, et il mentionne en outre que les verriers "d'autant qu'ils n'ont eu confirmation lesdits privilèges des feus rois, mes très honorés seigneurs père et frère, les rois François et Henri, ils craignent qu'on les veuille contraindre auxdits subsides, comme l'on fait les marchands en toutes marchandises, à ces causes désirant subvenir auxdits exposants leur confirmons les privilèges, franchises dessus dires."
		
		Le vidimus ci-dessus est extrait d'une copie du privilège trouvé entre 
		les mains de noble Pierre de Riols, excuyer verrier aux verreries hautes 
		de 
		
		Moussans.
		Signalons en passant (nous insisterons plus loin) que Pierre de Riolz, 
		escuyer, verrier de la verrerie hault de Moussans, obtint du roi Charles 
		IX des lettres patentes le maintenant en possession de ladite verrerie, 
		appartenances et dépendances. Ces lettres patentes furent données à 
		Toulouse le 14ème jour du mois de mars 1565; et le 18 septembre 1565, 
		elles furent suivies de l'ordonnance du sénéchal de Carcassonne 		
Henri IV confirme les privilèges des maîtres verriers et ouvriers, par lettres patentes données au Camp des Stampes le 20ème jour de novembre l'an 1592 et de son règne le quatorzième. Les dites lettres patentes ont été enregistrées à la Cour des Aydes de Montpellier, par l'arrêt de la dite Cour du 2 mai 1602.
		Louis XIII, roi de 
		France et de Navarre, à la suite de la requête de Charles de 
		Franquefort, résidant en Saintonge, Jean Robert et Jacques Grenier en 
		Bassadois, Jean Paupalle, Joachim Robert en Agenois, Pierre Bouget en 
		Armagnac d'après laquelle "de tout temps et ancienneté, eux, leurs 
		serviteurs, ensemble les marchands en gros et en détail menant et 
		conduisant la marchandise de verrerie et matières dont est fait et 
		composé le verre, par eau et par terre, ont été affranchis quittes et 
		exempts de toutes tailles, aides et subsides, impôts, censives, 
		terrages, passages, bourrages, chaussée, péages, courrages, landages, 
		revenages, pontonage des ponts et de toutes autres exception anciennes 
		et nouvelles …"
		Le roi Louis XIII confirme les dits privilèges à Paris, au mois de mai 
		l'an de grâce 1615 et de son règne le cinquième. 
		Louis XIV en des termes 
		à peu près analogues donne des lettres de confirmation aux gentilshommes 
		verriers.
		"…Nous avons de notre grâce spéciale, pleine puissance et autorité 
		royale confirmé et confirmons par ces présentes signées de notre main, 
		lesdits exposants en tous leurs privilèges, franchises et exemptions, 
		pou en jouir eux et leurs successeurs, ainsi qu'ils en ont bien et 
		durement joui et usé, jouissent et usent encore dès à présent sans 
		qu'ils puissent être troublés et sous quel prétexte que ce puisse être 
		…Nous avons fait mettre le scel à ces dites présentes l'an de grâce 1655 
		et de notre règne le troisième;
		Par le Roy, signé : Phelypeaux" 
Les Présidents trésoriers et Grands Voyers de France au Bureau des Finances et domaine de la Généralité de Toulouse, chevaliers, conseillers du Roy, vu les patentes données à Paris, au mois de décembre 1655, obtenues par les gentilshommes verriers et confirmant leurs privilèges, firent enregistrer à leur Bureau les dites lettres patentes et de confirmation :
		
		"… Faisant défense à tous ceux qu'il appartiendra de leur donner 
		aucun trouble, ni empêchement, au contraire, à la charge de contribuer 
		aux tailles et deniers royaux, chacun comme le concerne, suivant leur 
		compoix et le tenement de leurs biens et fonds par eux jouis et 
		possédés, en la province, attendu que les tailles sont réelles en 
		languedoc.
		Fait à Toulouse au Bureau des Finances, le 29 May 1661". 
		Parmi les extraits des 
		Registres du Conseil d'Etat (du 14 juin 1701, n°55), nous trouvons une 
		requête de Helliès Mercier, marchand et syndic des marchands de verre de 
		bordeaux, contre la seconde présentée par Pierre Domergue, ci-devant 
		fermier général des Fermes Unies de Sa Majesté.
		La première se basait sur les privilèges accordés aux gentilshommes 
		verriers, confirmés par lettres patentes de décembre 1655.
		La seconde, présentée par Maître Domergue, tendait à assimiler les 
		verres aux autres marchandises et à leur faire payer des droits d'entrée 
		et de sortie. 
		L'ordonnance rendue par M. de Bezons, Intendant de Languedoc, du 4 
		décembre 1669, en faveur du nommé de Laroque, et lui accordant main 
		levée de la saisie de quatre charges de verres saisies à la requête de 
		Jean Rivière, fermier du droit de Leude et péages du lieu de 
		Sainte-Colombe, justifiait la première thèse.
		Etant donnés les précédents, "le roy, en son conseil, sans s'arrêter 
		à la requête dudit Domergue, a ordonné et ordonne que les verres et 
		bouteilles provenant des Verreries de Périgord, qui seront transportés 
		dans la sénéchaussée de Bordeaux seront exempts des droits de 
		connétablie".
		Nous verrons plus loin une requête analogue présentée à Monseigneur de 
		Basville, intendant de Languedoc, par noble Marc de Robert, sieur de 
		Lagarrigue, gentilhomme verrier aux Verreries de Moussans.  
		Louis XV, par lettres 
		patentes données à Versailles en août 1727, et de son règne le douzième, 
		confirme lui aussi les privilèges des gentilshommes verriers.
		"Nos chers et bien aimez les gentilshommes verriers de notre province 
		de Languedoc, nous ont très humblement fait représenter, que de temps 
		immémorial eux et leurs prédécesseurs ont joui de l'exemption des droits 
		de péages, chauffages, landages, pontages et autre, dans laquelle 
		exemption ils ont été maintenus et confirmés par lettres patentes du feu 
		Roy de glorieuse mémoire notre très honoré seigneur et ayeul, du mois de 
		décembre 1655, registrées en notre Cour des Comptes, Aydes et Finances 
		de Montpellier le 15 décembre 1656 … avons confirmé et confirmons par 
		ces présentes signées de notre main les exposants dans l'exemption … qui 
		leur a été accordée et dans laquelle ils ont été maintenus, pour en 
		jouir par lesdits exposants et leurs successeurs de même et tout ainsi 
		qu'ils en ont et leurs successeurs joui ou dû jouir, et qu'ils en 
		jouissent actuellement pourvu toutefois que lesdites franchises et 
		exemptions n'ayent esté révoqués par aucuns édits, déclarations et 
		arrests." 
		Cette déclaration fut 
		enregistrée au Contrôle Général des Finances, Fontainebleau, le 2 
		novembre 1727.
		L'arrêt du Conseil du 9 mars 1728 exempte les gentilshommes verriers des 
		droits de censive et des droits seigneuriaux. Ils ne sont pas astreints 
		à la taille sur leurs biens propres ni sur les terres et les bois 
		servant à l'entretien journalier de leurs fours. 
Toutefois ces privilèges et toutes ces prérogatives furent peu à peu restreints.
		C'est d'abord en 
		janvier 1518, l'interdiction de s'approprier du terrain dans le domaine 
		forestier de la Couronne.
       En 1543, les bois des particuliers sont 
		soumis à l'inspection des maîtrises des Eaux et Forêts, et le nombre des 
		fours est limité. 
		Dès 1680, les verriers 
		sont obligés de se défendre contre les prétentions des municipalités, 
		qui voudraient les astreindre au paiement d'une quote-part de 
		l'indemnité pour le logement des troupes.
      Une ordonnance royale du 18 juillet 1741, enjoint 
		aux verriers de représenter les titres en vertu desquels ils ont été 
		autorisés à établir des usines dans la généralité de Montpellier; elle 
		est basée sur l'arrêt du Conseil du 21 septembre 1700, faisant des 
		observations sur le danger des coupes de bois, faites trop fréquemment 
		par les gentilshommes verriers aux abords des villes.
		
		   
		Les arrêts du conseil du 9 août 1723 et du 7 août 1725 imposaient 
		l'octroi de lettres patentes : l'ordonnance de 1741 enjoint aux 
		verriers, sous quinzaine, de représenter les arrêts du Conseil ou les 
		lettres patentes en vertu desquelles ils se sont établis. Toujours hanté 
		par la crainte de la pénurie du bois de chauffage, le pouvoir royal 
		exige que les verreries de la généralité de Montpellier aillent 
		s'établir sur les monts de l'Aïgoual, sous peine d'une amende de 500 
		livres, de confiscation des ouvrages pour la première fois et de plus 
		grande en cas de récidive. 
Une série de procès ont lieu, pour des coupes de bois faites indûment dans le domaine de la Couronne. Signalons :
		En 
		1663, Isaac de Robert, sieur de La Plane est condamné à une amende de 
		1000 livres, pour dégâts commis dans la forêt de Minerve.
      Sous l'administration de Louis de Froidour, sieur 
		de Cerilly, maître des Eaux et Forêts, les amendes pleuvent sur les 
		maîtres verriers.
		
		En 1667, Jacques de Robert de Fraissinet est condamné à une amende de 50 
		livres, pour dégâts commis dans la forêt de Campaureil.
		  
		  Enfin, le 18 juin 1671, les verriers de Moussans sont assignés pour 
		avoir usurpé des terres dans les domaines du Roi. Ce sont : Jean de 
		Riols, sieur du Causse; Nataniel de Robert, sieur de Cantelauze; Abel de 
		Colon, le sieur de Terme; Philémon de Robert; Jeanne de Riols, veuve de 
		Samuel de Robert-La-Grenade.