DURFORT

SAINT-ETIENNE
 

SAINT-ETIENNE de Durfort.

IGN 1/25000 Revel 22 44 EST

                                                Coord. Lambert

X = 578,237 Y = 3126,537 Z = 275

 

Le site actuel de Durfort s'est développé au débouché de la vallée du Sor, où celle-ci est suffisamment large pour présenter des terrains propices à la culture et au développement du village.

L'église Saint-Etienne, orientée nord-sud, est en limite nord du noyau primitif, constitué sur la rive droite du Sor autour de deux rues parallèles et de direction est ouest1 (PL.XXXH-a).

Durfort est un nom de formation occitane définissant la nature du site, ainsi il désigne un château « dur et fort »2. Or cette dénomination pour un village de vallée, convient assez mal. Il est à rattacher au site perché du Castlar, à l'origine certainement du regroupement de la population. J. L Biget parle du « château vieux de Durfort » dès 1272 et de l'abandon de celui-ci vers le milieu du XIVe siècle, pour l'emplacement actuel 3-4-5

En 1220, Arnaud-Raymond de Roquefort est coseigneur de Durfort6. L'abbé de Soréze est le second coseigneur en 12527. La paroisse est mentionnée en 1252 « Sancti S e hani de Duroforti »8, et en 1317 « Duroforti »9. La première mention de « villa »

Apparait sur acte de 1337 «  homnies et habitatores castri si ve villae de Dureforti10 »

 

 

L'orientation nord-sud de l'église (PL.=I-a) laisse supposer que son implantation n'est pas très ancienne, et qu'elle a été bâtie en fonction des bâtiments l'encadrant. Son chevet en saillie par rapport à l'alignement des maisons, faisant murailles, pouvait participer au caractère défensif du village11.

S. Campech mentionne l'existence d'une parcelle portant le nom de saint Etienne, à 500m en amont dans la vallée12 (PL.XXXII-b). De plus le compoix de 1559 mentionne au lieu-dit « Saint-Estèphe » le « Bezat del sementery »13 , et au lieu-dit « Barri14 d'amont » se trouve les « mazures de l'église vieille »15. Il semble bien que l'église ait été déplacée à deux reprises et que le vocable ait suivi.

 

 

L'église (PL.XXXV-XXXVII) est orientée au nord. Elle se compose de trois travées, l'espace de la première est en partie occupé par un tambour surmonté d'une tribune, et la base du clocher, les deux autres sont éclairées à l'ouest par deux ouvertures en plein cintre. Les secondes et troisièmes travées sont pourvues à l'est de deux chapelles réunies. Au XIXe siècle, comme le montre le plan, la première travée possédait aussi une chapelle, aujourd'hui fermée elle n'est plus qu'une simple annexe. Le chœur est polygonal et éclairé par deux fenêtres en plein cintre (fig.64). La sacristie se trouve à l'est du chevet, elle est prolongée au nord par une annexe. Tout l'édifice est sur voûtes d'arêtes ainsi que la sacristie, les arcs doubleaux de la nef sont en plein cintre.

  

Un devis du début du XIXe siècle16, sans date, et qui n'a certainement pas été exécuté en totalité nous informe tout de même sur l'état de l'édifice. Il comprend quatre grands points:

« Sur les anciennes murailles de la nef et du tambour de la dite église qui ont le pourtour de 19 cannes sera faîte une élévation de muraille de 10 pans de hauteur de la même épaisseur que les anciennes, les dites élévations des murailles produiront ensemble le carré de 23 cannes 6 pans » « l'entier couvert de la nef et du tambour », doit être refait.

Il est prévu un voûtement en brique et plâtre, « à la dite voûte seront fait des arcs doubleaux -faisant avant corps de trois pouces qui diviseront la dite voûte en quatre parties égales, à chaqu'une des dites parties sera formé une voûte sphérique avec contreforts par dessus »

« agrandissement de la porte principale » rehaussée de « quatre pans »

En prenant 1,805 m pour une canne, et 22,6 cm pour un pan, la surélévation des murs doit se faire sur 42,9 m. En considérant le plan de 1899 (PL.20), cela exclu la surélévation du chevet. L'aspect extérieur de l'édifice (fig.62) laisse croire que le chevet est à dissocier de la nef, il est en effet plus large que celle-ci de 40cm Ce devis sous entend aussi qu'au début du XIXe siècle l'édifice n'était pas voûté.

 

 

1 - Plan cadastral de 1833, section A, feuille 2, d'après, S. CAMPECH L'occupation du sol du piémont nord de la Montagne Noire au Moyen-âge, Toulouse II, maîtrise, 1988, T. II, pl. XLII.
2 - E. NEGRE,
Les noms de lieu du Tarn, Toulouse, 1986, § 237, p.94.
3 -
Fouilles sous la direction de B. Pousthomis.

4 - J. L. BIGET, Histoire de Castres, Mazamet, La Montagne, Toulouse, 1992, p. 98.

5 - Pour plus de précisions voir: S. CAMPECH L'occupation du sol du piémont nord de la Montagne Noire, Toulouse II, maîtrise, 1988, pp. 52-57. Et Occupation du sol au Moyen-âge dans le pays castrais: synthèse des connaissances bibliographiques, Toulouse II, D.E.A., pp. 99­101.

6 - B. POUSTHOMIS, L'apparition de la céramique médiévale glaçurée dans la région de Soréze et de Revel, Toulouse II, maîtrise, 1979-1981, pp. 31-83, dans, S. CAMPECH L'occupation du sol du piémont nord de la Montagne Noire au Moyen-âge, Toulouse II, maîtrise, 1988, p. 53.
7 - B.N.,
manuscrit latin, 12698, dans S. CAMPECH, op. cit., p. 53.

8 - A.E.S., Cartulaire de l'abbaye de Soréze, n° 505 de l'inventaire, fol° 189 du registre, dans, idem
9 -
Gallia christiana, T. XIII, col. 269.

10 -A.E.S., Cartulaire de Soréze, n° 505 de l'inventaire, foi° 183, dans, S. CAMPECH, op. cit., p.53.

11 - Le même cas de figure se retrouve à Dourgne.

12 - Plan cadastral de 1833, section A, feuille 2, dans, S. CAMPECH, op. cit., T.II, pl. XLII.
13 - Canaux du cimetière.

14 - Bourg.

15 - Compoix de 1559, dans, S. CAMPECH, op. cit., p. 55.

16 - A.C. Durfort, 2 M 1.

 

 

Seule une lettre, adressée au maire le 12 février 1826, précise que la porte n'est pas finie1. Le voûtement de la nef n'est manifestement pas exécuté puisque le 15 avril 1837, une lettre du sous préfet au maire autorise d'imposer extraordinairement la commune pour la reconstruction de la Voûte 2.

 

Le 22 mai 1866 le curé écrit au préfet au sujet de la construction d'une chapelle: «Il s'agit de régulariser l'église en construisant une chapelle semblable et parallèle à la seule existant déjà »3. Le sous préfet, le 12 juin 1866, écrit au maire et mentionne qu'un emprunt de 1000 francs, dont 500 doivent servir à la construction de deux chapelles, à été voté. Ces chapelles ont bien été bâties puisque Oulmière architecte dresse le 15 juin 1891, devis, avant métré et détail estimatif des réparations à faire concernant la reconstruction du mur ouest du bas côté, et le voûtement des chapelles. Il précise que les trois chapelles formant bas côté, bien que de construction récente, sont dans un état complet de délabrement4.

Faute d'argent ce devis est modifié le 22 mars 1893, en effet une lettre du sous préfet au maire, du 27 février 1893, précise qu'à la place des voûtes d'arêtes initialement prévues, il conviendrait de faire un «plafond horizontal »5. Le procès verbal d'adjudication des travaux retient Jean Fontès entrepreneur à Revel, le 11 juin 18936. Ce même Jean Fontès consent à remplacer le plafond par une voûte d'arêtes7, on revient donc à la solution de départ. Le certificat d'achèvement des travaux est transmis au sous préfet le 21 mai 18948.

La coupe (PL.XXXVI) confirme que la nef n'est toujours pas voûtée, en revanche le plan précise que le chœur l'est déjà (PL.XXXV).

Mais le problème du voûtement de la nef réapparaît en 1898; en effet une lettre du sous préfet au maire du 9 juillet mentionne une demande de secours pour la reconstruction de la voûte de l'église9. Navas architecte dresse un devis estimatif, approuvé le 22 juin 1899 par le préfet, il s'élève à la somme de 1250 francs. Il s'agit de faire la voûte des secondes et troisième travées10 (PL.XCVIIIàXL). Paul Granier est retenu pour l'exécution des travaux11. Le 22 septembre 1899 il est envisagé de voûter une troisième travée 12 pour 381 francs, et aussi la réparation d'une croisée13 ainsi que l'exhaussement d'une autre14. Le sous préfet transmet, le 13 novembre 1899, au préfet un certificat d'achèvement des travaux et un devis supplémentaire pour construire la voûte de la première travée15. Le procès verbal de réception définitive des travaux est du 23 novembre 189916. C'est à cette date que Navas dresse le métré définitif, il ne concerne que les seconde et troisième travées17. La première travée, elle, est achevée en 190118.

 

La comparaison des plans de 1891 (PL. ) et de 1899 (PL. II) laisse supposer, même s'il n'en est pas fait mention dans les archives, que la voûte du chœur à aussi été refaite19.

 

 

Le XIXe siècle a donc fait son œuvre, les deux fenêtres de la nef et sa voûte, ont été refaites. L'intérêt archéologique de l'édifice se recentre sur le chevet20 (PL.XXXIII­V).

Celui-ci est constitué essentiellement de moellons de calcaire marmoréen et en moindre mesure de gneiss (fig. 63). Ses murs font 1,10 m d'épaisseur.

Ses ouvertures, en arc plein cintre et en brique, sont certainement de la même génération que celles de la nef (fig.62). En revanche deux ouvertures fermées, en arc brisé et en grès, sont encore visibles sur les pans nord-est et ouest (PL.XXXIII). Celle à l'ouest est désaxée et le crépi empêche de voir s'il en existe une en symétrie à l'est (fig.64,65). Une troisième ouverture murée sur le pan nord-ouest en anse de panier et en schiste, témoigne certainement d'un remaniement plus tardif, elle est visible de l'extérieur (fig.63). Le panneau axial pourrait avoir été aussi percé d'une ouverture comme l'affirme B. Pousthomis (PL.XXXIII), un alignement de moellons à hauteur de l'assise de la fenêtre nord-est semble le confirmer (fig.64,65), cependant l'appareil à l'extérieur ne témoigne pas de ce remaniement. A noter que le panneau nord-ouest présente une niche en accolade (fig.68).

Ce chœur était certainement voûté d'ogives, car les angles sont pourvus de demi-colonnettes ne servant plus aujourd'hui qu'à recevoir les arcs formerets, le remaniement à la jonction des différents éléments confirme bien que ces supports devaient recevoir d'autres arcs (fig.69). Ces formerets sont de section prismatique, à deux cavets (PL.XXXIV). L'arc triomphal présente la même modénature (PL.XLI-b), il s'achève par pénétration dans les demi-colonnes qui le supportent (PL.XLI-a) (fig.66). Celles-ci s'appuient sur de simples bases prismatiques, sans ornementation (PL.XXXIV) (fig.67).

Ces caractéristiques sont attribuables à la fin du XVe siècle, ou au début du XVI' siècle.

 

VILLES_ET_VILLAGES - DURFORT

OCCUPATION DES SOLS AU MOYEN AGE AUTOUR DE DURFORT

LE CASTRUM DE DURFORT d'après Isabelle Darnas

 

1 - A_C. Durfort, 2 M 1­

2 - Ibid.
3 -Ibid.
4 -Ibid
5 - Ibid
6 -Ibid

7 - Lettre du sous préfet, au préfet du 19 août 1893. A.D.T., 2o 83-1.

8 - A_C. Durfort, 2 M 1.
9 -Ibid.

10 -Ibid.

11 - Procès verbal d'adjudication des travaux du 23 juillet 1899. A.D.T., 2o 83-1.
12 - Donc la première.

13 - Peut être les fenêtres

14 - A.D.T., 2o 83-1.

15 -Ibid.

16 - Extrait des registres aux délibérations du 16 juin 1900. A.C. Durfort, 2 M 1.

17 - A.C_ Durfort, 2 M 1.

18- Lettre du sous préfet au préfet du 3 janvier 1901. A.D.T., 2o 83-1.

19- La différence entre les deux plans sous entend tout de même qu'il faut se méfier de l'imprécision de certains architectes du XIX° siècle.

20 - Les plans du XIX` siècle sont assez aléatoires, le chevet est régulier, les parties droites sont de la dimension d'une travée, et prolongées de trois pans. C'est bien la nef qui ne fait pas corps avec lui. C£ Planches XXXIII-XXXIV, B. POUSTHOMIS, Eglise Saint-Etienne, Durfort, Tarn, plan, élévation et coupe, janvier 1976.