Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                      LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE

 

Guillaume ou Guilhem de Nogaret

 

 

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(né vers 1260 à Saint-Félix de Lauragais - mort en mars 1313 ) était un juriste français, originaire du Languedoc, qui devint conseiller du roi de FrancePhilippe IV le Bel, son Garde du Sceau, et fut à partir de 1306 le véritable maître d'œuvre de la politique royale.

 

Les jeunes années :
Nogaret homme de loi en Languedoc (1282-1295)

La famille Nogaret tenait une petite propriété ancestrale à Nogaret, près de Saint-Félix-de-Caraman (aujourd'hui Saint-Félix-Lauragais), d'où elle tirait son nom.
Le grand-père de Guillaume de Nogaret était toulousain et fut condamné comme hérétique lors de la Croisade des Albigeois.

GENEALOGIE


On sait peu de choses sur la jeunesse de Guillaume de Nogaret, si ce n'est qu'il étudia le droit à l'université de Montpellier, et qu'il y devint professeur de droit romain en 1287.
Dans ces années, la carrière de Guillaume est alors celle de nombreux hommes de loi du Midi : elle se partage entre l'enseignement du droit, à Montpellier, et des activités de conseil juridique en faveur de divers « clients », tels l'évêque de Maguelonne, le roi de Majorque et le roi de France.
Il s'entremit ainsi lors de l'achat par le roi de la part qu'avait dans la seigneurie de Montpellier l'évêque de Maguelonne. En 1293, Nogaret entre au service du roi de France Philippe IV le Bel et devient juge-mage de la sénéchaussée de Beaucaire-Nîmes pendant deux ans, fonction à responsabilité, qui est plus que celle d'un juge au sens strict, dans l'une des sénéchaussées les plus importantes du royaume.

NOGARET-2

BLASON-NOGARET-2

Blason Guillaume de Nogaret

 

Nogaret « conseiller du roi » :
la montée vers le pouvoir (1295-1303)

Engagé au service du roi à Paris à la fin de 1295, Nogaret agit jusque vers 1301-1302 en tant qu'enquêteur en Champagne et dans les provinces orientales du royaume.  Il s'agrège dans le même temps à certaines institutions, le Parlement, ­ où il siège à partir de 1298, et le roi où sa présence est attestée dès 1300. Nogaret fait, durant ces années, ses preuves : il effectue principalement des tâches de caractère administratif, dans lesquelles il agit en exécutant et n'a pas l'initiative.
Ses responsabilités s'accroissent à partir du tournant du siècle. En effet, il est désormais personnellement chargé de la conduite, d'un bout à l'autre, d'affaires d'importance (projet de pariage avec le roi de Majorque sur la ville de Montpellier, négociations relatives à l'acquisition par le roi de la justice de Figeac, rédaction d'une charte de franchises pour cette ville, ... ).
C'est de cette époque également que date sa participation aux affaires religieuses, en coulisses tout d'abord ­ lors des troubles religieux du Languedoc et du procès de Bernard Saisset, ­ puis au grand jour quand, en mars 1303, il fait connaître par un célèbre discours les crimes de Boniface VIII.
Le nom de Guillaume de Nogaret sera principalement lié à la querelle de Philippe le Bel avec le Pape Boniface VIII. En 1300, il fut envoyé en ambassade auprès du Pape, dont il a laissé un compte-rendu pittoresque et hautement coloré.

BLASON-MARQUIS-NOGARET

Blason Marquis de Nogaret

SCEAU-NOGARET

Sceau de Nogaret

 

Boniface VIII et l'attentat d'Anagni (1303)

Le réel ascendant que Guillaume de Nogaret prit sur le roi peut être daté de février 1303, lorsqu'il parvint à persuader Philippe IV de consentir à mettre en œuvre le plan consistant à s'emparer du Pape pour le ramener de force en France, où un concile réuni pour l'occasion l'aurait déposé.Le 7 mars il reçut, avec trois autres personnes, le message codé de la chancellerie royale de « se rendre en certain lieu ... et d'y faire avec telles personnes ce qu'il leur semblait bon d'y faire ».
Le 12 mars, lors d'une assemblée royale solennelle tenue au Louvre, Guillaume de Nogaret prononça un discours au cours duquel il lança toute une série d'accusations contre Boniface VIII, et réclama la convocation d'un concile général pour examiner son cas (et donc faire son procès). Aussitôt après, il partit pour l'Italie, et avec l'aide d'un espion florentin, il engagea une bande d'aventuriers, ennemis de la famille Gaetani (la famille du Pape). Le clan Colonna devint son meilleur allié, et Sciarra Colonna accompagna Nogaret à Anagni, la ville natale de Boniface VIII.

Le 7 septembre, avec leur petite armée de quelque 1600 hommes, Nogaret et Colonna prirent par surprise la petite ville. Le Pape fut fait prisonnier. Sciarra voulait le tuer, mais le but de Nogaret était de le ramener en France et de le faire comparaître devant un concile général. Mais tout ne se passa pas comme prévu. Le 9 septembre un soulèvement de la population en faveur du Pape obligea Nogaret et ses alliés à prendre la fuite et libéra Boniface VIII.
La mort de celui-ci à Rome un mois plus tard, le 11 octobre, sauva la mission de Nogaret. L'élection du timide Benoît XI marque le début du triomphe de la France sur la Papauté, qui trouvera son aboutissement avec l'élection, deux ans plus tard, pour succéder à Benoît XI, de l'archevêque de Bordeaux Bertrand de Got (Clément V), qui installera la Papauté d'Avignon A son retour, lorsqu'il rendit compte au roi de sa mission, Guillaume de Nogaret fut chaleureusement remercié par l'attribution de terres et reçut une grosse somme d'argent. Philippe IV le Bel l'envoya en ambassade auprès de Benoît XI afin de demander l'absolution pour tous les participants à la querelle avec Boniface VIII.
Le Pape refusa de le recevoir et l'exclut de l'absolution générale qu'il accorda le 12 mai 1304. Le 7 juin, il fulmina contre lui et ses alliés d’Anagni la bulle Flagitiosum scelus.

La suppression de l'Ordre du Temple

Ses talents trouvèrent encore pleinement à s'employer à l'occasion du procès de Guichard, évêque de Troyes, accusé de divers crimes, qui débuta en 1308 et dura jusqu'en 1313.

Le 27 avril 1311, Guillaume de Nogaret obtint de Clément V l'absolution pour les protagonistes du conflit avec Boniface VIII, que Benoît XI lui avait refusée. Il devait en échange, à titre de repentance, s'engager à partir pour la prochaine croisade, et se rendre dans un certain nombre de lieux de pèlerinage en France et en Espagne, mais il ne le fit jamais. Il est mort en 1313 rendant ainsi anachronique la malédiction qu'aurait prononcée sur le bûcher, selon Maurice Druon, le maître de l'Ordre du Temple, Jacques de Molay, « Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu ...» puisque Jacques de Molay fut brûlé en 1314.
Mais peut-être y a-t-il eu erreur sur le nom de Guillaume, car Guillaume Humbert, ( aussi appelé Guillaume de Paris) dominicain nommé Grand inquisiteur de France, et confesseur du roi de 1305 à 1314, qui instruisit avec Guillaume de Nogaret le procès des Templiers, de 1307 à 1314 fut présent et l'on perd la trace en 1314 (rumeurs d'assassinat).

Notes et références

Bibliographie

 

LIEN VERS LIVRE FORMAT PDF : GUILLAUME DE NOGARET
- Chancellier de Philippe le Bel - Seigneur de Calvisson et de Marsillargues
par l'Abbé René André de l'académie de Nimes

 

ANNEXE : l'arrestation et le procès des templiers

d'après biographie de Guillaume de Nogaret issue de l'encyclopédie libre et collaborative Wikipedia.
Les textes et les images de la biographie de Guillaume de Nogaret sont disponibles sous les termes de la Licence de documentation libre GNU.

 

A la demande de Philippe le Bel, tous les templiers de France sont arrêtés le 13 octobre 1307 à l'aube par les sénéchaux et les baillis du royaume sous des chefs d'inculpation douteux (profanation de la croix, idolâtrie d'une tête de chat, sodomie) : il s'agit d'une opération de police conduite dans le secret absolu par Guillaume de Nogaret, 1ère véritable rafle policière jamais organisée! Les 140 templiers de Paris sont arrêtés personnellement par Guillaume de Nogaret accompagné de gens d'armes.

Rien qu'à Paris, 134 prisonniers sur 140 confirment l'exactitude des accusations ... mais 38 succombent à la torture : on peut donc douter de la sincérité des aveux ! Au reniement du Christ, aux rites obscènes et à la sodomie, les confessions ajoutent encore l'adoration des idoles, la cupidité, la négation des sacrements et les réunions nocturnes secrètes. L'opinion publique et le roi lui-même y voient la confirmation de leurs terribles soupçons sur l'impiété des templiers et leur connivence avec les forces du Mal !
Pour extorquer la "vérité" aux prisonniers dans tout le pays, les commissaires royaux utilisent largement la torture : très vite, les résultats des interrogatoires, poursuivis par les inquisiteurs dominicains de l'église mandatés par le Pape, confirment les affirmations de Philippe le Bel sur la corruption de l'ordre.

 

La nouvelle de cette arrestation est reçue par le Pape Clément V comme une grave offense à son pouvoir. Il apprend de plus que des prisonniers ont rétracté leurs aveux devant ses cardinaux : il décide d'interrompre les activités des inquisiteurs.
Cela ne convient pas à Philippe le Bel, qui tente aussitôt de le convaincre de la culpabilité de l'ordre en lui présentant 72 Templiers soigneusement choisis, qui dressent un tableau terrible des crimes du Temple. Ainsi pressé et persuadé, Clément V ordonne la formation dans chaque diocèse de commissions ecclésiastiques chargées d'examiner les cas individuels, tandis qu'une commission nommée par lui siégera à Paris avec charge d'enquêter sur l'ordre en général.
Depuis le début du procès, les aveux du Grand Maître Jacques de Molay et des autres dignitaires avaient brisé toute velléité de résistance. Aussi, lorsque la commission pontificale demande à l'ordre de présenter des défenseurs, plus de 500 membres du Temple manifestent leur désir de s'exprimer et certains expliquent que la torture est responsable des aveux en confirmant la pureté de leur ordre : la résistance des templiers s'organise !.
Mais sous la pression de Philippe le Bel, le pape Clément V, moins omnibulé par la théocratie prônée par ses prédécesseurs, marque définitivement la fin de l'Ordre du Temple en émettant sa dissolution le 3 avril 1312 ("Ad providam").
Le procès aura duré 7 ans et c'est donc sous l'usage de la torture que les Chevaliers du Temple avoueront les crimes qu'on leur impute.

 

Le 3 mai 1312, le Pape affecte le trésor des Templiers à l'ordre concurrent des Hospitaliers, à l'exception de la part ibérique qui revient aux ordres militaires locaux : ainsi les biens gardent une affectation destinée à la défense de la foi. Le roi de France et ses conseillers plaident en faveur de cette solution respectueuse de la volonté des nombreux bienfaiteurs du Temple mais en 1313, sur la base de documents comptables, l'ordre de l'Hôpital restitue 200 000 livres au trésor royal pour solde de tout compte.
Le successeur de Philippe le Bel, Louis X, réclamera un supplément, estimant que son père a été floué : l'affaire est close en 1317, quand le nouveau roi Philippe V reçoit 50 000 livres supplémentaires.

BUCHER-JACQUES-MOLAY

EXECUTION-MOLAY

Gravure du XIXe siècle représentant le bûcher de Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay, par Auguste Maquet.

 

Au bout de 7 ans d'emprisonnement dont une partie dans le Château Chinon, Jacques de Molay accompagné d'autres dignitaires de l'ordre sont conduits le 18 mars 1314 devant la cathédrale de Notre-Dame de Paris pour entendre le verdict du procès : la sentence des juges est la prison à vie.
Mais Jacques de Molay et Geoffroy de Charnay, précepteur de Normandie, haranguent la foule en disant que leurs aveux ont été volés, que les templiers n'ont commis aucun crime et sont victimes d'une machination : les deux hommes sont alors condamnés au bûcher.
Jacques de Molay et son compagnon sont brûlés vif à la pointe de l'île de la Cité le 18 mars 1314 : ils demandent qu'on leur desserre les liens des mains pour pouvoir les joindre en prière. La légende veut qu'à l'instant de succomber dans les flammes, Jacques de Molay ait lancé une malédiction à l'attention du roi et du Pape : "Pape Clément ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races !"

La malédiction du templier allait s'avérer exacte : Clément V meurt le 20 avril 1314 d'étouffement et Philippe le Bel décède en novembre 1314 d'un ictus cérébral ; ses trois fils mourront dans les 12 années à venir, sans laisser de descendance mâle, mettant ainsi fin à la lignée des Capétiens directs. Pour la petite histoire, Il est à noter, que Louis XVI, mort le 21 janvier 1793 était de la treizième génération de Philippe le Bel ... La boucle était-elle bouclée ?

 

 

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