Histoire de Revel Saint-Ferréol                                  CAHIERS DE L’ HISTOIRE - N°15 - Année 2010 - pp. 113/124

 

GUILLAUME FLOTE,
CHANCELIER DU ROI PHILIPPE VI DE VALOIS ET SEIGNEUR DE REVEL

Par Claude Pouzol

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Plan gEnEral

 

Présentation

 

1 – Caractères généraux de l’époque et du règne de Philippe VI de Valois.

2 – Le prédécesseur de Guillaume Flote, le chancelier Pierre Flote, père de Guillaume.

3 – Les débuts de la carrière de Guillaume Flote.

4 – Les activités de Guillaume Flote sous Philippe de Valois.

a – au Parlement

b – à la Chambre des Comptes

c– Guillaume Flote chancelier et conseiller du roi

d – missions diplomatiques

5 – Les collaborateurs de Guillaume Flote

6 – Vie privée de Guillaume Flote

7 – Guillaume Flote sous Jean II le Bon

 

Conclusion générale

 

Appendice I : Affaire de falsification de sceau pendant la chancellerie de Guillaume Flote.

Appendice II : Jeanne d’Amboise, épouse de Guillaume Flote et la famille d’Amboise.

 

Bibliographie et notes

 

GUILLAUME FLOTE, CHANCELIER DU ROI PHILIPPE VI DE VALOIS ET SEIGNEUR DE Revel

 

Le dessein de cet article est d’une grande simplicité : donner de la consistance au personnage de Guillaume Flote, afin que nul ne puisse contester que Revel, le nom de sa terre fut donné par le roi Philippe VI de Valois à la bastide qu’il venait de créer en février 1342, hypothèse séduisante qui a été récemment émise par maître Pierre Bouyssou dans un récent article de nos Cahiers d’histoire (N°14, janvier 2009, p. 2-9, « l’origine du nom de Revel »).

Pour cela j’utiliserai des ouvrages, outre l’article de maître Pierre Bouyssou, (D) jusque là  peu sollicités, qui ont l’avantage d’avoir  manié des sources de première main et qui sont répertoriés dans la bibliographie par les sigles A, B, C, D,  E, F. 

 

 

1 - Caractères d’ensemble de l’époque et du règne de Philippe VI de Valois (1328-1350). (1)

 

En 1328, au début du règne de Philippe VI on est encore en plein Moyen-âge. Les relations de personnes sont encore dominées par la féodalité, qui lie le vassal à son seigneur et donc les hommes entre eux par l’octroi d’une terre (fief). L’état, depuis la disparition de l’Empire Romain, n’a plus aucune existence. Le roi est théoriquement à la tête de la chaîne de ces liens féodaux. Les seigneurs se livrent à des luttes incessantes.

En réalité, le roi n’exerce son pouvoir qu’à l’intérieur du domaine royal, que les premiers rois capétiens se sont efforcés de constituer et d’agrandir. Il est en butte à l’avidité des grands seigneurs féodaux (barons) et surtout des grands seigneursapanagés, qui sont le plus souvent des membres de sa famille, héritiers de vastes provinces, pour les dédommager vis-à-vis de l’aîné, seul héritier du titre. Ces seigneurs se livrent entre eux àdes luttes incessantes qui font ressembler la vie politique à un immense chaos.

 

Le latin reste la langue officielle, les rares textes en langue vulgaire sont souvent peu compréhensibles, faute de règles grammaticales et syntaxiques établies.

 

La région de Revel, encore rattachée au Nord Languedoc, propriété du Comte de Toulouse, fait partie depuis peu de ce domaine royal. A la suite de la guerre des Albigeois, la fille du Comte de Toulouse dut épouser le frère du roi Saint-Louis. A la mort du couple, sans enfants, ses possessions sont devenues territoire du roi de France. Elles sont désormais administrées par un sénéchal : c’est un des leurs, qui fut chargé de la création de la bastide royale de Revel (en février 1342).

 

Philippe de Valois, après la mort des trois fils de Philippe le bel, Louis le Hutin, Philippe le Long, Charles IV le bel, ne dut son arrivée au trône qu’à l’obstination des grands barons à ne pas donner le royaume à l’héritier anglais, Edouard III. Il fut « le roi trouvé »n’étant par son père, Charles de Valois, que le neveu du dernier capétien, un Valois succédant ainsi à la lignée des Capétiens directs.

 

Son règne, faute d’une biographie de synthèse est encore assez mal connu, malgré les études d’érudits chartistes éparses dans des revues difficiles à trouver.

Soutenu au début de son règne par son beau-frère, Robert d’Artois, Philippe dut ensuite faire face à la volonté obstinée de ce dernier à récupérer cette province qui, par suite d’héritages divers, lui échappa. La crise intérieure qui en résulta fut grave et profonde.

 

 

1 - Voir Claude Pouzol, « quelques remarques sur le règne de Philippe VI de Valois, le fondateur de la bastide de Revel (1328-1350) », Cahier de l’Histoire de Revel,

n° 9, p.1-15.

 

2 – Le prédécesseur, le Chancelier Pierre Flote, le père de Guillaume Flote

 

Plus connu que son fils, Pierre Flote a fait l’objet de l’attention de Pierre Bouyssou (D, p.8 et 9). Nous nous permettons cependant de rappeler quelques grandes lignes de cet article.

Fils de Raimbaud Flote qui semble avoir habité en Languedoc, Pierre Flote fait des études de droit romain à la célèbre université médiévale de Montpellier. Il est distingué par le roi Philippe le Bel qui le prend à son service et l’envoie à la cour pontificale de Rome pour négocier la canonisation du roi de France Louis IX, pas encore à l’époque le roi Saint-Louis (en 1297).

 

Il devient chancelier de Philippe le Bel, le premier laïc à occuper cette charge, de tout temps dévolue à un clerc sous les premiers capétiens. Il est notamment chargé des négociations entre le roi de France et le roi d’Angleterre Edouard 1er Plantagenet.

 

Puis, dans l’affaire qui opposait Philippe le Bel à Bernard Saisset, évêque de Pamiers, soutenu par le pape Boniface VIII, Pierre Flote rédige l’acte d’accusation contre lui, n’hésite pas à falsifier les bulles pontificales, et mène une vaste campagne de propagande afin de rassembler les français autour du roi. C’est dans le feu des controverses que cette affaire engendra que le souverain pontife lui a décoché la célèbre boutade : « Pierre Flote, petit avocat borgne » qui nous apprend ce défaut de vision du chancelier français. On a de lui un sceau qui figure sur une quittance de frais occasionnés par un voyage en Allemagne le 14 août 1298 (D, sceau de la collection Clairambault n° 3657 – voir annexe en fin d’article).

 

INVENTAIREPage de garde de l’ouvrage publiant la collection Clairambault

  

Pierre Flote a laissé une réputation de grand orateur.

Malgré son handicap malencontreux, Pierre Flote fait preuve d’une grande vaillance militaire, et décède, les armes à la main, tué par les flamands sous les murs de Courtrai, le 1er juillet 1302.

 

Ce sont ces services éminents qui décident le roi Philippe le bel, à le doter de la place forte de Revel, ancienne forteresse royale du XIIème siècle dans le Puy de Dôme (voir les photos et le plan du château dans D, p.8). Il fit décorer la grande salle du château de Revel d’une grande frise héraldique d’une cinquantaine de blasons.

 

FLOTE Portrait de Pierre Flote

  

3 – Les débuts de la carrière de Guillaume Flote

 

Faute d’état civil à l’époque on ne connait pas la date précise de sa naissance…

Est-il né aux alentours de 1280 comme le ferait supposer un des premiers documents officiels où il apparait (E, p.313, n.4) : une sentence arbitrale par lui rendue dans une affaire compliquée à multiples rebondissements entre l’abbé de Cluny et le prieuré de la Charité et qui nécessiterait qu’il fut majeur à cette époque ?

Or les premières mentions de Guillaume Flote paraissent dater de 1298-1299 : elles se rencontrent dans les registres du pape Boniface VIII, alors qu’il aurait été à Rome, accompagnant son père Pierre Flote et qu’au retour il serait tombé malade à Luques (F, p.367, n.2).

A-t-il été destiné par son père d’abord à une carrière ecclésiastique, comme le ferait penser le fait qu’en 1298, il possédait des bénéfices ecclésiastiques de chanoine et archidiacre en l’église de Cambrai (F, p. 314 ?).

 

RAVEL Le château de Revel ou « Ravel » (Puy de Dôme).

 


Cependant de tels bénéfices ne nécessitaient pas qu’il fut destiné à la cléricature, car ils avaient pu lui être conférés alors qu’il était enfant et l’on peut penser que Guillaume Flote a bénéficié de la part du pape d’un délai de cinq années pour étudier, en lui donnant les revenus de la prévôté d’Amiens, sans l’obliger a recevoir les ordres (F, p. 367). Dans ce cas, qui serait fort plausible, on pourrait reculer de dix années, la date de naissance de Guillaume Flote, c'est-à-dire le faire naître vers 1290 (F, p. 368), ce qui lui donnerait 22 ou 23 ans à la mort de son père et expliquerait mieux sa longue activité, suivie par celle au service du fils de Philippe VI, le roi Jean II le Bon. Cela permettrait de situer son décès vers les années 1366. Il aurait alors atteint les 70 ans.

 

SCEAU 

    

4 – Les activités de Guillaume Flote sous Philippe VI (1328-1350)

 

Au vu des activités multiples de Guillaume Flote durant ce règne, nous éviterons l’ennui d’un défilé purement chronologique, et nous essaierons plutôt de séparer ces fonctions, tout en ne nous cachant pas qu’il a pu les exercer conjointement, en les cumulant le plus souvent.

 

a / au Parlement

 

Guillaume Flote a commencé très tôt, sous l’égide paternelle, une carrière administrative qui très rapidement le fait distinguer dans des postes importants.

Sous Philippe le Bel, il figure aux requêtes de la langue d’oc (C., p. 92).Et le même souverain l’envoie en 1313 à la cour de Londres pour une mission  diplomatique (C., p.92).

 

Il entre à la grande chambre du parlement sous les successeurs de Philippe le Bel, les rois Louis X le Hutin, Philippe le Long, et Charles IV le Bel et même Philippe le Long l’emploient comme réformateur en champagne et en toulousain (C., p. 92 et notes).

Après le décès de Philippe le Long, la veuve de ce dernier l’emploie, d’accord avec le pape Jean XXII, pour négocier la paix entre le comte de Savoie et le dauphin, prélude aux contacts qui aboutiront au rattachement du Dauphiné à la France.

A son tour le roi Charles IV le Bel, l’utilise dans diverses missions diplomatiques en Flandre, en Dauphiné, en Avignon et à Londres pour négocier  le traité de 1325 avec les Anglais (C., p. 92 et n. 9 à 12).

 

Le Valois succédant aux derniers Capétiens directs le conserve à la Grand Chambre du Parlement (C., p.92, n.13).

Cette institution, récemment établie par les derniers rois capétiens, n’était pas une assemblée représentative comme ce que l’on met de nos jours sous ce nom, en opposant pouvoir exécutif et pouvoir législatif. Ce sont surtout des tribunaux.

On peut distinguer la grande chambre qui se réserve les affaires civiles et la chambre criminelle appelée aussi Parlement criminel.

Guillaume Flote siège dans l’une et l’autre chambre, avec quelquefois des pouvoirs considérables, nous le verrons :

 

 ­- Le 12 août 1335, Guillaume Flote, désigné comme chevalier, est présent lors du mandement au prévôt

de Paris de transférer plusieurs individus détenus au Chatelet (B-document n° 3024 v° A).

- Le 17 août 1335,  Guillaume Flote est présent pour le mandement au sénéchal de Toulouse, le commettant à élargir Pons Ysalguier de Toulouse  à cause de la mort d’Aymeri Béranger  (A- document n° 3024 B).

- Le 2 août 1331, Lettre close originale adressée par Guillaume Flote, seigneur de Revel à Me Etienne de Gien lui demandant de refaire une lettre parce qu’un mot précis manque dans le texte (B- document n° 2010).

- Le 24 mai 1342, G. Flote, seigneur de Revel et chancelier de France est chargé de résoudre le litige existant entre Guy de Comptour… et le prieur d’Auvergne au sujet de pâturages et justice (B, document 4072 A).

- Le 8 mai 1344, G. Flote, chancelier a rapporté à la cour criminelle que le roi de France voulait et ordonnait que toutes les causes criminelles et civiles présentes ou futures pendantes en Parlement entre Gui de Comminges d’une part, l’abbé et les religieux et les habitants de Saint Sulpice et la Bessière et le sous viguier de Toulouse d’autre part soient renvoyées au duc de Normandie et d’Aquitaine (son fils Jean) (B, document 4125 A).

 

Notons que dans ce document Guillaume Flote est l’interprète direct des volontés du roi.

Son influence au Parlement permet l’acte en faveur  des GAYTE, ces banquiers de Clermont exclus des offices royaux par Charles le Bel, puis réintégrés en 1335, Mathieu GAYTE étant nommé trésorier par Philippe VI (C, p.107 à 111).

 

Une autre affaire, fort  pittoresque, mérite d’être signalée.

 

Elle montre la rudesse des mœurs de cette époque. Le banquier génois Angelin BALOCE, en octobre 1336 adresse une supplique au roi Philippe VI de Valois. Cet italien, vivant en France, avait obtenu de la Chambre des comptes l’assignation d’une certaine somme sur le trésor et il prend à témoin Guillaume Flote, siégeant alors au Parlement, de sa bonne foi. Le Chancelier Sainte Maure, prédécesseur de Guillaume Flote dans cette charge, qui convoitait la femme de cet italien, lui fit savoir qu’il ne serait pas payé tant qu’elle ne lui aurait pas cédé. Baloce refuse l’arrangement. Sainte Maure s’associe avec Martin des Essarts et Pierre Forget pour menacer le malheureux Baloce de « le mettre en tel lieu que je ne verrais ne piedz ne mains » et pour que l’assignation soit annulée.

Ce témoignage de l’âpreté et de la malhonnêteté du chancelier qui précéda Guillaume Flote fit certainement apprécier par le roi les services de ce dernier, contre lequel de tels faits n’ont jamais été portés à notre connaissance (C, pièce justificative n° VII).

 

b / Guillaume Flote à la Chambre des Comptes

 

Ce grand organisme administratif joue un rôle important : il est aussi, alors, un organe gouvernemental ce qui étonne beaucoup les contemporains frappés de son universelle compétence.

- Janvier 1340 – Philippe de Valois donne tous pouvoirs sur les monnaies à Jean de Marigny, associé à Mile de Noyers et Guillaume Flote, chancelier (C, p.124).

- Janvier 1341 – Guillaume Flote fait partie des souverains de la chambre des Comptes en tant que chancelier (C, p. 125). 

- Après juin 1344, la présence de guillaume Flote à la Chambre des Comptes avec Mile de Noyers, Jean de Marigny et Jean de Nesle paraît une sinécure méritée par de longs services (C, p. 171).

- Depuis la fin 1345, le royaume paraît administré par une commission de trois membres : le chancelier guillaume Flote et deux présidents de la Chambre des Comptes l’évêque de Laon, Hugues d’Arcy et Jean de Nesle (C, p.171).

- La Chambre des comptes devient le centre du système gouvernemental par lequel passent toutes les affaires. Le chancelier Guillaume Flote parait plus absorbé par la chambre des comptes que par la chancellerie (C, p.186).

 

c/ Guillaume Flote, chancelier et conseiller du roi

 

Les deux fonctions de chancelier et de conseiller du roi ne sont pas nécessairement liées. Mais dans le cas de Guillaume Flote, elles le furent totalement. Les attributions d’un chancelier sont en principe limitées à la justice. Il est le gardien du Sceau qui authentifie les actes royaux. Quand le roi voyage, le Chancelier représente la personne du roi et emporte avec lui le sceau. Partout où le roi séjourne régulièrement, le Chancelier a sa résidence.

Guillaume Flote occupe la chancellerie depuis le décès de Gui Baudet, c’est-à-dire le début de 1338 (C, p. 219).Il quitte cette fonction en 1348.

 

En revanche, il est difficile de dire quand il est devenu conseiller du roi, car il n’y a pas d’archives de l’époque concernant le conseil du roi.

Un chancelier comme Guillaume Flote se déplace continuellement. Un service demeure à Paris, celui de l’audience où les actes sont scellés, soit du grand sceau, soit en cas d’absence d’un des sceaux de remplacement, sceau du Chatelet ou autre. Le local de l’audience se trouvait dans l’ile de la cité à Paris, dans le voisinage de la Sainte Chapelle (A, p.175).

Dans la réalité, les attributions de guillaume Flote sont très entremêlées et la fonction de Chancelier ne peut être séparée de celle de conseiller du roi.

 

En  1343, Guillaume Flote, chancelier et Mile de Noyers jouissent de la plus grande autorité dans le conseil du roi. Preuve en est donnée par la correspondance du roi d’Aragon : lorsqu’il écrit au roi de France, il le fait par l’intermédiaire de ces deux conseillers (C, p.169).

Après la retraite de Mile de Noyers, le Chancelier Flote devient le conseiller le plus écouté du roi, avec Jean de Marigny et Jean de Nesle-Offemont (c, p. 169).

 

Guillaume Flote démissionne de la chancellerie le 3 janvier 1348 (C, p. 219). Est-ce une disgrâce ? Cela n’est qu’apparence. La véritable raison de la démission de la chancellerie par Guillaume Flote est à chercher ailleurs. En 1348, le chancelier réunit entre ses mains des attributions multiples et conséquentes, or à la fin de 1347, les Etats (nous dirions les Etas généraux) sont convoqués à Paris. Ils font connaître au roi qu’ils souhaitent obtenir la réforme de la monarchie, notamment plus d’ordre dans le gouvernement avec une séparation mieux définie des pouvoirs. Leurs exigences s’expriment vis-à-vis du rôle du chancelier qui exerçait les fonctions depuis dix ans et à qui l’on reprochait le cumul des pouvoirs.

 

Guillaume Flote jouait un rôle considérable dans le conseil du roi, tout en étant chargé par la détention du grand sceau de vérifier le bien fondé juridique des décisions du roi (C, p.289). Ses attributions sont plus celles d’un premier ministre que d’un garde des sceaux (C, p. 220-221).

Guillaume Flote a préféré sans aucun doute abandonner la Chancellerie sur la pression des Etats qui lui demandent de choisir entre les activités demandées par le roi et la chancellerie. G. F. préfère conserver sa place au conseil du roi. Il est probable que ce choix leur fut imposé (C, p. 220-221).

La solution de maintenir à Guillaume Flote la plus grande partie de ses attributions, mais d’abandonner la chancellerie à un vieux parlementaire, est probablement le résultat d’une transaction entre la royauté désireuse de ne pas perdre un vieux et fidèle serviteur, éprouvé et qualifié et les Etats qui exigent un changement (C, p. 223).

 

On n’a pas les documents nécessaires pour prouver la présence des uns et des autres conseillers auprès du roi, le roi restant maître de nommer et de faire figurer, à ses côtés, qui lui plaisait et qui pouvait lui rendre le meilleur service.

 

Mais la présence de Guillaume Flote dans ce conseil, appelé encore conseil secret est attestée, il y figure en tant que chancelier, sans qu’il fut possible d’affirmer que le Chancelier y fut nommé de droit, le roi restant maître du jeu.

En 1339 -1340, il est celui qui assiste le plus régulièrement à ce Conseil et en 1343, il est avec Mile de Noyers de ceux qui ont le plus d’autorité dans ce conseil (C, p.169-171).

Après la retraite de Mile de Noyers, Guillaume Flote demeure l’un des plus assidus au conseil avec l’Evêque Jean de Marigny, Jean de Nesle-Offemont et Jean de Thiel.

Depuis la fin 1345, le royaume parait administré par une commission de trois membres avec guillaume Flote et deux présidents de la Chambre des Comptes, l’évêque de Laon Hugues d’Arcy et Jean d’Offemont (C, p.178).

Après 1348, G. F. ayant abandonné la chancellerie, siège plus assidu que jamais au conseil du roi, avec la simple appellation de « sire de Revel ». (C, p. 220). Il est probable que G. F., préfère abandonner la chancellerie pour conserver sa place au conseil du roi (C, p. 229).

 


PLANCITE

Le « Palais de la Cité ».

Lieu de « travail » de Guillaume Flote

 

 

PLANCITE2 

Endroit où devait avoir lieu les « Conseils du roi » (rond marqué par une flèche).

 
LITHO 


En réalité, les attributions de G. F. sont importantes et multiples :

 

- En 1343, il est en Avignon chargé par le roi des négociations sur l’achat du Dauphiné et il y retourne en 1344.

- Durant l’été 1344, il est en Languedoc accompagnant le duc de Normandie (C, 219).

 

Depuis la fin de 1345, après les échecs d’Aiguillon et de Crécy, le royaume parait administré par Guillaume Flote et deux présidents de la chambre des Comptes (C, p. 178).

 

En 1346, la même association de Guillaume Flote et des deux présidents de la Chambre des comptes négocie avec les Etats à Paris et en avril 1347, Guillaume Flote donne des ordres aux gens des Comptes.

Il est occupé à la guerre : il défend le pont de Poissy contre le roi d’Angleterre Edouard III et il participe à la bataille de Crécy où on a la liste de ses chevaux avant, pendant et après la bataille. (Il aurait eu 24 chevaux de la compagnie tués à Crécy). La compagnie de G. F. pour la grande offensive de Calais comprenait un chevalier banneret, 18 chevaliers, 112 écuyers (E, p. 339).

Pendant les dernières années du règne de Philippe VI, c’est en réalité le fils du roi, Jean de Normandie qui dirige les affaires du royaume assisté des anciens conseillers maintenus au Conseil : la carrière de Guillaume Flote se prolonge (C, 245-246).

Affirmant le rôle de Guillaume Flote dans les tractations pour le Dauphiné, qui ont abouti le 30 mars 1349 à la renonciation de cette province en faveur du fils ainé du duc de Normandie, le futur Charles V, alors âgé de onze ans, il est envoyé à Tournon pour obtenir des garanties concernant la sûreté de l’acquisition du Dauphiné par la France. Le nouveau dauphin en prend possession en juillet 1349.

Son rôle de chancelier l’amène parfois à juger et à sévir dans des affaires judiciaires, comme dans l’affaire de falsification du sceau du duc de Normandie (Appendice I).

 

d/ Missions diplomatiques

 

Certes, comme nous l’avons déjà précisé les talents de Guillaume Flote avaient été utilisés par les prédécesseurs directs de Philippe VI de Valois (voir dans les débuts de la carrière de Guillaume Flote, les emplois diplomatiques par la veuve du roi Philippe V le Long ou Charles IV le Bel).

Guillaume Flote intervient directement dans les pourparlers et la signature de l’acte qui aboutirent à l’importante acquisition de la ville de Montpellier et de son port de Lattes en avril 1349. Dans une mise au point célèbre, l’historien Jules Viard donne des preuves que Philippe VI ne fut pas présent à la signature de l’acte, mais qu’il délégua ses hommes de confiance Firmin Coquerel, alors chancelier de France, Guillaume Flote, seigneur de Revel (dominus de Revello), et Pierre de la Forêt, chancelier de Normandie, ses mandataires par ordre du roi donné par écrit pour le représenter (2) .

 

 

2 - « Jules Viard, un prétendu voyage de Philippe Vi de Valois dans le Midi de la France en 1349, Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, 1910, vol. 71, n°1, p.39-48).

Guillaume Flote fait partie des plénipotentiaires du roi de France qui doivent négocier la paix en octobre 1348 avec les anglais, après la trêve de Londres (sept. 1348), par l’entremise de la reine Jeanne de Navarre. Il se rend à Boulogne et à Amiens (18-22 octobre 1348) (E, p.344).

 

En 1349, il « manigance » avec Jean de Normandie, le mariage du dauphin Charles, fils de celui-ci, avec Jeanne de Bourbon. Il accompagne le duc Jean à Lyon pour la convention de ce mariage (E, p. 344).

Cependant, la grande affaire diplomatique à laquelle il se consacra pendant tout le règne de Philippe VI, ce fut le rattachement du Dauphiné au domaine royal. Par l’acte de « transport » du Dauphiné, le fils ainé du duc, le futur Charles V, est fait dauphin (Romans le 30 mars 1349).

 

5 - Les collaborateurs de Guillaume Flote

 

Pour assurer ces multiples attributions Guillaume Flote a eu besoin de remplaçants, c’est-à-dire de gens de sa clientèle qui prennent parfois ses fonctions, lui-même conservant toujours le titre et les émoluments de la  Chancellerie. Parmi ceux-ci :

 

1/ Etienne de Vissac,  seigneur d’Arlempdes en Auvergne.

2/ Pierre André, évêque de Clermont, fils d’un bourgeois du même lieu. Il accompagne Guillaume Flote à la cour pontificale (début 1337).

3/ Fouque de Chanac, évêque de Paris, fils d’une famille noble des environs de Tulle. Avec son frère qui l’avait précédé à l’évêché de Paris, Guillaume de Chanac, ils assistent Guillaume Flote dans les tractations qui aboutirent à l’achat du Dauphiné et en juillet 1343 pour recevoir les serments des  baillis et châtelains du Dauphiné. Ces gens de sa clientèle sont eux, comme Guillaume Flote, des natifs de l’Auvergne (C, p. 272).

 

6 - Vie privée de Guillaume Flote 

 

Guillaume Flote se marie une première fois avec Elips de Mello, fille de Guillaume de Mello, sire d’Epoisses et de Marie de Chateauvillain (C, p. 90 et n. 10). De cette union il eut un fils, Pierre Flote qui devint amiral de la flotte du roi Philippe VI et fut contraint d’abandonner cet office en octobre 1347 pour n’avoir pas réussi à ravitailler et à débloquer Calais, dans la guerre franco-anglaise avec Edouard III (C, p. 220).

C’est probablement le sceau de ce dernier qui est représenté dans l’inventaire des sceaux de la collection Clairambault à la Bibliothèque Nationale (pièce n° 3638, authentifiant des gages pour services en l’armée de la mer, le 29 décembre 1339 (D, p.9).

 

Devenu veuf, Guillaume Flote se remarie avec Jeanne d’Amboise, veuve de Geoffroy de Mortagne, vicomte d’Aunay et de Gaucher de Thouars, seigneur de Tiffanges (C, p. 390). Ce fut une grande cérémonie où fut invitée une grande partie de la noblesse de l’époque. Un document (C, p. 339, n. 6) nous donne la description du splendide accoutrement porté à ces fêtes par le comte d’Eu, connétable de Philippe VI de Valois, contribuant à ruiner en frais exagérés, ce grand personnage dont les difficultés financières étaient connues de tous.

Remarque désabusée de l’historien cherchant à démêler ce qu’apporte la gestion des affaires du pouvoir aux grands collaborateurs du souverain : ces noces et remariages n’enrichissent que de façon temporaire les patrimoines des intéressés, car ces veuves ne sont plus toutes jeunes et n’ont pas d’enfants de leurs derniers mariages  et leurs propres biens retournent  à leur mort aux enfants des premiers lits ou à leur famille et les douaires finissent avec elles (C, p. 390).

Fortune personnelle de Guillaume Flote : en plus de la seigneurie de Revel, il possède des biens immobiliers importants comme en témoigne un document du Parlement Criminel (B, document 3212 b, concernant Guillaume Flote, seigneur de Revel, chevalier du roi et conseiller du roi) qui nous apprend qu’un de ses manoirs, appelé BOIS-GIBAUT, fut pillé en 1334 au mépris de la sauvegarde royale, le garde du dit manoir enlevé et incarcéré en prison privée. Donnant une idée de l’importance du personnage, lorsqu’en 1344, il voyage en Avignon afin d’obtenir la ratification du traité qui réglait la cession du Dauphiné à Charles, son équipage ne comptait pas moins de cinquante cinq chevaux (E, p.332, n.11).

 

7 - Guillaume Flote sous le roi Jean II le Bon

 

A la mort de Philippe VI, son fils et héritier Jean II le Bon conserve les anciens conseillers de son père à son propre conseil et Guillaume Flote est de ceux-là.

Le seul changement apporté est que le conseil du roi, qui, pendant le règne précédent, était choisi et convoqué sans règles précises et se réunissait là où était le roi, tend à devenir sédentaire dans Paris. Cette évolution fut favorisée par l’habitude prise par les conseillers de se réunir à Paris, même en l’absence du roi, expédiant nombre d’affaires de leur propre autorité. Il est probable que les délibérations de ce conseil se déroulaient dans la salle de parement du roi, à côté de la tour méridionale donnant à l’ouest sur les jardins du logis du Roi dans l’Isle de la cité (voir le plan de ce logis du roi, A. p. 350).

 

Le conseil du roi était dominé, à partir de 1357, par des partisans des Etats, alors convoqués, comme Charles de Blois, l’évêque de Paris, Jean de Meulan et Guillaume Flote l’ancien chancelier de Philippe VI (A, p. 307).

Au printemps 1357, les plus assidus à ce conseil sont des amis des Etats, convoqués sous l’influence d’Etienne Marcel, le prévôt des marchands de Paris. Mais on note aussi la présence de Guillaume Flote, qui apporte une note de modération tout en semblant ouvert à la réforme du royaume. A cette époque, le roi Jean est prisonnier des anglais dans sa prison « bénigne » de Bordeaux. C’est le jeune dauphin Charles qui doit gérer la crise générée par Etienne Marcel et la ville de Paris.

En août 1357, Guillaume Flote est auprès du dauphin lorsqu’une réconciliation sans franchise s’amorce entre Paris et celui-ci (A, p. 312).

 

Guillaume Flote devait alors paraître comme un survivant, mais il est fort possible que les conseils de celui qui avait soutenu de son expérience tant de souverains Capétiens et Valois, n’aient aidé le jeune Charles à se défaire des troubles parisiens d’Etienne Marcel, en l’absence de son père.

 

Conclusion générale

 

Le chancelier Guillaume Flote a été un serviteur dévoué du roi Philippe VI de Valois. Il fut très influent dans le conseil du roi, au point que certains l’ont alors considéré comme un véritable premier ministre, alors que le roi lui-même se défendait de voir quelqu’un jouer ce rôle.

Dès lors, il est plus qu’imaginable que le roi de France, lorsqu’il fonde notre bastide dans le Lauragais, en février 1341, lui donne le nom de la seigneurie de son conseiller le plus écouté : « Revel ».

Il avait déjà pris une initiative analogue avec la création d’ARTHES (près d’Albi dans le Tarn) lorsqu’il voulait récompenser Robert d’Artois de son appui pour accéder au trône. Et il avait laissé son dévoué Jean de Marigny, évêque de Beauvais, appeler BEAUVAIS (la bastide qu’il avait créée dans le Tarn).

L’étude studieuse des larges fonctions exercées par Guillaume Flote rend de plus en plus compréhensible l’hypothèse de Maître Pierre Bouyssou sur l’origine du nom de Revel.

 

Bibliographie et notes

 

A - CAZELLES Raymond, « Nouvelle histoire de Paris de la fin du règne de Philippe Auguste à la mort de Charles V (1223-1380) », Hachette, 1994.

 

B- Archives nationales- « Actes du Parlement de Paris criminel- Règne de Philippe VI de Valois », Paris, Archives nationales, 1987.

 

C - CAZELLES Raymond, « La société politique et la crise de la royauté sous Philippe de Valois », Paris, librairie d’Argences, 1958.

 

D – BOUYSSOU Pierre, « L’origine du nom de Revel » - les Cahiers de l’Histoire de Revel,

n° 14, 2009, p. 2 à 9.

 

E – Robert-Henri BAUTIER, « Recherches sur la Chancellerie royale au temps de Philippe VI (deuxième article), Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, année 1965, volume 123, numéro 9, p. 313-459.

 

F – Raymond CAZELLES, « Une chancellerie privilégiée celle de Philippe VI de Valois », Bibliothèque de l’Ecole des Chartes, année 1966, volume 124, numéro 2, p.355-381.

 

APPENDICE I

 

Chancellerie de Guillaume Flote

 

Punition d’une affaire de falsification du sceau du duc de Normandie (décembre 1344).

Le chancelier de France, Guillaume Flote, assiste à la confession d’un faussaire, Richard BRUNET, qui avoue « sous la question » avoir moulé le sceau d’origine par un sceau en cire jaune et à partir de celui-ci fabriqué un surmoulage en cire vermeille.

Avec ce sceau en cire rouge, il scelle diverses lettres fausses, qu’il fait rédiger par des clercs (Cantepie, Henri Barle, Guillaume de Hesc) et signer du nom d’un notaire, pour des clients (Raoul de la Fosse, Thomas Bernast de Monthoins, Raoul Murie et d’autres non nommés).

La punition pour ces faits de faussaire est d’une extrême gravité : il est flétri au fer chaud à fleur de lys. On lui coupe les deux poings et sur l’échafaud il est pendu, une couronne de parchemin sur la tête, avec de fausses lettres et faux sceaux.

 

La cruauté extrême de la sanction s’explique, selon les historiens contemporains, par le crime de lèse-majesté : le contrevenant s’est emparé des attributs de la souveraineté figurant sur le sceau, les a dégradés. Il y a volonté de faire un exemple, afin que ces falsifications trop nombreuses cessent.

Même s’il a tiré un bénéfice de cette falsification qui n’est pas toujours précisé ici : 6 livres, le crime doit être puni sévèrement, plus au nom de la symbolique qu’il représente, que de la réalité des faits.

Outre, le chancelier lui-même, quinze personnes soigneusement désignées (dignitaires de la noblesse, un bailli, un prévôt, des auditeurs du châtelet) assistent à la confession, obtenue par le supplice de la question, et à l’exécution finale sur le gibet à la porte de la boucherie du Châtelet. Une grande solennité est donc donnée à l’affaire.

Le document est tiré du livre des confessions de prisonniers (Archives nationales, x2 A 3, folio 222, verso, - 223 recto).

Le texte : E, p.439, paragraphe XII – Affaire de Richard BRUNET (1344).

 

« L’an Mil CCC XLII, le jeudi XVI jour de décembre, fu Richard Brunet, nez de la Larroche de la Graverie (Calvados, arr. Vire, cant. Beny-Bocage) en la vicomté de Vire, demorant en la prévosté du désert (calvados, arr.vire, cant.Vassy) justiciez à Paris de la manière qui s’ensuit :

Premièrement, il fu flétri d’un fer chaut à fleur de lis, sur une charrette à la porte de la  Boucherie du Châtelet. D’ileuc fu menez es hales, puis l’eschafaut et ileuc et coppe les II poing et puis menez au gibet et trainez un poi devant le gibet et puis penduz, une coronne de parchemin sur sa teste a fausses lettres et faux seing.

E c’est ce qu’il avait confessé, présent nous Guillaume Flote, chancelier de France, mons. Faurian de Wadencourt, Jehan de Milon, Pierre Belagent, Odart le Coq, Colart Florent, maistre Jaque la Vaiche, Gui de Besançon, auditeurs du Châtelet, Thomas la Heuse, Gervaise le danois, Gaufroy de Malicorne, clerc le roy, Thomas de Crepon, viconte de Vire. Li diz Richart Brunet avait confessé qu’il fait escrire une lettre au nom de mons le duc de Normandie, par Estienne de Cantepie et la fist escrire et signer a un clerc que on appelait Henri Barbe, et il qui parle fist une empreinte de cire jaune et sur la d.empreinte, et l’avoir li diz Henri signée

 «  commandement du roy, et la relation de mess. G. de Villers, P. d’Aulnay, ».Et plusieurs autres confessions et encasement et encoulpemens de tous avait fait que il rappela et descoulpa quant il vit que il le convenait a morir.

Item confessa le dit jour sus les carrians et il persevera  duques a la mort qu’il avait scellé seur fausses empreintes les lettres qui s’enscignent du dis scel du duc, c’est assavoir : lettres pour Raoul de la Fosse ;  

 

Item, une autre d’un descors ; item, une autre dont il et VI livres de Thomas Bernard de Monthoins ; item une pour Raoul Murie. Item, dit que Guillaume de Hases li signa IIII lettres qui auques ne furent scellées. ».

 

APPENDICE II

 

 

 Jeanne d’Amboise, seconde épouse de Guillaume Flote et la famille d’Amboise.

Flatté par cette union qui le fait entrer dans une famille illustre, outre des fêtes assez remarquables qui ont marqué l’époque (elles ont eu lieu entre 1339 et 1341), Guillaume Flote offre à la nouvelle épousée un exemplaire du manuscrit enluminé des Grandes Chroniques de France qui est un des joyaux de la Bibliothèque de Castres (Sophie Cassagnes-Brouquet, « Histoire et légendes des rois de France », Midi-Pyrénées Patrimoine, dossiers 49 et 51). Cet exemplaire comporte sur le feuillet 353 v0, la note suivante : « ces chroniques appartiennent à Madame Jeanne d’Amboise, Dame de Revel et de Thyppanges ».

Le manuscrit compte au total 367 feuillets; les derniers feuillets à partir du feuillet 365 sont d’un copiste différent et aucune des vignettes et des initiales prévues n’ont été réalisées.

L’auteur nous renseigne sur les conditions dans lesquelles ces chroniques parvinrent à la Bibliothèque de Castres, qui expliquent la relative obscurité dans laquelle ce superbe manuscrit a été trop longtemps maintenu, passant des collections d’une institution religieuse de Castres aux confiscations révolutionnaires. Histoire mouvementée qui passe par le Musée Goya et la réintégration à la Bibliothèque de Castres en 1977. Production du milieu du XIVème siècle ces manuscrits ont été copiés et enluminés sous l’égide de libraires parisiens, pour une clientèle d’aristocrates attachés à la Cour des Valois, comme Guillaume Flote et Jeanne d’Amboise.

Si la famille d’Amboise n’a pas encore au XIVème siècle une notoriété fort grande, elle devait l’acquérir par la suite lorsque Georges d’Amboise devint cardinal et ministre du roi Louis XII. Une récente exposition parisienne a été consacrée à « L’art des frères d’Amboise, les chapelles de l’hôtel de Cluny et du château de Gaillon ». Cette exposition retrace l’histoire de Jacques d’Amboise, abbé de Cluny et de son frère, archevêque de Rouen, tous deux mécènes actifs autour de l’an 1500. Ils furent à l’origine de deux chapelles privées fastueusement décorées de statues, vitraux et peintures : la chapelle de Georges, aujourd’hui détruite, se trouvait en Normandie à Gaillon. Tout aussi somptueuse la chapelle de Cluny à Paris, nous permet de comprendre ce qu’était une chapelle privée, à une époque charnière entre le Moyen Age et la Renaissance (Le monde de la Bible, n°181, Janvier-février 2008, p.62).

 

 

« Ces  chroniques sont. Madame Jeanne d’Amboise. Dame de Revel et de Thyphauges… ».

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La mention manuscrite qui affirme que « ces Chroniques sont. Madame Jeanne d’Amboise. Dame de Revel et de Thyphauges… ».

 

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Vue d’ensemble des « Chroniques »

 

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Travail de numérisation d’images à la bibliothèque municipale de Castres

 

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Détail de la page concernant la mention manuscrite sur Jeanne d’Amboise

 

Crédit photo Jean Charles Pétronio – avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque de Castres et la Mairie de Castres (© )

 

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TIPHAUGE7

« Les  Grandes Chroniques de France »

 

Manuscrit attribué au Maître du Roman de Fauvel (Geoffroy de Saint Léger ?).

 

L’inscription manuscrite apposée sur le folio 353 V atteste qu’il fut au XIVème siècle la propriété de Madame Jeanne d’Amboise, Dame de Revel et de Thypauges, seconde épouse de Guillaume  Flote, chancelier de France qu’elle épouse entre 1339 et 1341.

« Les Grandes Chroniques » racontent l’histoire de la France depuis les grandes invasions de la fin du IVème siècle (367) jusqu’en 1347.
Ce manuscrit, dont il existe en France peu de variantes, compte 60 enluminures pour 405 folios.

 

Au XVème siècle il devient la propriété de Raymond de Marcenac, abbé du Monastère de Mozac (Puy de Dôme). On le retrouve ensuite dans le fonds de la Bibliothèque Municipale de Castres composée à la Révolution de la Bibliothèque de l’Evêché et de celles des divers couvents de la ville.
Son inscription à l’inventaire est attestée en 1800.

Crédit photo Jean Charles Pétronio – avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque de Castres et la Mairie de Castres (© )

TABLEAU

 

FRISE

La frise héraldique du château de Revel ou « Ravel »,(Puy de Dôme).

On note à droite de la photo (de la porte) la présence des armoiries de la famille Flote.

 

LES SCEAUX DE LA FAMILLE FLOTE

Inventaire des sceaux.

Bibliothèque Nationale de France

Collection Clairambault.

 

 

3655 -  FLOTE (GUILLAUME)

Sire de Revel

Contre-sceau rond, de 25 mill. –

Ecu fascé de six pièces, dans une rose gothique.

 

SCEAU1

 

 

Quittance des frais d’un voyage à Vienne.

 Saint-Pourçain, 15 mars 1349, n.st. (Clair., r.48, p.3588.)

sceau7

 

sceau8

Le sceau de Guillaume Flote  « S’ …CVRIE.DNI.DE.RevelLO »

 

Sire de Revel, chevalier.

Sceau rond de 34 mill. – Ecu fascé de six pièces, penché, timbré d’un heaume cimé d’un vol chargé de cœurs, supporté par deux hommes sauvages, dans un quadrilobe.

 

sceau2

 

Chevauchée de Bourbourg.- Quittance de gages. – 10 septembre 1383. (Clair., r.48, p.358g.)

 

3657 - FLOTE (PIERRE)

Chevalier, chancelier du roi - Sceau rond, de 30 mill.- Ecu fascé de six pièces

 

sceau3

 

Quittance des frais d’un voyage en Allemagne. – 14 avril 1298. (Clair., r.48, p.3583.)

 

3658 - FLOTE (PIERRE)

Chevalier

Sceau rond, de 23 mill. – Ecu fascé de six pièces au lambel de cinq pendants, penché, timbré d’un heaume cimé d’un vol, sur champ de rinceaux.

 

sceau4

 

Service en l’armée de la mer.- Quittance de gages. – Paris 29 décembre 1339. (Clair., r.48, p.3585.)

 

2189  - FLOTE (ARNAUD)

Seigneur de la Roche.- Dauphiné.- (1292.) Sceau rond, de 30 mill. – Arch. De l’Emp. J277, n°4 Armorial.

Ecu d’un losangé, au chef chargé (d’un lambel ?), dans un encadrement gothique.

 

sceau5

 

(Sigillum Arnaudi Flota, domini de Rupe.)

 

Appendu à la donation du Dauphiné,  par la dauphine Anne, à son fils Jean. – Le mercredi après la Madeleine (23 juillet) 1292.

 

2190 - FLOTTE (PIERRE DE),

Chevalier.- (1293.) Sceau rond , de 30 mill. – Arch. De l’Emp. J294, n°12. Amorial. Un fascé de six pièces ; l’écu entouré de rinceaux.

sceau6

(Sigillum Petri Flota, militis.)

Appendu à un acte où l’archevêque de Narbonne et Petrus Flote, chevalier du roi, procureurs de Jeanne, reine de France et de Navarre, reçoivent la foi et l’hommage des ecclésiastiques et des seigneurs de Bigorre. – Le jeudi avant la Saint-Marc (23 avril) 1293

 

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